Jusqu’à quel point un homme peut-il être résilient ? Il est peu de question aussi existentielle. Elle sous-tend Le Nageur, qui retrace le destin d’Alfred Nakache. Né dans les premières années du siècle au sein d’une famille juive de Constantine en Algérie, il fut l’un des grands champions de natation de l’entre-deux-guerres. Tôt consacré champion de France, champion d’Europe, champion du monde dans différentes nages, il fut sélectionné pour les J.O. de Berlin en 1936 et ceux de Londres en 1948. Mais dans l’intervalle, il connut l’épreuve suprême d’une vie. Sous l’Occupation, si le jour il participait à des compétitions, la nuit, il entrainait secrètement de jeunes résistants à Toulouse où il vivait avant qu’ils ne gagnent le maquis. Jusqu’à une dénonciation à la Gestapo, attribuée à Jacques Cartonnet, un autre nageur engagé, lui, dans la collaboration, et qui avait été son rival dans les bassins depuis des années. Incarcéré avec sa femme Paule et leur petite Annie, ils furent internés à Drancy avant d’être déportés à Auschwitz. Elles seront gazées dès le premier jour ; quant à lui, reconnu par les SS, il sera affecté aux travaux les plus humiliants. Au bout de 18 mois passés dans ce camp, durant "la marche de la mort" qui suivit son évacuation et à Buchenwald en attendant la libération par l’armée américaine, il survécut grâce à une volonté et une constitution athlétique hors du commun. De retour à Toulouse où il apprit la fin des siens, il céda à la pression de son entraineur qui le voyait sombrer, trouva assez d’énergie pour reprendre le chemin de la piscine et redevint un champion international quelques mois plus tard... Ni roman ni biographie, Le Nageur se veut le récit d’une vie tendue vers un but : viser l’excellence et le dépassement de soi. Et surtout, en toutes circonstances, tenir, se tenir, résister. Une leçon de vie.
L'histoire (et la résilience) d'Alfred Nakache est incroyable et poignante. Néanmoins, je n'ai pas accroché avec le style d'écriture de l'auteur. Je m'attendais à une biographie plus romancée et j'ai été un peu ennuyée par sa dimension très journalistique. Je me perdais dans l'avalanche de noms, dates et annecdotes qui n'apportaient pas grand chose, à mon sens, et détournait l'attention de ce qui est le cœur du livre. J'aurais aimé que l'accent soit plus mis sur les émotions, pensées et émotions d'Alfred Nakache.
L'auteur oublie qu'il écrit un livre et non une enquête journalistique. Le livre ne rend pas justice a Nakache qui a travers sa lecture semble complètement passif. Et pourtant, le lecteur ne doute pas de l'énergie et la volonté requises pour affronter une telle destinée.
contrairement à ce que j'ai pu voir des autres avis, j'ai vraiment apprécié le style d'écriture de l'auteur. Justement, il me semble qu'une biographie se doit d'être neutre et doit retracer la vie de le personne sans trop insister sur les dimensions qui pourrait prêter à l'interprétation ou qui sobt sentimanentales, bien que les lecteurs soient aujourd'hui très friands en émotions. Je ne pense pas que le but d'une biographie soit de présenter sous un angle trop biaisé la vie du protagoniste, surtout que l'on ne peut deviner à la place de la personne ses ressentis et sentiments profonds, alors pourquoi vouloir les inventer ou les exacerber ? C'est ainsi que ce récit qualifié par certains de "journalistique" m'a semble très approprié, et les horreurs subies parlent d'elles-mêmes, je ne crois pas que l'auteur ait besoin de décrire précisément ce que ressentait le personnage pour que l'on cromprenne (ou tente de comprendre) ce qu'il a du endurer. De plus, l'histoire est structurée et organisée, c'est simple de suivre le recit d'une période qui ne l'est pas.
Peu convaincue au début (j'aurais mis 3 étoiles), je suis finalement rentrée dans l'histoire tragique de cet athlète extraordinaire (et bien dans le thème des JO). Quelques extraits : - "Il ne monte pas sur le podium mais il n'a rien d'un dieu déchu. Sa présence suffit. Il ne s'est pas battu contre le chronomètre mais contre la barbarie qui n'a pas réussi à l'abattre. Là est sa victoire et nul ne songe à le lui enlever. Cette médaille invisible est, de toute sa collection, celle qui le rend le plus fier, secrètement car il n'en fait jamais parade." - "N'oublie jamais, petit, que quand tu nages, tu es le capitaine de ton âme."
