Porphyre de Tyr, philosophe né au IIIᵉ siècle de notre ère, éditeur et commentateur de Plotin, écrit la Lettre à Marcella alors qu'il quitte sa femme pour un long voyage après seulement quelques mois de vie commune. Son texte est autant une consolation qu'une suite de conseils philosophiques et moraux, destinés à tous ceux qui, comme Marcella, veulent défendre la philosophie comme source de bonheur et d'élévation. La Vie de Pythagore, une biographie qui relève de la rhétorique de l'éloge, se veut quant à elle un manuel de vie dont les leçons portent sur le rapport à la cité humaine, aux autres êtres vivants, au monde et au divin en général. Chacun à leur manière, ces deux textes dessinent un idéal de vie heureuse tel que pouvait l'entendre la philosophie néoplatonicienne. Devenir vertueux, c'est se détacher du monde et cheminer vers sa véritable demeure, l'intellect divin.
Ce livre rassemble deux des rares ouvrages de Porphyre qui nous soient parvenus presque dans leur totalité : une Vie de Pythagore qui formait le début d’une vaste histoire de la philosophie, et une lettre adressée à sa femme (mais aussi destinée à d’autres lecteurs) afin d’exhorter les disciples de l’école dite néoplatonicienne à persévérer dans la voie de la philosophie. Ce sont donc deux ouvrages fondamentaux, l’un plongeant aux sources des philosophies antiques et l’autre présentant de façon détaillée quel pourrait être leur aboutissement, ou du moins l’une des voies justes pour exalter la nature divine de l’âme humaine. C’est un chemin très spirituel que propose Porphyre, trop sans doute pour ses contemporains qui lui préféreront les facilités du christianisme ou d’une version plus « magique » des doctrines de Plotin avec la theurgie de Jamblique. Il faut souligner la grande qualité de cette édition, bien soutenue par un appareil critique à la fois clair et savant, et des notes qui permettent d’éclairer des textes qui seraient sinon obscurs pour des non-spécialistes.