« Je ne suis déjà plus celle que j’étais, mais pas encore celui que je veux devenir. »
En 2020, Tal Madesta entame une transition de genre. En prenant ce chemin qui implique de redéfinir entièrement son rapport à soi, aux autres, au monde social, il va faire l’expérience désolante de la violence transphobe et du deuil. Mais Il va aussi découvrir la joie d’aimer autrement et d’expérimenter avec intensité sa propre liberté.
Entre rage et lumière, Tal Madesta livre le récit d’une révolution intime, en même temps qu’un plaidoyer passionné pour l’émancipation des personnes trans.
deuxième lecture : je viens de le relire parce que je me posais la question de l'offrir à des proches en même temps que mon coming out. déjà, c'est très émouvant pour moi de le relire maintenant que je vis concrètement les expériences racontés, ce qui n'était pas encore vraiment le cas à ma première lecture. bien qu'assez centré sur les violences vécues, je trouve qu'il est très puissant, et plein d'espoir, dans sa manière de parler de nos parcours. et son approche de la transitude est vraiment construite sur des bases matérialistes, en déjouant un peu tous les clichés sans pour autant être fait de théorie complexe. surtout même si il raconte un parcours transmasc il parvient aussi à raconter avec finesse pleins d'aspects des parcours transfem. bref je crois que je vais effectivement leur envoyer ce petit livre avec la lettre de coming out.
première lecture : Je recommande vraiment !!! C'est court, incisif, extrêmement juste et remuant.
Quelques extraits choisis parmi de si nombreux pertinents :
“Faire le deuil de nos proches car on aspire à être quelqu'un d'autre est un premier brasier, un baptême mortel. Celles et ceux qui restent ne réalisent pas qu'ils et elles tiennent la main de funambules.”
“Officiellement, aujourd'hui, il faut répondre à deux conditions pour faire modifier le petit M ou F sur sa carte d'identité : la personne doit « se [présenter] publiquement comme appartenant au sexe revendiqué » et elle doit être « connue sous le sexe revendiqué de son entourage familial, amical ou professionnel ». C'est donc la reconnaissance sociale qui est retenue par les textes : il faut prouver que vous vivez comme homme ou femme au quotidien, dans toutes les sphères. Comprenez : le degré du passing, l'ancienneté du traitement hormonal, le nombre de chirurgies dont une personne a bénéficié... Tout cela n'a sur le papier aucune espèce d'importance. Il convient simplement que vos proches attestent de la réalité de votre présentation sociale.”
“Sûrement pas au nom d'une expérience plus longue du sexisme, car s'il fallait présenter un CV des traumatismes misogynes vécus afin de pouvoir prétendre au statut de vraie femme, les femmes trans battraient les femmes cis à plate couture. «Je n'ai jamais été un homme car je n'ai jamais été traitée comme tel », m'a ainsi dit un jour Farrah pour résumer cette idée : avant la transition, la sanction de la féminité apparaît tôt dans les parcours transféminins.”
“Cette idéologie du soupçon, qui n'est rien d'autre qu'une doctrine d'écrasement et de mise à mort, sonne le glas de toutes les personnes qui ne se conforment pas aux codes sociaux du genre comme le feraient les individus normaux. J'en veux pour preuve les récits des lesbiennes butchs, exhortées à quitter les toilettes des femmes sous prétexte qu'elles n'y sont pas à leur place.”
“Notre relation ne constitue pas qu'un rempart à la violence, elle ne se construit pas sur les ruines de la brutalité. Nos adversaires ne font que nous fournir l'acier avec lequel nous forgeons nos armes. Ces opposant•es ne rendent aucunement l'amour possible : cela est notre œuvre.”
Cet essai vient nous donner le témoignage des réalités matérielles des personnes trans et pour ça c'est vraiment important. C'est rapide, incisif, simple et fort ! Et le chapitre sur "aimer", mais vraiment si beau punaise
C'est fou comme ce livre réussit en si peu de pages à tout résumer, tant de l'expérience d'être trans en France que de l'histoire de sa transphobie. Il trouve clairement sa force et son impact dans la synthèse et la clarté des messages, j'ai immédiatement envie de le filer à mes proches, ma famille, etc... Et je ne pensais pas en être le public cible, mais cela m'a fait revivre aussi mes (presque) 10 ans d'identité queer, la navigation tant dans que hors du placard et les différents demi-tours que j'ai pu effectuer sans m'en rendre compte. Ça n'a pas répondu à tous les/mes questionnements et doutes, mais comme Madesta le dit : le récit d'une certitude est projetée sur nos histoires pour mieux l'instrumentaliser à des fins transphobes ; chacun.e hésite, à peu près tout le temps. Alors, je n'attendais pas à cette claque, mais d'un coup, mes doutes m'ont semblés moins préoccupants. J'ai l'impression de retrouver une complicité - ou confort ? - avec ma transidentité, dont j'aurais pas soupçonné notre lien de s'être autant étiolé... bref, c'est fort, pour tout le monde❤️
OMG c’était juste trop trop bon ! Super écrit politique sur un récit de transidentité. Juste c’était incroyable, merci de nous avoir laissé l’opportunité de plonger la dedans !
(read in French) Of a deep, fierce, and resolved strength. I'm humbled by this tragic yet beautiful story of a skin shedding, to reuse the analogy. The words are very well crafted and it's a pleasure to read.
I'm left a bit uncomfortable with a few claims of an absolute monopoly of some types of suffering or negative experiences from the trans people, but maybe I'm just ignorant.
Un essai qui détruit un stéréotype après l’autre et qui nous expose, tant bien que mal, à la violence transphobe dans une société souvent marqué par l’incompréhension et l’intolérance. C’est aussi une excellente analyse de la construction de genre et les impacts sur chacun d’entre nous. À lire!
En prenant le détour du récit personnel, Tal Madesta arrive à certaines fulgurances, posant le doigt sur des tensions labiles et fugaces. Et oui, ça fait du bien de les voir figées, énoncées bien nettement sur le papier !
J'ai beaucoup aimé toutes ces rappels solidaires des difficultés particulières vécues par les femmes trans, et de l'autre côté ce démêlement des nœuds de malaise au sujet des masculinités trans.
Je pense que c'est une bonne lecture à suggérer à un proche cis de bonne foi pour comprendre un peu mieux le sujet de l'intérieur !
Un livre concis qui donne les clé pour mieux comprendre la transidentité, les injustices vécues, et leur retentissement sur la santé mentale. C’est très bien écrit, en partant de l’expérience intime de l’auteur il permet de mieux appréhender le vécu et l’expérience de cette transition, essentiellement rendue difficile par le regard d’une société transphobe. Cela permet aussi de rappeler à quel point la perception du genre réel ou supposé est importante dans l’espace public, et comment toute sortie des stéréotypes qui s’y rattachent est immédiatement sanctionnée.