Première lecture d'un livre de Assouline. Bonne surprise, j'ai beaucoup apprécié son style. L'Histoire se marie parfaitement avec la narration, sans en faire un documentaire, ni une fiction. Le fond n'en est pas moins lourd, comme on s'en doute, en lisant le synopsis. Je recommande.
Le synopsis me tentait énormément et puis j’ai été un peu déçue par le livre et notamment l’écriture qui a eu du mal à m’accrocher. L’histoire est quand même intéressante car réelle mais ce n’est pas le meilleur livre sur cette thématique… Mais très intéressant de lire ça au moment des JO de Paris 2024, ça donne un peu d’histoire !
Je ne sais pas si j'ai aimé le style de l'écrivain mais le fond de cette histoire est sublime. A la fin du livre, il y a les sources bibliographiques, et on comprend pourquoi autant d'écrivains se sont intéressés à cet homme.
L’histoire d’un héros malgré lui. Superbement contée, cette histoire totalement vraie nous estomaque en particulier à partir des événements issus de la 2ème guerre mondiale puis ces conséquences sur la vie d’Alfred Nakache. A lire absolument.
Une histoire incroyablement triste que celle de mr Nakache qui mérite d être connue. Mais la façon de rapporter les faits de Pierre Assouline est assez insupportable . On a l impression qu il « s écoute écrire » avec une grande satisfaction.
Une biographie émouvante d'un homme simple qui fut un grand nageur et qui connut le pire durant la Seconde Guerre Mondiale. C'est la biographie d'un champion de France et d'Europe en 1942, Alfred Nakache "Artem". Déporté à Auschwitz, il connaîtra aussi les marches de la mort et il y survivra. Un homme courageux et résilient qui a affronté sa vie la tête haute. Lorsque l'on referme ce livre, on est retourné au plus profond de soi par les abîmes de l'horreur que les hommes ont pu réserver à d'autres hommes mais on est aussi bouleversé par la volonté de ceux qui ont réussi à vivre après l'indicible. On aurait aimé rencontrer Artem... Sa simplicité, son humilité et sa force frappent durant tout le livre.
Un très beau livre sur la natation et la vie. Le style de l'auteur est sobre et assez distant, ne pas s'attendre à de grands trémolos. Il reste factuel dans l'approche de la vie de cet homme même si on mesure qu'il a beaucoup aimé le découvrir.
Quelques extraits: "Dante n'avait rien vu. Un homme, ça tient encore même quand ça tient à peu. Faut-il avoir l'âme indomptable dans la vie ordinaire comme au camp, au coeur de la zone d'ombre du Mal. Ici, tout est fait pour abattre l'homme. Mais Alfred Nakache ne peut se résigner à une chute sans relève. Il sait comment affronter des hommes car il a été éduqué à cela, pas à un système qui vise à l'annihiler. Personne n'a été formé à cela. Il n'est pas armé pour défier la face obscure de la raison. Mais qui l'est ? Son éducation l'a préparé à affronter l'âge d'homme, y compris les épreuves ordinaires de la maturité, mais rien ni personne ne l'a prédisposé à vivre ça. Ce qu'il découvre au camp place l'Allemagne hors de toute rédemption." (p.178)
"Tourner la page ? Facile à dire car nul ne sait comment s'y prendre. Même une force de la nature se trouve désarmée face à une telle épreuve. Inutile d'expliquer à ceux qui ont la vie devant soi ce que c'est d'avoir le vide devant soi, ils ne comprendraient pas. Avoir croisé le regard de la Gorgone est une chose; beaucoup n'en sont jamais revenus. Mais les autres: comment imaginer que partout où ils poseront leurs yeux y luira désormais l'éternel reflet d'une insondable tristesse ? En tout rescapé des camps, il restera toujours un personnage tragique. (p.247 éd.Folio poche)
"Nager pour ne pas couler. Considérer que c'est là une question de vie ou de mort. Il n'y a pas d'autre solution. Ce qui ne va pas de soi pour celui qui aura passé deux ans sans s'entraîner, hormis une parenthèse irréelle et brève qui n'eut rien d'enchanté. Depuis sa jeunesse, Artem a vécu plus souvent dans l'eau que sur terre. Le destin l'a séparé de son élément naturel depuis des mois qu'il foule cette terre haïssable. L'eau lui fait signe à nouveau (p.256)
"L'important est de participer". La formule est d'autant plus célèbre qu'elle est apocryphe. Il s'agit en fait d'un condensé d'une réflexion de Pierre de Coubertin, l'homme à qui l'on doit la résurrection des olympiades à l'époque moderne:" Le plus important aux Jeux Olympiques n'est pas de gagner mais de participer car l'important dans la vie ce n'est point le triomphe mais le combat; l'essentiel ce n'est pas d'avoir vaincu mais de s'être bien battu".
