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crevecoeur

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À 17 ans, Élise Maldue quitte son village de Crèvecœur, en Picardie.
" À cette heure-là, un bol de chocolat fumant l'aurait attendue sur la nappe de toile cirée aux petits carreaux, une baguette molle de la veille, les céréales glacées de sucre au paquet décoré d'un tigre souriant et, si les jours étaient fastes, un pot de pâte à tartiner. Son père aurait pris son café, tenant la tasse des trois doigts qui lui restaient à la main droite, sa mère aurait fait griller du pain de mie en regardant, distraite, les infos à la télé. "


À 17 ans, Élise Maldue quitte son village de Crèvecœur, en Picardie. Parviendra-t-elle à laisser derrière elle l'horizon trop étroit, la langueur des soirées trop longues, la perspective d'une vie déjà écrite ? Peut-on jamais se réinventer ? Dans une langue juste et délicate, un roman d'initiation à l'acuité troublante.

206 pages, Kindle Edition

Published April 6, 2023

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76 reviews
April 21, 2023
Crèvecœur est le magnifique roman d'apprentissage d'Emilio Sciarrino, auteur franco—italien, qui nous apprend qu'être libre - vraiment libre ! - demande des sacrifices.

Crèvecœur : ça sonne déjà comme une psalmodie d'une monotonie à mourir.
Et en effet ce titre, ce lieu résonne des cris contenus d'Élise Maldue, 17 ans, qui perd sa vie et son temps dans ce village picard.

Mais en serait-il autrement ailleurs ? Et puis cet "ailleurs" d'abord, où se situe-t-il vraiment ?

Élise Maldue est toute jeune encore, elle a la vie devant elle, mais que pourrait-elle bien en faire ?
Elle semble engoncée dans un quotidien morose qui laisse peu d'espoir sur la suite de l'aventure.
Un quotidien fait de rêves avortés, de rencontres ratées, d'envies de grandeur auxquelles elle a du mal à adhérer, car elle semble souffrir d'un puissant syndrome de l'imposteur qui la fait se sentir à sa place nulle part.
Alors, elle va partir certes, mais que va-t-elle y gagner ?

J'ai dans la tête l'image du Cri de Munch en filigrane des mots.
Le cri de la jeunesse qui peut tout et qui ne peut rien, qui ne sait plus où aller ou qui croire dans un monde claustrophobe.
Cet enfermement psychologique va atteindre son point d'orgue avec la phase de confinement suite à la pandémie mondiale et Élise va se retrouver une nouvelle fois face à elle-même, intensément seule.

Il y a dans ce roman un regard posé sur la jeunesse en souffrance et un questionnement ininterrompu.
Comment se libérer d'un lieu, d'une famille, d'une essence qui n'est pas la sienne ?
Comment être soi sans entraves (familiales, sociales, amoureuses, financières…) ? Il y a tellement de chaînes qui nous "obligent".
Et puis, finalement, a-t-on vraiment le choix ?
Choix d'amour, de sang, de destinée : la vie nous apprend aussi qu'un basculement est toujours possible car on reste écorchés par nos actes, les personnes ou les mots.
Profile Image for Alice Alexandre.
565 reviews4 followers
June 3, 2023
En 1928, l'écrivain et poète portugais Fernando Pessoa est invité à concevoir un slogan publicitaire pour une marque de soda aujourd'hui célèbre : une eau gazéifiée couleur caramel, riche (autant, voire plus, qu'un oligarque russe) en sucre et qui, semblerait-il, permettrait de déboucher votre évier. C'est bon, vous avez la référence ? Ce fameux slogan, « primeiro estranha-se, depois entranha-se », est aujourd'hui servi quasiment à toutes les sauces.

🥤Ah oui, j'oubliais, la plupart d'entre vous n'ont pas fait portugais deuxième langue… Alors, le professeur Google et ses assistants me suggèrent « d'abord on est étrange, ensuite on est envoûté », quant à moi (déformation professionnelle oblige) je vous suggère plutôt la traduction « d'abord on trouve étrange, ensuite on est envoûté ». Mais pourquoi tout cet amphigouri (pour celles et ceux qui ne connaissent pas ce mot, je vous invite à découvrir sa définition sur le compte de @leslecturesdelaeti), me demandez-vous avec un certain agacement ? Eh bien, parce c'est justement ce que j'ai ressenti en lisant ce livre.

🥤Dès les premières pages nous suivons le parcours d'Élise Maldue, jeune lycéenne de 17 ans vouée à un avenir brillant, qui quitte Crèvecoeur (tout un présage), le village qui l'a vue naître, pour se départir de ce sentiment de flétrissure qui lui colle à la peau, comme si l'odeur de la pauvreté exhalait de ses pores. Ce nom-même qui la dérange l'oblige à se cacher sous une nouvelle identité, comme si changer de patronyme suffisait à se créer une nouvelle existence.

🥤Dès les premiers chapitres et tout le long du roman, j'ai oscillé entre ravissement et désappointement et, comme à la descente d'une montagne-russe, j'ai ressenti un léger haut-le-coeur. Cependant, et c'est ça qui est extraordinaire, ce récit ne pouvait être autrement mené. En effet, il est souvent difficile de s'enfuir et fuir ce qui nous a poussé à nous murer dans le silence et subir. Et c'est justement ce sentiment de soumission et de torpeur face à la vie qui nous donne envie, tout à la fois, de prendre Élise dans nos bras puis de la secouer, de la consoler puis de lui crier de ne pas se laisser faire, de lui dire que tout ira bien puis de la sommer de se battre, même si on assiste impuissant à un constant retour à la case départ. Et si la pandémie s'en mêle, alors là…

Bref, ce roman initiatique, où l'on pourrait croire que rien ne se passe et où pourtant tout survient, est à la fois déroutant et envoûtant.
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