Rayon : Histoire Editeur : Fayard Date de parution : 1988 Description : In-8, 660 pages, broché, occasion, très bon état. Envois quotidiens du mardi au samedi. Les commandes sont adressées sous enveloppes bulles. Photos supplémentaires de l'ouvrage sur simple demande. Réponses aux questions dans les 12h00. Librairie Le Piano-Livre. Merci. Référence catalogue X583. Please let us know if you have any questions. Thanks
Elisabeth Badinter is the acclaimed author of three seminal works on feminism—The Myth of Motherhood, Wrong Turn, and Masculine Identity—which have been translated into fifteen languages. Badinter teaches philosophy at the école Polytechnique in Paris, where she lives.
Passionnante biographie sur la vie d'un brillant esprit des Lumières. Ami intime de D'Alembert, proche de Voltaire, compagnon de Turgot, dernier des Encyclopédistes, cet académicien se mue peu à peu en politique qui accompagne les premiers pas de la Révolution. Défenseur de l'abolition de l'esclavage, de la peine de mort, fervent féministe, il dresse le portrait de notre Ecole républicaine avant de voir impuissant la Terreur balayer Paris et la France.
On pourrait appeler cette jolie biographie : « Portrait d’un homme doux. »
J’ai apprécié la précision didactique et la clarté des explications des biographes, ceux-ci nous faisant voyager de la Législative à la Constituante jusqu’à la Convention avec aise.
Il est difficile de ne pas être ému aux larmes alors qu’on traverse le périple triste et désespéré d’un républicain idéaliste, philosophe et accablé. Il a pensé l’école républicaine, il s’est battu pour les droits de tous et de toutes, il a proposé le salaire indexé sur l’inflation - notre justice sociale lui doit beaucoup - mais il n’a pas pu raisonner avec la vague enragée des massacres de Septembre, incarnée ici sous les traits rancuniers d’un Robespierre implacable.
Cet évangile du philosophe est aussi beau que touchant. On lit la vie juste de ce mathématicien timide comme on lirait l’appel plein d’espoir d’un frère perdu dans la tumulte. C’était un homme bon.
Cependant, il est intéressant de noter que chaque livre racontant la Révolution se doit toujours de la transformer en récit, distribuant à loisir les bons et mauvais rôles. Ce livre dépeint Robespierre sous les traits de la Mort alors que d’autres feraient de lui un révolutionnaire exigeant et nécessaire.
Condorcet, lumineux et abreuvé d’utopie, ne nous fournit qu’une clef. La Révolution Française, déjà si lointaine, reste cette porte aux mille serrures, entrouverte mais toujours résistante face à nos tentatives répétées de l’ouvrir franchement.
Biographie très riche, extrêmement bien documentée, écrite d'une belle plume et agréable a lire. Reste très factuelle et s'attache surtout aux actions "publiques" de Condorcet : on voit peu l'homme, sa vie privée, ses possibles états d'esprits et émotions.
1743 - 1794
D'abord mathématicien (parmi les meilleurs dr son temps, c'est comme ca qu'il entre a l'Académie des Sciences), avant de devenir philosophe / Encyclopédiste au contact de ses pairs. Très proche de Turgot, Voltaire et surtout d'Alembert (ses "trois pères"). Athée voire anticlérical, il s'engage d'abord dans des combats contre des erreurs judiciaires avec Voltaire notamment. Conseiller de Turgot pendant son Ministère aux Finances (fin des années 1770). Mariage avec la brillante Sophie de Grouchy en 1786, date a partir de laquelle il s'engage fortement contre les Parlements, dès le début des luttes d'influences entre ceux-ci et la cour, qui mèneront a la convocation des Etats Généraux.
