Je suis le fils d’un salopard qui m’aimait. Mon père était un marchand de meubles qui récupéra les biens des juifs déportés. Mot par mot, il m’a fallu démonter cette grande duperie que fut mon éducation. A vingt-huit ans, j’ai connu une première crise de délire, puis d’autres. Je fais des séjours réguliers en hôpital psychiatrique. Pas sûr que tout cela ait un rapport, mais l’enfance et la folie sont à mes trousses. Longtemps je n’ai été qu’une somme de questions. Aujourd’hui, j’ai soixante-trois ans, je ne suis pas un sage, je ne suis pas guéri, je suis peintre. Et je crois pouvoir transmettre ce que j’ai compris. G . G. Un livre qui a la puissance d’un roman, traversé par l’antisémitisme, les secrets de famille, l’art, la folie et l’amour. Un autoportrait bouleversant.
L'intranquille réunit des thèmes que j'adore : "Dieu, famille, folie", tout un programme. Fils d'un antisémite notoire s'étant engraissé des rafles la Seconde Guerre Mondiale, Gérard Garouste se tire le portrait avec beaucoup de simplicité : la terreur qu'entretenait son père à la maison, les escapades salutaires chez son oncle marginal, la fascination qu'exerce sur lui le judaïsme, son ascension comme artiste international... et les coups de folie, qui le frappe à intervalles réguliers. J'ai beaucoup apprécié les développements sur le judaïsme, sur la langue hébraïque et de manière générale la spiritualité qui traverse son autoportrait. Le récit de ses crises de démences sont à la fois drôles et touchantes. Tout ne m'a pas porté mais le récit est pétri de sincérité : si vous aimez la psychanalyse (et la peinture), ce livre vous plaira.
I gave this book four stars because it takes a lot of guts to thrash out one's intimate dirty laundry especially when daddy was a notorious antisemite who built and expanded the family business during the Vichy years stocking confiscated Jewish-owned furniture and other decorative objects removed during the German-occupation period.
The aggrieved abused son ends up marrying a Jewish woman, steeps himself in Ancient Testament, learns how to paint and becomes a famous artist.
Worth noting: one of his boarding school mates was Patrick Modiano, who also became famous channeling family angst and antisemitic collaborator Jewish father craziness into a successful literary career. How coincidental is that?
Grâce à Garouste j'ai récupéré ma personalité d'enfant, celle qui était renfermée, antisocial, préocuppée que par ses jeux mentales et ses obsessions, s'en foutant du monde, des gens et de l'humeur facile qui toujours m'a poussé vers une position difficile à gérer... J'ai revu l'infant qu'il y a toujours dans mon être. J'ai revu mon enfance, ma relation avec mon père, avec le catéchisme et la religion, avec Dieu, avec l'art et avec la follie. J'ai rédécouvert la passion et una manière alternative de vivre, différente à celle que j'ai souvent prise, mais surtout dépuis une année. Gérard, très humain, c'est-à-dire visiblement très hônnete, nous raconte son histoire de vie, comme fils, comme artiste, comme fou. J'ai vu plusiers vérités se dévoiler sous mes yeux en lisant ce livre passionant, qui commence un peu lentement mais qui prend un rhytme vertigineux et toujours lucide. L'art, encore une fois, a sauvé quelqu'un de la follie, c'est-à-dire, de la vérité nue, celle que les "sains d'esprit" n'osent jamais à regarder dans les yeux.
"Le délire est un refuge". Voilà ce que Artaud disait aussi.
Et voilà quelques citations :
"L'antisémitisme de mon père, comme souvent l'antisémitisme, était teinté d'admiration, et son ressentiment un effet de la peur"
"Dès que je lui tendais un miroir, il le retournait contre moi"
"Il avait peur de me gêner. Il me rangeait peut-être armi tout ces adultes qui oublient leur enfance. Il ne mesurait pas à quel point, des années auparavant, il avait inscrit en moi la possibilité d'une vie loin du monde des apparences. Casso était un artiste qui s'ignorait"
"La marginalité de l'artiste peut devevnir une convention sociale"
"Le peintre a joué avec ses traits comme avec son mensonge. J'aime l'idée qu'on représente une chose et qu'on en raconte une autre"
""C'est parce que le langage est fermé sur lui-même que l'écrivain peut créer", disait Roland Barthes."
"Il savait que la qualité d'une vie se mesure à la didstance d'un père à son fils"
"... mais le lient légendaire entre la folie et l'art s'est trop souvent changé en un raccourci romantique. Le délire ne déclenche pas la peinture, et l'inverse n'est pas plus vrai. La création demande de la force. L'idéal du peintre n'est pas Van Gogh, s'il n'avait pas mis fin à ses jours, il aurait fait de tableaux plus extraordinaires encore. L'idéal, c'est Vélasquez, Picasso, qui ont construit une oeuvre et une vie en même temps. Pourquoi un artiste n'aurait-il pas droit, lui aussi, à l'équilibre?"
