Y a-t-il en Europe une terre qui ait connu en quatre millénaires davantage de bouleversements que l'Italie ? La Péninsule aura expérimenté tous les modèles d'organisation politique et elle les a souvent exportés. Elle aura subi aussi, de tous temps, des bouleversements démographiques et des brassages sans équivalents combien d'invasions, d'occupations, de descentes, de raids ? Quel invraisemblable empilement de civilisations sur un même sol, où presque tous les peuples du continent et tous les empires se sont un jour donné rendez-vous.
En dépit de cette instabilité, c'est en vain qu'on chercherait une époque où l'Italie aurait cessé d'illustrer le génie humain : de l'Empire romain à la Cité-Etat, du latin au toscan qui a été fixé bien avant les autres langues vernaculaires, des sciences à la peinture et à la sculpture, de l'architecture au cinéma et à la musique, etc., elle n'a pas souffert d'avoir eu dix ou douze villes capitales rivales (la France n'en a jamais eu qu'une seule !), au contraire, elle en a fait une force qui l'a transformée en institutrice des autres nations qu'elle féconde depuis des siècles et des siècles... A la différence de quelques autres « miracles » que les historiens relèvent ici ou là dans l'espace et le temps mais qui sont souvent éphémères, le miracle italien est permanent.
Il fallait toutes les connaissances, toute la culture et toutes les affinités électives de Pierre Milza avec le pays de ses aïeux pour faire le récit le plus documenté et le plus vivant qui soit de cette histoire longue et complexe. De l'âge du bronze à Berlusconi, il guide son lecteur sur tous les fronts : l'événement bien sûr, le portrait d'une longue cohorte d'hommes d'exception, mais aussi la civilisation, c'est-à-dire les champs culturel et spirituel. Le biographe de Mussolini accomplit, en à peine un millier de pages, un véritable tour de force qui fait de cette somme le livre de chevet des francophones qui visitent l'Italie, qui travaillent avec elle, qui aiment leur « soeur latine » et veulent la comprendre.
It is hard to judge the kind of "long term" history that Milza aims for: I am not familiar with such broad-focus studies, and of course many of the periods covered (from the inception of the Roman Empire to the Italy of Berlusconi) I knew very vaguely if at all - however I might add that despite Milza's best efforts, many of those periods remain quite blurry after working my way through the 1000+ pages of his book. He is not to blame. Probably this is the kind of book that need to be read several times, or at least the kind of book you return to as your more narrowly framed readings demand specific introductions. Departing starkly from the cultural histories I am more familiar with, this one covers not only all periods, but also all fields, with a particular emphasis on political and economic history. The cultural history is unsurprisingly cursory and largely focused on art and literature, both of which the author clearly knows as well as the succession of states, wars and governments: that is to say very well. The style is -in keeping with the French tradition- a bit rigid for someone used to the easy-on-the-eye, entertaining history which is common today, and I regret the Annales School influence did not lead the author to further theorizing... but then again the book is long enough as is, and that would probably fall outside the scope of his project...