Alfred Nakache, nageur français, ‘l’homme qui fut quinze fois champion de France, champion du monde universitaire, champion d’Afrique du Nord, médaille d’argent aux Maccabiades, deux fois recordman du monde, vingt-sept fois sélectionné en natation et dix-sept fois en water-polo, deux fois sélectionné aux Jeux olympiques’ (p. 275) – de Berlin en 1936, puis à ceux de Londres en 1948 – surnommé aussi le ‘nageur d’Auschwitz’, où il a été déporté durant la Seconde Guerre mondiale, ‘Auschwitz, terminus. C’est ici que la vie s’achève. Ici l’homme déshumanise l’homme. Ainsi donc la nation la plus civilisée d’Europe a pu inventer et imaginer un lieu où règne une telle hostilité au genre humain (p. 179). Ila été dénoncé par un rival, Jacques Cartonnet, dont il a battu les records et par la presse collaborationniste de son propre pays, car, en dépit de ses multiples records nationaux -en 1942 seulement il a gagné cinq titres de dé champion de France -il était né dans une famille juive de Constantine. Grâce à sa constitution physique d’athlète de haut niveau, il a survécu aux mauvais traitements, aux tortures et aux marches de la mort, mais pas sa femme, Paule, 28 ans, ni leur fille de deux ans, Annie… Pierre Assouline, de l’Académie Goncourt, journaliste et écrivain décrit en détail cette véritable histoire d’un brave homme parmi des monstres. ‘ Avant-guerre, sa réputation le précédait ; désormais, c’est sa légende. Au champion succède le héros’. (p.257)
Un livre qui m’en a appris plus sur Auschwitz et les camps de concentration.
Alfred Nakache est un nageur français, originaire d’Algérie, qui est champion de France. Il se fait dénoncer comme juif par un rival lors de la seconde guerre mondiale et est deporte avec sa compagne Paule et sa petite fille Annie - il a 28 ans.
Il va vivre l’enfer séparé de sa famille. Il survit tant bien que mal (le livre décrit très bien les conditions), dans un environnement difficile. La vie est inhumaine et tient à un fil. Mais petit à petit, il va pouvoir survivre en étant mis sur des activités/job plus « protégé » - infirmier. Il est transféré de camp. On Se moque de lui, et on le force à nager dans des eaux Souillées. Il va notamment retourner dans ses eaux souillés pour nager ce qui va le sauver. En se maintenant ainsi en vie, il survit jusqu’à la libération par les alliés.
Il rentre en France dans l’espoir de retrouver sa femme et sa petite-fille, mais rien n’y fait. La suite du livre parle de son deuil, de tout le sentiment post-traumatique des juifs et de l’utilisation de la natation pour se sauver. Il sera qualifié aux Jeux olympiques les années suivantes, symbole de sa ténacité, il finit sa vie en rencontrant une compagne et en vivant dans le sud-ouest de la France où il neigera jusqu’à la fin de séjour. Il meurt par une crise cardiaque dans l’eau. La fin vaut la peine d’être relue.
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C’est un destin exceptionnel que celui d’Alfred Nakache, nageur français d’origine juive né au Maroc, vainqueur de plusieurs compétitions européennes, et rescapé des camps de la mort, que nous rapporte ici Pierre Assouline dans son roman Le Nageur. On fait la connaissance d’un homme honnête et simple, animé de convictions patriotiques fortes et d’une passion dévorante pour la natation, dans laquelle il puise le courage pour surmonter le traumatisme de la Shoah.
L’auteur adopte une approche quasi journalistique des faits, s’attachant à narrer chronologiquement le parcours de vie abîmé du nageur français. On découvre sous sa plume un personnage au destin singulier, doté d’une capacité de résilience hors norme. L’auteur maintient une certaine distance vis-à-vis du sportif dont il décrit le parcours, se refusant à développer en profondeur les traits de sa personnalité : un parti pris clivant qui, bien qu’il témoigne d’une certaine pudeur, trace aussi une distance entre “Artem” et le lecteur. Sa personnalité est peu développée (ce qui résulte aussi de la quantité limitée d’informations dont on dispose à son propos), et le nageur semble s’effacer derrière la légende qu’il incarne, ce qui m’a un peu troublé dans ma lecture.
Le roman ne manque cependant pas de qualités : il donne à comprendre la montée de l’antisémitisme en France et les tensions qui agitent la société française à cette époque, dévoilant d’une part le courage de certains et la lâcheté des autres. On découvre aussi de nombreuses figures sportives des années 1930 dont je n’avais personnellement jamais entendu parler, à l’image de Marcel Cerdan, le boxeur franco-marocain qui s’opposa également au fascisme.