""Un fou n'est pas quelqu'un qui a perdu la raison, mais quelqu'un qui a tout perdu sauf la raison""
"Ils riaient d'eux-même pour ne pas laisser ça aux autres"
"Les artistes sont aujourd'hui comme les alpinistes une fois l'Everest vaincu. Ils peuvent décider de monter sans cordes ni piolet, à reculons, torse nu, surenchérir toujours sur la performance. Ou au contraire mettre leurs pas dans ceux des maîtres, chercher leurs propres sensations, leurs propres vibrations sur le toit du monde"
"Je vis dans un pays aux idées très arrêtées, accroché à son concept d'avant-garde. Je ne peux effectivement pas le représenter, je ne crois plus à ce mot, ni au mot "moderne" ou "original". C'est devenu une recette, on s'installe dans l'originalité, on est acheté à Beaubourg et on rentre dans la nouvelle académie du XXe siècle, où le discours fait l'oeuvre. l'avant-garde au musée n'est plus une avant-garde ! La provocation n'est plus une provocation si elle est à la mode ! La France entretient pourtant cette idée comme une vieille mariée, parce qu'elle se flatte et se repent en même temps d'avoir abrité et méprisé les impressionistes, une bande d'Indiens géniaux qui fréquentaient le même quartier, les même cafés et s'échangeaient leurs toiles faute de les vendre. Comme toujours elle campe sur son histoire, et, d'une révolution pleine de sens, cent ans plus tôt, elle a fait un dogme. Tout ça se termine en un circuit où les coteries et la spéculation vont bon train, où l'empire du luxe, avec la connivence de l'état, achète et revend des millions d'euros des oeuvres qui ne dérangent personne."
"Mais je me méfie de la beauté, c'est du bluff, une manipulation qui peut laisser totalement passif celui qui le regarde. Je préfère lui suggérer une question..."
Il m'a apris aussi ce qui est un repentir dans la peinture.
For bipolar and curious people, in French. Reading recommended by another bipolar patient not well compensated. A beautiful autobiographical story articulated between the relationship with the father, religion and the search for oneself. Well written, interesting, it can be read easily and without getting bored. Difficult childhood, difficult adolescence, entry into the adult world marked by misunderstanding and the endless search for oneself. The author makes us discover his universe starting from childhood and the relationship with his father up to the development of a manic phase and the entrance in the world of madness, the world of hospitals, the get-in and get-out typical of patients with a severe disorder that perhaps would require more energetic therapies (but by the way we can't make too many assumptions without knowing the author's therapies in full), followed by the descent into the hell of depression. The author describes well and with vivid memory what happens to his mind, thoughts, emotions, fear, madness and he does so by retracing his origins almost in a cathartic way to distance himself and characterise himself as an individual. One of the most profound read, capable of making people understand the states of mind when one is no longer themselves. I recommend it to anyone interested in bipolar disorder, simply curious or patient.
Pour bipolaires et curieux. Lecture recommandée par un autre patient bipolaire pas bien compensé. Une belle histoire autobiographique articulée entre la relation au père, la religion et la recherche de soi. Bien écrit, intéressant, il se lit facilement et sans s'ennuyer. Enfance difficile, adolescence difficile, entrée dans le monde adulte marquée par l'incompréhension et la recherche sans fin de soi. L'auteur nous fait découvrir son univers depuis l'enfance et la relation avec son père jusqu'au développement d'une phase maniaque et l'entrée dans le monde de la folie, le monde des hôpitaux, le va-et-vient typique des patients atteints d'un trouble sévère qui nécessitent des thérapies plus énergétiques (mais sur ce point on ne peut pas juger sans connaitre les thérapies de l'auteur dans son intégralité), suivies de la descente aux enfers de la dépression. L'auteur décrit bien et avec une mémoire vive ce qui arrive à son esprit, ses pensées, ses émotions, sa peur, sa folie et il le fait en retraçant ses origines presque de manière cathartique pour se distancier et se caractériser en tant qu'individu. L'une de lectures les plus profondes et capables de faire comprendre les états d'esprit quand on n'est plus soi. Je le recommande à toute personne intéressée par le trouble bipolaire, simple curieuse ou patiente.
