Dans une banlieue pavillonnaire de la fin des années 1990, une adolescente regarde passer les trains qui filent vers Paris. Elle a des projets plein la tête : partir, devenir hôtesse de l’air ou avocate et, plus urgent, s’acheter des vêtements de marque. Mais comment faire quand on n’a pas assez d’argent de poche et que la vie dont on rêvait se révèle être un champ de cactus ? Pour le moment, sa famille vacille et ses repères sont chamboulés. En très peu de temps, sans renoncer à ses désirs, elle devra tout apprendre : classer ses pensées, tenir tête à ses copines, assumer des responsabilités trop grandes pour elle et vivre ses premières expériences sexuelles. L’attachante héroïne de Grande couronne se tient en équilibriste sur la ligne de crête entre le trivial et le terrible. Mais elle a une arme : une vision au laser grâce à laquelle elle dresse un tableau de son époque et de ses émotions aussi drolatique qu’impitoyable. L’écriture de Salomé Kiner est fraîche, fonceuse, politique. L’énergie puissante et désinvolte de l’adolescence. Elle.
Grande couronne se penche sur l’adolescence, les rêves, les espoirs et les désillusions. Un certain humour vient tempérer des thématiques plus lourdes, ce qui en fait une lecture plus légère qu’il n’y paraît. Aussi, ce qui participe à diminuer l’intensité émotive du roman, mais qui est peut-être moins souhaitable, c’est qu’on ne sent pas toujours les états d’âme de la narratrice. On lit qu’elle est inquiète ou anxieuse, mais on ne le ressent pas. Bien qu’elle vive et dise des choses bouleversantes, elle a parfois l’air détachée de ce qui lui arrive. Par contre, l’auteure dépeint les scènes de prostitution de manière crue et là, on éprouve l’ampleur du choc entre l’adolescente un peu naïve et la réalité de ses choix.
Un roman sympathique qui se lit vite. Cependant, je tiens à préciser que si tu es adepte de tension ou de suspense, ce n’est peut-être pas un bouquin qui te comblera.
Longtemps qu'un livre ne m'avait pas fait autant impression, peut-être parce que je lis assez peu de trash ces temps-ci. On suit l'errance d'une collégienne qui vit l'explosion de sa cellule familiale (sa mère, un temps bourrée de principes éducatifs contrariants contre les marques, les grandes surfaces et la tv, devient dépressive suite à l'abandon du père -le peu qui est décrit de lui est affreux sans en faire un Barbe Bleue, simplement un type égoiste et lâche), des amitiés non-réciproques, un coup de foudre (non réciproque là encore) et, chose plus étonnante, une initiation au monde de la prostitution. La tentative de viol (ou le viol ?) qu'elle subit de la part du chef de réseau m'a choquée, je ne m'attendais pas à autant de frontalité ni de trivialité. Plusieurs scènes par la suite m'ont aussi fait suspendre ma lecture (elle a osé écrire cela ?). Il y a aussi une description de la vie matérielle de la fin des années 90 (on célèbre l'an 2000 vers le 2e tiers du roman) qui ferait penser aux Choses, de Pérec : les listes d'objets convoités, leur prix... Le regard posé sur les personnages me fait penser à celui de Suskind : il n y a de pitié pour personne et certainement pas pour le coeur de la lectrice. Pour autant, ce n'est pas nihiliste ou complètement noir (on finirait par devenir indifférente aux tribulations de notre héroines) même si, parfois, j'étais un peu fatiguée par le penchant de Kiner pour le dégoûtant (la description de la piaule du cher et tendre de notre collégienne était un peu complaisante).
et lol : dans la catégorie "si vous aimez ce livre, alors vous aimerez..." apparaît Tout le bleu du ciel. Est-ce qu'il est possible de faire plus éloigné ? Cela dit, c'est une rencontre littéraire que je souhaite ardemment aux fans de Da Costa...
Un bon roman que j’ai apprécié sans être déçue de le terminer. Je le catégoriserais plutôt comme un livre « jeunesse », je crois que je lui aurais donné 4 étoiles lorsque j’étais adolescente/jeune adulte. C’était tout de même une lecture facile et agréable.
Fin des années 1990, une adolescente de banlieue parisienne rêve de vêtements et de chaussures de marque, d'être populaire, admirée, et d'un avenir radieux qui l'emmènera loin, très loin de chez elle... Alors que sa famille vacille et que ses repères sont bouleversés, elle va grandir un peu trop rapidement, un peu trop brutalement à l'aube cet An 2000 que tout le monde attend...
✏️ Superbe chronique adolescente, Grande Couronne est la petite surprise littéraire qui s'est invitée dans mon été.
Dans ce roman empreint de toute la nostalgie des années 1990, Salomé Kiner dresse le portrait sans fard d'une jeunesse désabusée, et sans tabou, prête à tout par conformisme (une trousse Didl et des Chocos BN), et reconnaissance sociale.
Sujet qui dérange, plume véritablement crue (Y'a quoi maintenant Darmanin ?) mais follement juste, et sens de la formule qui fait mouche, l'autrice offre toutes les armes possibles à son court roman d'apprentissage pour être une œuvre forte, marquante, qui vient surprendre le lecteur de par la gravité de son sujet mais aussi la naïveté avec lequel il est conté, le tout étant vécu par le regard d'un adolescente de 14 ans...
Si Salomé Kiner nous parle des 90s, et de sa classe moyenne, son discours n'en reste pas moins moderne, profondément actuel, au delà de tout universel. Et malgré toute la noirceur des aventures de son héroïne, il n'en est pas moins vibrant d'espoir.