PRIX UTOPIALES EUROPÉEN 2012 PRIX ELBAKIN 2012 du meilleur roman de Fantasy
Castel de Broe, six mois ont passé depuis la mort de Noalle et Chien du heaume, anéantie par la perte de ses doigts, s'abîme dans la contemplation de sa griffe de fer, cadeau de Regehir le forgeron. Bréhyr entend lui redonner vie et l'entraîne sur les routes à la recherche du dernier homme qu'elle doit tuer : Herôon. Parti en Terre sainte, celui-ci reviendra par le Tor, une tour mythique où le monde des vivants s'ouvre à celui des morts. Les deux guerrières remontent alors le sillage de sang, de larmes et de pourriture des croisades, arpentant côte à côte la voie de la folie et de la vengeance. Dans ce calvaire, Chien rencontrera Saint Roses, chevalier à la beauté d'icône, au savoir de maestre et dont la foi s'est érodée au pied des hautes murailles de Jérusalem. Une faible lueur qui annonce peut-être un espoir de rédemption.
Cette suite de « Chien du Heaume » est à la fois très similaire et très différente. Le style d’écriture et le vocabulaire rappellent le premier roman, mais le récit est plus lent, plus introspectif. C’est un peu déroutant parfois, mais le roman se lit bien. C’est un roman étrange, je ne peux pas dire que je l’ai adoré, mais il laisse une empreinte au moment de le refermer.
Second volume of the adventures of Chien du Heaume, always in search of who she is and where she comes from.
Justine's narrative style has not changed one iota. Always a very personal, researched and thorough style and a talent for telling a story that I particularly appreciated.
J'aurais vraiment aimer apprécier ce livre, mais ça n'a pas marché. Je ne dois pas être fait pour.
Le point fort de ce livre c'est qu'il nous mets en scène un moyen âge crédible et dur. On y a froid, il fait toujours froid et l'on ne s'y réchauffe que guère. Et le problème, c'est que la froideur, je l'ai ressenti aussi au niveau des sentiments. Pour moi, ce livre n'a dégagé aucune émotion, peut-être seulement un ou deux paragraphes.
Toute la première partie du livre a été pour moi très difficile à lire. Le style, très recherché, ne fonctionne pas avec moi. J'y trouve beaucoup de répétitions, des descriptions qui ne m'évoquent pas grand chose, sinon parfois les chants de Maldoror en moins bien. Les grandes tirades des personnages - qui par ailleurs vivent aux marges de la société - ne m'aident pas à rentrer dans l'ambiance, au contraire.
La deuxième partie, après qu'elles rencontrent leurs compagnons était un peu plus lisible. On se plonge dans cette grande folie qu'étaient les croisades, des pans d'histoire se lève et se laissent à comprendre. On se réchauffe un peu au feu de la cheminée de Tor. Mais cependant rien non plus d'exceptionnel. Le personnage de Chien est bien le plus attachant, mais il est souvent dans ce volume éclipsé par le personnage de Brehyr qui pour moi est légèrement incompréhensible : première incompréhension, pourquoi part elle en voyage avec Chien qui ne lui est pour ainsi dire d'aucun secours ?
Au fond, je pense que c'est tout le thème du livre auquel je n'accroche pas, tout ce long chemin de vengeance et de rage auquel je suis étranger. Peut-être suis-je comme ces bourgeois de la ville qui errent à leurs affaires sans même se rendre compte de la présence de Chien ?
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Après avoir fini "Chien du Heaume", je continue avec "Mordre le bouclier". "Chien du Heaume n'était déjà pas une grande réussite. Je l'avais terminé avec un ressenti mitigé. Je termine "Mordre le bouclier" encore plus mitigé. J'hésite à mettre 2 étoiles (Je n'ai pas aimé) ou 3 (Ça passait tout juste). Finalement, je mets 2 et demi. Dans ce tome, on est toujours sur des histoires de vengeance. Celle de Chien d'un côté et celle de Bréhir de l'autre. Mais, on est toujours dans une plume très narrative, très descriptive et un récit très introspectif. L'autrice y parle (encore) de la place de la religion dans la société et du rôle des croyances. Le récit a parfois des pics de violence extrême, ramenant Chien à une bestialité. J'avoue que ces passages m'ont mis mal à l'aise. J'aurai tendance à dire qu'il ne se passe pas grand-chose dans ce tome, mais dans cette saga plus largement. Je me suis beaucoup ennuyée, j'ai songé à abandonner plusieurs fois. Pourtant, les romans sont courts (autour de 200 pages). Pour relativiser mon avis, j'ai plutôt l'impression d'être passée à côté du propos de l'autrice, de ce qu'elle voulait transmettre comme message à travers ces personnages.
En tout cas, pour ma part, ça a été une lecture déplaisante.
Je retrouve le même déchirement, en encore plus vif, que pour "Chien du heaume".
D'un côté, je trouve le travail du texte zinzin dans son amour de l'histoire médiévale et son riche tissage de symboles. Tout contribue à construire un récit désabusé, perdu entre la saga et la dark fantasy, mais en tout cas dans la brume et bien loin des gloires chevaleresques conventionnelles. L'autrice a une approche véritablement artisanale de l'écriture et ça force le respect, quoi que j'ai été un peu moins séduit qu'à la lecture de son précédent roman.