Per bipolari e curiosi. Lettura consigliata da un altro paziente bipolare non ben compensato. Un bel racconto autobiografico articolato tra la relazione con il padre, la religione e la ricerca di sé stesso. Ben scritto, interessante, si legge facilmente e senza annoiarsi. Infanzia difficile, adolescenza difficile, l’ingresso nel mondo adulto segnati dall'incomprensione e dalla interminabile ricerca di sé. L’autore ci fa scoprire il suo universo partendo dall’infanzia e la relazione con il padre fino allo sviluppo di una fase maniacale e l’ingresso nel mondo della pazzia, nel mondo degli ospedali, nell’andare e venire tipico dei pazienti con un disturbo severo che forse necessiterebbe di terapie più energiche (ma su questo non ci si può sbilanciare non conoscendo per intero le terapie dell’autore), seguito dalla discesa nell’inferno della depressione. L’autore descrive bene e con vivida memoria quello che succede alla sua mente, i pensieri, le emozioni, la paura, la follia e lo fa ripercorrendo le sue origini quasi in maniera catartica per prenderne le distanze e caratterizzarsi come individuo. Una delle letture più profonde e capaci di far capire gli stati della mente quando non si è più se stessi. Lo consiglio a chi è interessato al disturbo bipolare, semplice curioso o paziente.
He terminado de leer "El intranquilo: Autorretrato de un pintor, de un hijo, de un loco" de Gérard Garouste (Paris, 1946) y Judith Perrignon, un libro conmovedor y desgarrador que alterna entre la autobiografía del pintor francés Gérard Garouste y una reflexión sobre su locura, el arte, la familia y los secretos que determinan su vida, que, al final, es también nuestra vida. Escrito en colaboración con la periodista Judith Perrignon, el texto es poético y crudo, ofreciendo un retrato íntimo y sin concesiones de la vida de uno de los artistas contemporáneos más importantes de Francia.
Garouste quien en la actualidad se define a sí mismo como un maniaco depresivo que se adapta cada día, nos lleva en este libro a los rincones más oscuros de su mente y de su historia, desde su infancia marcada por un padre autoritario, antisemita, lleno de prejuicios y muy abusivo, quien dejó una profunda huella en su forma de entender el arte, hasta sus años de lucha con trastornos mentales, incluyendo episodios de psicosis que lo llevaron a estar internado en repetidas ocasiones. Sin embargo, lo que hace de este libro algo memorable es su capacidad para transformar el dolor en arte, explorando cómo la creación artística puede ser un medio para exorcizar los demonios internos. Con un título que no podría ser más acertado, este libro no es solo un autorretrato físico, sino también emocional y espiritual, lleno de intranquilidad y de la búsqueda de la paz.
Es un libro que aborda temas como la herencia familiar, el peso del pasado y la redención a través del arte. La manera en que Perrignon escribe ayuda a estructurar y dar forma a los pensamientos de Garouste, logrando un equilibrio entre lo íntimo y lo reflexivo. Invita no solo a comprender al hombre detrás del artista, sino también a reflexionar sobre cómo enfrentó su sombra. Se explora el proceso de sanación mediante la pintura, la filosofía y la interpretación de la religión, así como su relación con su esposa, quien se convierte en el pilar y soporte que lo salva de su hundimiento mental.
La pintura de Gérard Garouste se enmarca dentro de los estudios talmúdicos, la literatura y la religión, y sus obras son mayormente de gran formato. Todas ellas invitan a la reflexión y reflejan las vivencias que se narran en su biografía. Franz Kafka resulta ser una de sus inspiraciones, mientras que discrepa de artistas como Marcel Duchamp. Lo atractivo en su arte es escaso, lo que lo convierte en uno de los transgresores contemporáneos más destacados de Francia.
"El intranquilo" es mucho más que una autobiografía sobre un artista y su locura; es un viaje al corazón de la creación, un testimonio de la intensa lucha contra la enfermedad mental y un libro conmovedor sobre cómo el pasado nos define, pero no nos condena. Es una obra imprescindible para los amantes del arte, la psicología y la creación.
Une très agréable autobiographie du peintre français Gérard Garouste. Les passages sur son enfance notamment auprès de son oncle et sa tante en Bourgogne sont remarquables.
Touchant, de sincérité et transparence, de travail pour amener en mots simples une complexité intérieure exacerbée. Travail, beaucoup de travail. Merci, j’ai aimé vous découvrir autrement.
"autoportrait d'un fils, d'un peintre, d'un fou": tout est dit dans le sous-titre. Une plongée intéressante dans les arcanes du marché de l'art et des hopitaux psychatriques, qui pose la question de la folie créatrice. Une (auto)biographie encore plus appréciable sans doute lorsqu'on connaît l'oeuvre de Gérard Garouste.
I saw this book in one of my newspapers and I found it in my bag at a Profamille formation. Extraordinary for me to read the conflicted relationship father-son and the repurcussions.