Très engagé dès 1789 pour la défense du Tiers Etat, la réduction des inégalités et la fin des privilèges. Devient un des tout premiers partisans d'une République (dès 1790 - 1791), impliquant une déposition du roi qui n'était pas du tout envisagée (ni populaire) à ce stade. Pas élu dans la première Assemblée Nationale (la "Constituante"), est qd même influent par ses écrits, son aura et surtout ses amis proches qui jouent tous les premiers rôles et l'écoutent bcp. Élu en 1791 pour la deuxième assemblée (la Législative), s'engage pour ses causes, souvent a contre-courant : République, abolition de l'esclavage, droit des femmes, etc. "L'intellectuel devient politique" : se lance dans les combats et polémiques, surtout aux côtés des Girondins (contre les Feuillants / royalistes a droite, et les Jacobins / Montagnards à gauche). Les conflits politiques s'intensifient dans une Assemblée paralysée et la tension monte alors que la France est en passe d'être envahie.
Le 10 août 1792, un soulèvement populaire (sous l'impulsion des Jacobins) dépose et emprisonne Louis XVI. La veille, la Commission présidée par Condorcet n'avait pas voulu le destituer (l'assemblée y étant défavorable...). S'ensuivent en septembre une série de massacres contre lesquels Condorcet et les Girondins ne peuvent même pas s'exprimer.
La chute du roi et la disparition des Feuillants provoque une nouvelle élection qui débouche sur une grande victoire des Girondins, dont Condorcet qui est très respecté. Mais cette assemblée (la Convention) est extrêmement polarisée et violente. Il essaye d'adopter un positionnement neutre puisqu'il s'éloigne des Girondins (dont il reste ami) et partage bcp + les idées des Montagnards. S'isole donc et perd énormément d'influence, ne suit ni l'un ni l'autre parti sur aucun des votes cruciaux. Vote contre la peine de mort du roi, uniquement par principe anti peine de mort. Mauvais orateur et fragile de santé, ses travaux (projet de Constitution, plan pour l'éducation, etc.) sont victimes des conflits politiques et restent bloqués. S'est tellement éloigné des Girondins qu'il n'est même pas évoqué en mai-juin 1793, lors de la prise de pouvoir des Montagnards qui provoque leur arrestation et leur exécution (début de la Terreur). Mais il critique violemment ces événements et est condamné a son tour : il se cache et vit reclus pendant 2 ans, reprend l'écriture (Esquisse du tableau des progrès de l'esprit humain) et meurt anonymement après avoir été arrêté en 1794 après avoir tenté de s'enfuir pour protéger celle qui le cachait.
Un des tous premiers défenseurs de l'égalité hommes / femmes et pour l'égalité entre toutes les races (à commencer par la fin de l'esclavage), athée et défendant la liberté de tous les cultes dès sa jeunesse, opposant a la peine de mort : le dernier représentant des Lumières, au milieu de la Révolution qu'il a contribuer a guider à ses débuts, par ses principes et ses projets.
They also believed that the constant progress of reason could bring mankind to an age completely free from obscurantism and superstition, and we have clearly seen its bankruptcy. An 18th-century intellectual who adhered to his conscience would probably have ended well, or even at worst in imprisonment or exile, had he been caught up in the frenzied partisan attacks of the revolutionary era; but once involved in the madness of the revolutionary era, such a man had no way to put political considerations above moral judgment, and was bound to end up offending everyone, including his former comrades. After all, he is loyal only to the principles of reason, always to the matter and not to the person, while the political struggle is only to see the position and camp. For those who know the end, the whole process is like watching Schiller's tragedy, which slides irrevocably and speedily from the top to destruction from the very beginning. I think his most painful moment was not even his own arrest, but that moment when he learned of the collective execution of his close friends from the Gironde faction. What seemed to ring in my ears was the theme of Stendhal's "Red and Black", which kept vibrating and echoing like a flood of coccyxes.
Condorcet was way ahead of his time, anticipating numerous emancipation and human right acts such as abolition of slavery, of death penalty, feminism, right for instruction, you name it. For these he stood in his social activities. Alas, the revolution engulfed him like just like chemist Lavoisier and other righteous people. The book is light to read, and while reading it, one has also a refreshing summary of the events right before and up to 1794.
Une biographie captivante sur un homme admirable, savant, philosophe, ami des hommes et du genre humain (le droit de vote des femmes au 18ème !) qui conservera un comportement admirable au milieu des affres de la révolution ! Qu'il est beau de nommer un lieu d'enseignement "Condorcet". Je ne passerai plus à Bourg la reine sans penser au Grand Homme, jeté anonymement dans une fosse commune...