Le 26 novembre 1974, la voix assurée de Simone Veil résonne dans l’hémicycle. Elle présente à l’Assemblée nationale son projet de loi en faveur de l’avortement. Une majorité de députés y sont opposés. Les débats seront longs, houleux, teintés d’une grande violence, mais l’éloquence magistrale de la ministre finira par emporter l’adhésion. Un discours historique qui a marqué un tournant pour les droits des femmes. Simone Veil est née en 1927 à Nice. Agée de 17 ans, elle est déportée à Auschwitz. Magistrate de formation, elle entre au gouvernement en 1974 comme ministre de la Santé et fait voter la loi de légalisation de l'avortement. Elle devient en 1979 la première femme présidente du Parlement européen. Elle a été membre du Conseil constitutionnel de 1998 à 2007. Décédée en 2017, Simone Veil est entrée au Panthéon en 2018.
Simone Veil, née Jacob, est une femme politique française. Elle est la fille cadette d'une famille juive, non pratiquante et foncièrement laïque. Arrêté le 30 mars 1944, elle est internée dans le camp de Drancy, d'ou elle est transferée le 13 avril au camp d'extermination nazis Auschwitz-Birkenau, en compagnie de sa mère et sa sœur Madeleine. Transférés à Bobrek, elles participent dans la marche de la mort jusqu'au camp de Bergen-Belsen, où sa mère meurt du typhus. Quand Bergen-Belsen est libéré par les troupes britanniques le 15 avril 1945, elle a perdu son père, sa mère, son frère. De retour en France, elle fait des études de droit à la Faculté de droit de Paris et s'inscrit aussi à l'Institut d'études politiques de Paris. Elle choisit une carrière dans la magistrature, et occupe dès lors un poste de haut fonctionnaire dans l'administration pénitentiaire au ministère de la Justice. En 1974 elle devient ministre de la Santé, poste qu'elle occupe jusqu’en 1979. Elle fait passer la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), dépénalisant l’avortement. Après les élections de 1979 elle quitte le gouvernement et est élu Présidente du Parlement européen, poste qu'elle occupe jusqu'en 1982. En 1993 elle devient Ministre d'État, ministre des Affaires sociales, de la Santé et de la Ville dans l'équipe d’Edouard Balladuret et entre 1998 et 2007 elle est membre du Conseil Constitutionnel. En dehors de la vie politique, elle a Présidé la Fondation pour la mémoire de la Shoah de 2000 à 2007 et en 2010 elle entre à la prestigieuse Académie française. Elle est décédée le 30 juin 2017 à son domicile parisien du 7e arrondissement à l'âge de 89 ans.
"Parce qu'en face d'une femme décidée à interrompre sa grossesse, ils savent qu'en refusant leur conseil et leur soutien ils la rejettent dans la solitude et l'angoisse d'un acte perpétré dans les pires conditions, qui risque de la laisser mutilée à jamais."
Ce discours est à la fois historique parce qu'il a contribué à l'émancipation des femmes et en même temps reste empreint de biais misogynes.
Simone Veil était une grande dame qui, toutefois, ne s'est jamais revendiquée féministe. Nous lui devons la légalisation de l'IVG, mais nous avons également le devoir d'aller au-delà de la conception de cet acte médical datant des années 70.
Il ne faut pas oublier que l'objectif de ce discours était de convaincre le plus de députés dans une assemblée essentiellement masculine et, donc, nécessitait de mettre de l'eau dans son vin.
La chronologie proposé à la fin permet d'ailleurs d'observer les évolutions de cette loi en France.
j'arrive toujours pas à comprendre pourquoi simone veil est érigée en icône du féminisme alors qu'elle trouve que ''l'incitation à l'avortement'' est inadmissible, son discours est bourré de biais misogynes, alors certes, merci mme veil pour avoir soutenu cette loi mais tout de même cette vision de l'avortement est scandaleuse ? dire que la maternité c'est l'accomplissement de la vie d'une femme ? justifier le non remboursement de l'avortement ? donner autant d'importance dans le choix à l'homme et à la femme ? c'est bien un discours tenu pour séduire les députés de droite, et même si ça a marché ces mots n'en restent pas moins honteux.
