Mes larmes étaient celles d’un désenchantement : un désenchantement féministe. J’avais échoué à trouver les mots qui auraient fait douter ces femmes de leur offensive contre d’autres femmes, de leur trahison d’un féminisme universel, de leur aveuglement par des biais racistes et islamophobes. Puisque l’islamisme était l’ennemi, celles qui affichaient leur adhésion à l’islam devenaient à leurs yeux l’incarnation de ce danger, et se retrouvaient exclues des luttes pour les droits des femmes.
Mais les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ?
Maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Strasbourg, Hanane Karimi déploie ici une réflexion sur la « nouvelle laïcité », l’islamophobie et l’héritage colonial français pour montrer comment les femmes musulmanes, désignées comme des ennemies de l’intérieur, se voient refuser l’accès à une citoyenneté pleine et entière, à l’espace public et à l’arène politique – voire, tout simplement, le fait d’être des femmes dignes d’avoir des droits.
Un livre très intéressant, écrit par une sociologue, sur les discriminations subies par les femmes musulmanes qui portent le voile en France. Malgré un style assez académique et parfois difficile à lire pour moi (notamment le début), j'ai trouvé qu'il s'agissait d'un ouvrage passionnant sur un point de vue que l'on entend peu.
I read this book because I wanted to get arguments against my old grumpy very French dad who always says that the hijab should be forbidden in France (I tend think many people think so in France where we are taught in school that laicity really is the best thing ever, my dad being largely progressive on most subjects (he’s the type of teacher that fights to add non-binary toilets in his high school)).
Anyway this was largely more than that and address a large number of issues that are discussed, often in a very racist and sexist way, today in France. It also made me realize how crippling the shame around the hijab is for women who wear it and I’ll never see the public space in France the same way.
I just finished and I’m tempted to start reading it again. For many years, I tried to find a booked that talked about la laïcité as a tool of oppression and discrimination, rooted in Islamophobia, specifically from the perspective of Muslim women. I was pleasantly surprised with this book, from the title I knew I had found what I was looking for. Because I’m not a native French speaker, there were some things that went over my head a bit, but overall I didn’t find it too academic. I found myself highlighting half of certain pages — there’s so much great information in there. A few of my favorites…
« Originellement, la laicité est aveugle à l'apparte nance confessionnelle des citoyens et citoyennes…depuis maintenant plus de trente ans, une nouvelle conception de la laïcité s'impose, instrumentalisée pour contrôler l'apparence des femmes musulmanes. »
« …derrière le voile, il y a des femmes. Et qu'exclure des femmes sous couvert de promotion de l'égalité hommes-femmes me paraît paradoxal. »
« Le jeu des dominations d'alors a participé à la construction des populations musulmanes comme une catégorie distincte de la population. »
« …la particularité de l'islamophobie réside dans le processus de racialisation de l'appartenance reli-gieuse, dans lequel les musulmans sont essentialisés et désignés à partir du marqueur religieux. »
« …le nouvel islam de France serait un islam acculturé, voire soumis aux Lumières de la France. »
« Des Français particuliers dont la naisance, la scolarisation, la formation, les vies sociale, professionnel et culturelle françaises n'effacent pas l'origine migratoire… En somme, nous sommes des Français en transition, mais surtout sous condition. Le minoritaire ne l'est que dans un rapport à un majoritaire. Il est désigné comme tel; il n'a pas le pouvoir de se définir, mais il est défini par l'autre, le dominant. »
« L’exclusion n'est alors jamais justifié par l’imperméabilité du groupe dominant qui sert référent implicite, mais par les caractéristiques des populations immigrées et de leurs descendant et descendantes, qui refuseraient de s'intégrer du faits quelques traits et particularités culturelles ou religieuses. »
« …les politiques de la nouvelle laïcité explicitent la disciplinarisation et la correction attendues des populations musulmanes qui «refusent de s'intégrer» ou dont les spécificités culturelles ou religieuses «empêchent l'intégration» au sens politique du terme. »
« Dans un contexte de lutte contre le terrorisme Islamist, afflier les musulmanes qui portent le foule a danger islamiste, à sa progression pernicieuse, permettre de renforcer l«identité nationale» et ne prend aucunement en considération les coûts d'une telle stigmatisation et l'injustice qu'elle constitue - leur nationalis française les laissait pourtant penser qu'elles étaient incluses dans le «nous». »
« Car ces femmes sont accusees en retour de ne pas avoir été reconnaissantes envers l'Etat en faisant leur une culture religieuse héritée au détriment de la culture séculière nationale émancipatrice, et on le leur fait payer! Leur exclusion du « nous » national ressemble à un rejet filial, puisqu'elles refusent de reconnaître la supériorité de l'autorité de leur nation de naissance, comme si elle était une nation d'accueil qui le méritait. »
« Disons les choses clairement: les femmes et hommes politiques - et les féministes - qui luttent contre le voile combattent avant tout des femmes. »
