Collection à l'œil nu De 15 à 95 ans, cette collection a pour but de transmettre les savoirs de manière simple et vivante. La recette : une directrice de collection enthousiaste, archéologue et auteur chez Gallimard, Anne Rose de Fontainieu ; un graphiste créatif qui a l'œil et le bon, Cyril Cohen ; des chercheurs généreux qui font connaître leurs travaux au plus grand nombre ; une dessinatrice inventive qui met en scène toute cette histoire. L'intime est au cœur de l'histoire du sujet en Occident. Fruit de conquêtes individuelles ou collectives, il devient depuis la Révolution française un enjeu politique majeur, considéré comme une menace par le pouvoir en place ou la société dominante. Ceux-ci entendent limiter et modeler cet espace privé selon des normes conformes à leurs valeurs, bien conscients des risques de développement de ces " jardins secrets ". Au cours des années 1970, l'intime, symbole de l'émancipation et de l'autonomisation des individus, devient un nouvel espace de lutte pour défaire l'étau qui a longtemps enserré nos corps. Revendiquer une intimité, c'est affirmer un moi et s'affranchir des tutelles et des mécanismes d'assignation. De la chambre conjugale aux cheveux, du rêve au tatouage, du journal personnel au clitoris, l'intimité n'a cessé de se reconfigurer en fonction de l'évolution des modes de vie. Mais l'émergence récente de technologies inédites bouleverse aujourd'hui le rapport au privé et à l'exposition de soi. L'ère du smartphone n'a-t-elle pas sonné le glas de l'intime ?
Philippe Artières, né en 1968[1], est un historien français, actuellement directeur de recherche au CNRS au sein de l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS) à l'EHESS (Paris). Il a été pensionnaire de la Villa Médicis, Académie de France à Rome (2011-2012). Grand prix SGDL de la non-fiction 2021[2].
Travaux Philippe Artières consacre sa thèse, préparée sous la direction de Michelle Perrot à l'Université Paris 7, à la médicalisation des écritures ordinaires au XIXe siècle, et principalement aux écrits de criminels. Il a ainsi exploré le fonds d'autobiographies de criminels réuni par le docteur Lacassagne à Lyon à la fin du XIXe siècle, et conservé aujourd'hui à la Bibliothèque municipale de Lyon. Le Livre des vies coupables[3] donne à lire ces textes étonnants.
En 2001, en collaboration avec Dominique Kalifa, il publie un ouvrage expérimental[4] entièrement composé d'extraits d'archives montés dans un récit biographique.
Spécialiste d'écritures ordinaires, auxquelles il a consacré de nombreux ouvrages, il a été par ailleurs président du centre Michel Foucault de 1995 à 2014, responsabilité qui l'a amené à éditer un volume d'archives sur le Groupe Information Prisons[5].
Philippe Artières est considéré comme l'inventeur de l'expression "archives mineures", faisant référence aux archives qui seraient plutôt de l'ordre de l'ordinaire (récits autobiographiques, rapports médicaux, graffitis), mais pouvant toutefois être considérés comme des matériaux de l'histoire[6],[7],[8].
Il est membre de l'Association pour l'autobiographie[9].
Blogographie Philippe Artières a fondé avec Jérôme Denis et David Pontille le blog Scriptopolis, « petite enquêtes sur l'écrit et ses mondes »[10], qu’il a animé avec eux jusqu’en 2012.
Récompenses Grand prix SGDL de la non-fiction 2021[11].
L'intime ou "privacy" en anglais semble muer vers un exhibitionnisme à travers les réseaux sociaux. Pourtant au commencement se pose la simple question de la définition de l'intime et donc par opposition de ce qui relève de la sphère publique. D'où nous provient cette légitimité à clamer que cela relève de l'intime ? Que l'autre dans ce territoire est étranger. Qui peut de par son métier, ou de par son rôle y entrer ? Comme se matérialise-t-il, cet intime et comment à t'il évolué ? Tant de questions qui trouvent réponse grâce à un remarquable regard croisé entre sociologie, histoire et art. C'est un Essay qui est tant personnellement, que culturellement est édifiant.