Lecture passionnante dans son propos mais clivante dans sa forme, elle n’en reste pas moins agréable à lire malgré la dureté du sujet, et inspirante par bien des aspects, donnant à découvrir une formidable illustration de ce dont la volonté humaine est capable au-delà des pires souffrances.
Je rejoins certains des commentaires précédents. L'histoire d'Alfred est bouleversante et inspirante. C'est le style de l'auteur qui m'a gênée durant ma lecture. Assez détaché, souvent à la recherche de tournures de phrases et procédés littéraires pour appuyer ce qu'il narre et qui, malgré certaines belles expressions rendant hommage à Nakache ici et là, ont créé une distance émotionnelle qui n'était pas la bienvenue dans un tel contexte. Beaucoup de noms et de dates également, je me suis sentie perdue. Pour la défense de l'auteur, c'est en partie parce que j'ai écouté la version audio du livre. J'aurais sans doute eu une impression différente en le lisant. Je ne regrette pas d'avoir lu ce livre car il révèle quelques anecdotes et points de détails que j'ignorais, mais pour avoir lu de nombreux articles au sujet d'Alfred Nakache, le livre n'apporte pas beaucoup plus.
Le nageur raconte l’histoire d’Alfred Nakache, nageur, père de famille, juif. Étoile montante de la natation française, alors qu’il enchaîne les record européens et mondiaux, sa carrière se voit interrompue de la pire des manières, par l’inhumanité de la déportation.
Alfred Nakache est deporté à Auschwitz avec sa femme et sa fille, qui n’en reviendront pas.
Ce récit biographique nous rappelle les atrocités commises pendant la seconde guerre mondiale (déportation et collaboration)
Rating: 2,5. Excessivamente elegíaco para meu gosto. Nakache era seguramente uma pessoa inofensiva, simpática e merecedora de admiração. Mas a narrativa de Assouline é muito empolada, demasiado "correligionária" no meu entender. E a sua descrição dos campos de concentração nazis é pálida quando comparada, por exemplo, com a feita por Primo Levi no seu livro "É isto um Homem?". Curiosamente Assouline refere Levi mas só de forma acidental e quase depreciativa.
Extraordinaire. Comme d’habitude avec Assouline, c’est une balade. Cette fois-ci, c’est aussi une histoire de vie extraordinaire bien que tragique, on apprend, on réfléchit, et on a envie d’aller nager. J’ai un peu ralenti la lecture aux moments difficiles, mais pour autant la description est précise et digne, et décrit la violence et l’absurdité des camps sans en faire le spectacle d’effroi que l’on voit ou lit parfois. Vraiment un grand Assouline, à lire et à faire passer de mains en mains.
Très belle biographie d'Alfred Nakache, né en Algérie, qui deviendra champion de natation et participera aux JO de Berlin en 1936 puis à ceux de Londres en 1948. Entre les deux, il aura été déporté à Auschwitz avec sa femme et sa fille. Elles n'en reviendront pas. Une histoire de résilience incroyable.
L histoire d un nageur français juif à la mauvaise période (la 2eme guerre mondiale).
Curieuse du nom de la piscine que je fréquente depuis mon plus jeune âge, je voulais apprendre la vie de cet homme. Je n ai pas été déçue une très belle inspiration. Livre très bien écris
Very interesting, very well written. It brings to light both the life of an important swimmer and his terrible suffering. What he endured at the hands of the Nazis, along with millions of others, was evil. His treatment by the French after the war was shameful.
Dur à lire, livre dépeignant une personnalité lumineuse et une trajectoire de vie exceptionnelle et douloureuse, qui forcent le respect. Le style du livre, que j’ai vu pas mal critiqué ici, est à l’image du hero: simple, efficace, net.
La vie d’eau et de cendre d’Alfred Nakache, champion de natation et champion d’humanité. Il était né pour nager et il était né juif à Constantine. Le destin d’un homme au gré des vagues et des remous de la cruauté du monde. Insensé, poignant, et très bien écrit.
Note 4.5 On se jette dans ce récit historique et dans cette biographie de ce Nageur sans relâche. Grand homme grand sportif dont Pierre Assouline rend hommage. Lecture émouvante
Roman extraordinaire sur la vie de ce champion Olympique de natation juif et ayant subi les camps de concentration. Très bien documenté et analysé. Merci monsieur Assouline
Incroyablement émouvant. Je ne connaissais pas Alfred Nakache, et je remercie l'auteur d'avoir partagé une partie du puzzle de sa vie avec sensibilité.