Je dois avouer que je suis un peu mitigée sur ce discours : d'un côté j'ai conscience des avancées que S. Veil a permises, d'un autre je n'ai pu m'empêcher de grincer des dents à plusieurs reprises. Le fait qu'elle se dise quelque part opposée à la création d'un "droit à l'avortement", que donner la vie serait l'accomplissement ultime et recherché par toutes les femmes... Cela peut bien sûr s'expliquer par l'époque et par le contexte : il s'agissait des années 1970 et elle était l'une des seules femmes présentes à l'Assemblée Nationale lorsqu'elle a présenté son projet de loi, projet controversé même au sein de la majorité présidentielle. Ce n'était tout simplement pas ce à quoi je m'attendais et j'en suis ressortie quelque peu déçue.
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Un discours fondamental et poignant ! Je trouve nécessaire de connaître l’origine fondatrice du droit à l’avortement, et d’autant plus les prémices de cette loi, qui s’est voulue évolutive durant ces 60 dernières années.
Malgré la difficulté aujourd’hui d’être en accord avec certains propos (ce qui démontre une évolution fulgurante des mentalités), il ne faut pas oublier en lisant ce texte, que l’on reste dans les années 70, dans une société ne présentant encore trop peu de droits pour les femmes, et un seul schéma de vie inculqué pour ces dernières : la maternité. N’oublions pas non plus, que Madame Veil était à cette époque l’une des rares Ministres femme, essayant de faire passer une loi difficilement acceptable dans une Assemblée composée en majorité d’hommes.
Madame Veil a longuement travaillé ce discours, qui s’est vu nettement plus difficile que celui sur la contraception libre et gratuite, quelques années plutôt. Elle s’est vue choisir des arguments techniques plus qu’éthiques, tout en soulignant la nécessité d’adapter la loi aux futures évolutions scientifiques et sociétales.
Et ce fut le cas, après l’adoption de la loi Veil en 1975 pour une période probatoire de 5 ans, c’est 7 ans après en 1982, que l’avortement sera remboursé par la Sécurité Sociale qui, lors de son discours n’était pas acté. (malgré que son premier texte prévoyait le remboursement de l’IVG, il était plus difficile de convaincre toute une Assemblée d’une gratuité pour un acte médical, que beaucoup considéraient au siècle dernier comme un crime.)
Si Madame Veil n’avait considéré aucun compromis, si elle n’avait en aucun cas nuancé ses propos afin de convaincre plusieurs partis aux pensées arbitraires, cette loi n’aurait jamais pu voir le jour.
Un document certainement intéressant qui marque et commémore cet important discours, dont on sent aussi qu'il date un peu à niveau de l'argumentation: beaucoup de temps est passé à discuter de l'impossibilité d'appliquer les lois de l'époque, de la défiance de beaucoup de femmes et de professionnels de la loi et du pourquoi ça minerait la confiance en les lois françaises de poursuivre l'interdiction de l'avortement.
Bref, ça reste un discours très légaliste, qui veut être "rassembleur": beaucoup de provisions et de temps est passé à essayer de nuancer le retrait de l'interdiction notamment avec un discours pro-nataliste, la provision d'une interdiction "d'incitation à l'avortement par quelque moyen que ce soit" (p.30), parle d'un acte "grave" qui ne devrait pas être remboursé (p.31), etc.
Ça reste donc un document très "politique" qui veut froisser le moins de monde possible, et on comprends la nécessité de toutes ces précautions pour l'époque. Pour un discours historique de la même époque en France beaucoup plus engagé et encore très d'actualité aujourd'hui, je recommande fortement le Plaidoirie pour l'avortement paru aussi cette année.
En tant que femme, il me semble primordial de connaître l’histoire de nos droits. Nos droits fondamentaux, tels que l’accès légal et sécuritaire à l’interruption volontaire de grossesse. Droit aujourd’hui, réprimer et arracher aux femmes dans de trop nombreux pays.
Ce discours prononcé par Simone Veil, il y a bientôt 40 ans, fait encore résonance actuellement. Bien qu’en France, ce droit est désormais ancré dans la constitution, l’épée de Damoclès plane toujours au-dessus de la tête des femmes. Comme nous, le dit Simone Veil, dans ce discours « aucune femme ne recours de gaieté de cœur à l’avortement ».