« A travers l'invisibilisation des femmes voilées dans l'espace public, qui heurtent leur sensibilité esthétique islamophobe, ils et elles prônent une privatisation du religieux. Et si elles pouvaient se limiter à leur foyer - elles n'ont qu'à le porter chez elles ! -, ce serait encore mieux. l'utilise ici la notion d'invisiblisation comme un processus d'effacement des différences ou d'homogénéisation des esthétiques imposés par la culture dominante. »
« Il y aurait donc d'un côté la figure acceptablede la musulmane laïque qui représente un modèle d'inté gration réussi, conforme à la féminité hégémonique; et, de l'autre, la figure inassimilable de la musulmane portant un foulard, dangereuse, qui est l'antonyme de la féminité hégémonique selon une vision libérale française. »
« …le corps des femmes musulmanes est objectivé comme une variable qui permet de mesurer leur niveau d'intégration à l'égalitarisme républicain… »
« Porter le voile en France est plus qu'un acte de piété: il symbolise une altérité irréductible qui expose aux effets sociaux du stigmate et implique une survisibilisation sociale. »
« Le déni du droit à l'égalité est au cœur de le position de celles qui portent le foulard à une violence symbolique et parfois physique, mais également le lieu de production d'une subjectivation. »
« …le fait qu'on dépossède ces femmes de leur volonté, de leurs choix, de leur droit à disposer librement de leur corps, et qu'on leur impose de se soumettre à des règles de neutralité impliquant qu'elles se dévoilent, provoque un sentiment d'humiliation qui…implique la destruction d'une relation fondamentale qui est une relation pratique à soi. »
« …des femmes se sentent prises au piège du politique et du religieux. »
« Ôter le voile, c’est dévoiler au monde la désagrégation des évidences. »
« Celles qui le portent doivent se justifier, rassurer, expliquer qu'elles ne sont pas moins femmes, françaises, modernes ou même féministes. Quand elles le retirent, elles doivent aussi se justifier et expliquer qu'elles ne sont pas moins musulmanes et qu'elles n'ont pas trahi le groupe. »
« …la femme était tout le temps instrumentalisée. »
Époustouflant. Si le premier chapitre nécessite de s'accrocher un peu les trois qui suivent sont à la fois limpides et brillants sur les conditions des femmes musulmanes portant le voile dans ce pays de gros rascards qu'est la France. Extrait de la thèse réalisée par l'auteure, l'écriture est accessible et marquante, elle inclut notamment des récits intimes (sous formes d'entretiens) pour illustrer ses propos : encore un livre que tout le monde devrait lire D'URGENCE !!! Ps : Les islamophobes vous êtes des gros nulos
Une lecture complexe mais intéressante malgré tout. Je recommande la lecture. J'ai pris le livre sans réaliser qu'il serait autant sociologique (voir académique) et je suis clairement plus sensible à des choses "personnelles" néanmoins j'ai retrouvé cet aspect dans l'introduction et la conclusion.
Je viens de terminer le livre « Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ? » de Hanane Karimi, publié aux éditions Hors d’Atteinte et vendu au prix de 18 euros. Hanane Karimi est maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Strasbourg. Dans cet ouvrage, elle propose une réflexion approfondie sur la « nouvelle laïcité », l’islamophobie et l’héritage colonial français.
Le livre est extrêmement bien sourcé et mobilise de nombreux points de vue historiques et sociologiques. Elle l’enrichit également d’entretiens sociologiques menés avec des femmes voilées ou anciennement voilées, de tous âges et de diverses catégories socio-professionnelles. Elle y ajoute aussi son propre vécu de femme musulmane.
Je trouve que c’est un livre qui se lit relativement facilement et rapidement. Il est très accessible. Lorsqu’on est une femme voilée, on n’y apprend pas forcément énormément de choses, mais il peut être particulièrement instructif pour des femmes non voilées qui s’intéressent au sujet.
La seule partie qui m’ai moins plu concerne le passage sur les femmes qui ont retiré leur voile ou qui souhaitent le retirer. Je ne m’y suis pas retrouvée et je n’ai pas trouvé cette section indispensable. Cependant comprends toutefois que cela fasse partie de la réalité d’un certain nombre de femmes et que, dans un ouvrage sociologique, il soit nécessaire d’en rendre compte.
Une lecture super intéressante mais un peu trop complexe pour moi ! Il y avait beaucoup de termes assez pointus qui n'ont pas vraiment été définis ou expliqués ; MAIS c'est tout de même un essai très bien structuré et le sujet est quand même vachement intéressant et peu analysé dans le féminisme contemporain, donc ça reste un livre qui fait plaisir. ✨
J’ai adoré ce livre. L’Islamophobie est controversé et en tant qu’allié.es, je trouve qu’il est extrêmement important de s’informer pour combattre les préjugés et la désinformation qui circulent dans les médias.
j’ai pas aimé du tout et je comprend pas pourquoi (je pense que c’est parce que j’avais beaucoup beaucoup d’attentes vis-à-vis de lui) (il faudrait que je le relise pour voir si aujourd’hui je changerais d’avis)
“Les femmes musulmanes ne sont-elles pas des femmes ?” est la question que l’auteur a travers son expérience dans les cercles féministes parle de l’ostracisation des femmes musulmanes dans les cercles féministes en France mettant en avant l’islamophobie et le racisme qu’elles subissent au nom de la laïcité en plus parfois même du poids social dont elles font l’objet au sein de leur propre communauté.