De l'autre côté (çui-là qui coupe), je grimace un peu face à cette triade de guerrières animées par la vengeance. On leur met à dos des personnages de femmes veules, car passives, lâches... domestiques en fait, ce qui me gêne beaucoup. Le texte semble en plus hanté par la mention du viol : justification de vengeance, image crue de la violence, mensonge instrumentalisé par des sotes cruelles... ça me gâche la complexité de cette protagoniste rageuse et hors-norme.
Un livre exceptionnellement bien écrit. J'ai encore préféré ce tome au précédent. Le lexique était une petite mine d'humour et de connaissance, et j'ai envie de me replonger dans mes cours d'ancien français
Après « Chien du heaume », Justine Niogret revient sur son héroïne toute cassée, bourrine et bourrue dans « Mordre le bouclier ». On retrouve Chien qui n’a toujours pas trouvé son nom mais a perdu une bonne partie de ses doigts. Elle tourne en rond au castel de Broe en se rongeant les phalanges qui lui restent quand Bréhyr lui demande de l’accompagner pour son expédition vengeresse, en lui promettant de l’aider à trouver son nom en échange. Voilà nos deux héroïnes qui partent sur les traces des croisés pour tuer du salopard.
On reste ici sur le même format que le premier livre : du court et lent, limite contemplatif. La quête de Chien et Bréhyr sera surtout intérieure, deux femmes cabossées qui se rafistolent comme elles peuvent et avancent ensemble. Elle rencontreront en chemin le chevalier Saint Roses, un croisé qui a perdu la foi et une jambe, ainsi que La Petite, une teigne armée d’une arbalète. Ensemble il vont se rendre au Tor, une tour qui garde le seul passage obligé pour les chevaliers revenant de croisades, et ils vont attendre leur cible, attendre en se racontant leur passé, en doutant, en se cherchant.
On retrouve bien évidemment avec grand plaisir ce ton âpre et brut qui marquait « Chien du heaume », ce monde médiéval est criant de réalisme et atteste de l’érudition de Justine Niogret en la matière. Tout est dans les détails et l’atmosphère, on est plongés dans cette vie rude et sans concession qui a marqué nos personnages, on y croit et ça ne fait que renforcer l’impact que leur caractère va avoir sur le lecteur. Comme dans le livre précédent, les silences ont autant de place que les paroles, on retrouve des moments de calmes et de « dialogues silencieux » qui définissent Chien et lui donne son aura particulière et donnent lieu à des scènes figées d’une beauté époustouflante (enfin, en tout cas dans ma tête c’était super beau, j’sais pas vous…).
Ce groupe de guerriers vraiment particulier prends à contre-pied tous les groupes d’aventuriers qui parsèment les rayonnage de bibliothèques. On a affaire à un troupeau d’estropiés, trois femmes et un hommes pour qui les aventures sont passées et ont laissés des traces et des séquelles, on sent qu’ils veulent accomplir leur dernière tâche, un dernier baroud d’honneur plein d’introspection, de réflexion et quelque part, une quête du repos du guerrier bien mérité. Pourtant on revient souvent sur l’utilité du combat, sur le « à quoi bon ? » de la recherche du vrai nom de Chien, de la vengeance de Bréhyr… Et encore une fois, le livre se termine en gardant quelques mystères non résolus tout en restant très satisfaisant.
J’ai ressenti une certaine redite par rapport au premier roman de Justine Niogret dans les trajectoires et schémas narratifs des personnages, Chien en particulier. Elle a à peu près la même évolution, partant d’une rage incontrôlable de guerrière perdue qui trouve un moment de calme et de répit au contact d’un homme qui impose une certaine sérénité (Bruec ou Saint Roses). Ça donne lieu à des scènes touchantes mais qui renvoient constamment le lecteur au livre précédent. La touche de nouveauté est amenée par Bréhyr qui explore le thème de la vengeance avec subtilité et justesse et tape vraiment fort, Chien passe d’ailleurs au second plan pour lui laisser le devant de la scène assez régulièrement.
Mordre le bouclier permet également à l’auteure d’amener dans son univers l’histoire des croisades chrétiennes sous un aspect bien éloignés des chevaliers en armure brillantes partant « libérer » la terre sainte qu’on nous sert dans les grandes épopées médiévales. Ici les croisés sont des chevaliers plus ou moins illuminés qui se font défoncer la gueule et reviennent la queue entre les jambes (quand il leur reste des jambes, ou une queue…), après des années de pillages et de massacres. Plus ou moins ce qu’ils devaient être dans la vraie vie quoi… C’est vraiment intéressant et apporte une nouvelle dimension à l’univers de Justine Niogret, un niveau de lecture supplémentaire vraiment bienvenu.
S’il fait par moment un peu répétition par rapport à « Chien du Heaume », « Mordre le bouclier » reste une lecture solide qui ravira les amateurs du premier roman, on retrouve tout ce qui fait la puissance et la beauté de l’univers de Chien, apporte quelques niveaux de lecture supplémentaires en accentuant le côté introspectif, peut-être au détriment du dynamisme… Mais vraiment, on s’en fout, lisez Justine Niogret.
La suite des aventures de Chien du Heaume, bien que moins saisissantes que le premier tome, restent un plaisir de lecture. Toujours aussi précise, riche et immersive, la prose de Justine Niogret fait mouche. Les personnages sont toujours aussi bien dessinés, humains jusqu'au bout des ongles et s'inscrivent à merveille dans l'Histoire autant que dans le récit. L'ésotérisme sous-jacent et un parfum d'amour platonique apportent des saveurs nouvelles à l'univers de Chien du Heaume, mais nuisent un brin à l'image rude du personnage tel que je l'avais rencontré dans le premier volume.