C'est avec la rationalisation de l'organisation de la cuisine, pensée en 1841 aux États-Unis, que le design trouve son origine : l'agencement de la maison et des tâches à y accomplir doit être modifié rationnellement pour non seulement soulager le travail des femmes mais aussi démontrer le bien-fondé de l'abolition de l'esclavage. Dès sa naissance, le design affirme une vision politique du monde.
Pourtant c'est l'Exposition universelle de Londres de 1850 qui lance le design en tant que discipline à part entière. Mi-XIXe, la révolution industrielle européenne pousse les Britanniques à s'interroger les premiers sur les conséquences du progrès technique. Ancré dans l'économie, le design apparaît comme une réponse à l'industrialisation et à ses conséquences désastreuses sur le plan social : il entreprend d'abord la réconciliation entre l'art et la vie avant de se proposer de réformer les champs politique, social et artistique. En tentant de donner des formes au progrès contemporain et industriel, l'histoire du design se confond dès lors avec le mouvement moderne et ses utopies, devenant l'agent le plus visible d'un bonheur collectif jusqu'à nos jours...
Recommandation de ma prof de philo, ce livre m’a permis de réfléchir à tout ce que le design rassemblait en terme d’origine, d’histoire, de courants de pensées et à quels points cela a marqué et continue de marquer nos sociétés.
J’ai mis du temps à le lire malgré sont nombre de pages relativement petit car très dense en informations, c’est aussi ça qui fait de ce livre, je pense, un bon point de départ pour des recherches plus approfondies sur certains sujets abordés.
Une histoire du design qui relève le paradoxe fondamental de cette discipline, le débat entre une volonté de dessiner des objets et des solutions pour un monde sans-cesse en renouveau, et de l'autre coté, un besoin de capitaliser sur ce travail. Quelquechose de cet ordre, le débat aussi entre l'art et le design, le besoin de catégoriser par peur de mettre fin à tel ou tel artisanat ou spécialité dans la société. Bref, une histoire intéressante sous un format poche pensé comme accessible pour les non-spécialistes, raison pour laquelle il n'y a aucunes images, et voici ce qui est bien dommage pour une discipline dont le langage premier est avant-tout, justement le dessin et le visuel. Le langage employé devient de plus en plus compliqué à décortiquer sous l'analyse de l'autrice, au fur et à mesure de la lecture, hélas. Tout de même bien hâte de lire les premiers chapitres de ce livre avec mes étudiant.e.s et voir leur réactions. Si l'histoire du design commence ici par une femme qui repense une cuisine, ça n'a pas toujours était le récit relaté.