Il me semble primordial que tout à chacun prenne connaissance de cette réflexion menée il y a si longtemps, mais pourtant encore très actuel.
Un discours très politique qui m'a laissé perplexe sur certains points.
Des passages émouvants: "Parce qu'en face d'une femme décidée à interrompre sa grossesse, ils savent qu'en refusant leur conseil et leur soutien ils la rejettent dans la solitude et l'angoisse d'un acte perpétré dans les pires conditions, qui risque de la laisser mutilée à jamais."
Des passages beaucoup moins nécéssaires mais je suppose compréhensibles lorsqu'on se souvient qu'il s'agit d'un texte de 1974: "Rares sont les femmes qui ne désirent pas d'enfants; la maternité fait partie de l'accomplissement de leur vie et celles qui n'ont pas connu ce bonheur en souffrent profondément."
Il est toujours intéressant de relire ce discours pour mesurer à quel point ce que voulait Simone Veil pour la France et pour les femmes est aujourd’hui travesti par les défendeurs de l’avortement. Alors qu’aujourd’hui l’on veut insérer dans la constitution le droit à l’avortement, elle était la première s’y opposer, allant même jusqu’à dire qu’il faut absolument dissuader les femmes d’avorter. Respecter cette volonté de Simone Veil est aujourd’hui pénalement sanctionné ; les nouveaux défenseurs de l’IVG ne sont pas ses héritiers.
Un discours qui porte les marques de son époque. Quelques unes des formulations choisies apparaissent aujourd’hui en décalage avec une conception pleinement égalitaire. Mais juger ce discours sans tenir compte de son contexte reviendrait à ignorer l’intelligence stratégique de Simone Veil. Face à une Assemblée massivement masculine, souvent hostile voire injurieuse, la ministre a su adopter un ton mesuré pour mieux faire accepter une réforme profondément révolutionnaire. Son discours fut un catalyseur. Madame Veil a ouvert une voie, et en cela, l’histoire lui doit une immense reconnaissance.
c’est tellement émouvant de lire ce discours au lendemain de la constitutionnalisation de la liberté de recourir à l’avortement et de se rendre compte de toute la prudence dont elle a dû faire preuve et sans laquelle son projet de loi n’aurait jamais pu voir le jour. et petit à petit, les consciences s’ouvrent et finalement un jour ce pour quoi elle s’est tant battue est inscrit dans la plus symbolique et importante norme de notre pays, bref je vais chouiner salut
Sans doute un discours adapté pour faire passer cette loi devant une assemblée d'hommes de droite, mais à vomir par moment. C'est difficile de célébrer Simone Veil quand on lit des choses comme « la maternité fait partie de l'accomplissement de [la] vie [des femmes] et celles qui n'ont pas connu ce bonheur en souffrent profondément ». On se rassure en se disant qu'elle cherchait juste à obtenir les voix nécessaires pour faire passer une loi si essentielle.
Discours important, nécessaire et historique, mais qui m'a fait grincer des dents plus d'une fois par la forte misogynie dont il est empreint.
J'en comprends l'importance historique, mais maudit que j'étais pas d'accord avec une bonne partie de ce discours. Particulièrement toute la notion de la dissuasion.... je dois avouer que ça m'a mis un peu en tabarnak.
Mais faut remettre les paroles dans leur contexte et garder en tête que le texte sort tout droit d'un parlement français en 1974.
Discours fondamental dans la lutte pour les droits des femmes ! Très puissant, très profond bien que quelques défauts et tournures de phrases problématiques notamment sur le désir de maternité des femmes. Mais je suis heureuse d'avoir lu ce texte important pour le féminisme
Je m’attendais à mieux venant de Simone Veil honnêtement mais j’ai pas vraiment aimé toute la partie sur la dissuasion des femmes qui veulent avorter. Je pense que l’avortement est déjà un choix assez difficile à faire, qu’il a déjà été réfléchi à fond par les femmes.
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-2 pour avoir quand même malgré ce texte été une meuf qui essaye de plaire au hommes plutôt que ouvrir sa grand bouche . Même quand on se bat on le fait la queue entre les jambes