Pourquoi la souveraineté du Québec a-t-elle échoué?Quelles sont les conséquences de cet échec?Le malaise politique québécois correspond à l’échec du projet politique au cœur de la Révolution tranquille, soit la souveraineté du Québec. Dans ce livre, Mathieu Bock-Côté décrypte la crise politique québécoise à la lumière des tendances historiques et sociologiques lourdes qui ont fait le Québec depuis cinquante ans.La société québécoise termine douloureusement le cycle historique ouvert par la Révolution tranquille. L’espace politique est en pleine métamorphose. Les idéologies auxquelles nous étions habitués semblent frappées de désuétude. Les Québécois veulent du changement. Changer pour quoi? Ils ne le savent pas trop, mais une chose est certaine, ils veulent changer d’époque. Partout, un sentiment d’impuissance se propage, alimenté par un cynisme généralisé. Et un pessimisme mortifère gagne la conscience collective. Un peuple n’échoue pas son indépendance sans en payer le prix. Le Québec actuel est moins à rêver qu’à réparer, à rebâtir ses assises, à retrouver le sens d’une certaine continuité. L’auteur cherche à voir ce qui, dans cette fin de cycle, permet d’espérer un ressaisissement du Québec. Fin de cycle est certes un livre pessimiste, mais non défaitiste. Il s’agit d’un exercice de lucidité politique de la part d’un souverainiste qui constate que le grand projet qui était le sien a échoué. Un ouvrage qui risque fort d’enflammer les discussions.
Il s'agit d'un essai qui se penche sur les causes et les impacts politiques du malaise québécois, ce sentiment d'impuissance collective qui anime la nation québécoise. Néanmoins, le propos tend à glisser rapidement vers un certain populisme de droite alors que le clivage entre le peuple et les élites intellectuelles (intelligentsia) est bien mis en évidence, puisque l'auteur rappelle la crise des accommodements raisonnables et les critiques du multiculturalisme. Il y aurait ainsi au Québec un « consensus progressiste » qui asphyxie la société et qui cause quantité de maux socio-économiques : une bureaucratie excessive, un corporatisme inacceptable, une transformation de l'école en laboratoire idéologique au profit des théoriciens de l'égalitarisme radical, etc. Après avoir posé l'existence de tous ces problèmes sociaux, l'essayiste fait en sorte que le conservatisme paraît être une piste de solution attrayante : conservatisme qui aurait tombé en disgrâce à cause du mythe de la Grande Noirceur et qui se définit comme un scepticisme devant l'idéologisation radicale de l'existence. Bref, alors que des ingénieurs sociaux tentent de reconstruire idéologiquement nos milieux de vie et que les politiciens veulent politiser intégralement l'existence humaine, le conservatisme serait un retour du scepticisme devant ces idéologies pernicieuses.
L'essai est intéressant, voire divertissant, mais il bute principalement sur deux difficultés : d'une part, l'essayiste multiplie les termes qu'il ne définit pas (hyperdémocratie, rupture épistémologique avec la société québécoise, gauche postmoderne, etc.), d'autre part, la théorie du « consensus progressiste » fait du nationalisme conservateur une victime de l'histoire, ce qui est loin d'être évident en soi. L'auteur multiplie les généralisations, notamment en rappelant les nombreux fantasmes de l'élite intellectuelle, ce qui peut laisser penser au lecteur que l'essai n'est lui aussi qu'un fantasme de la part d'un autre intellectuel de cette intelligentsia québécoise...
Essai très intéressant et critique sur l'héritage de la révolution tranquille. L'auteur a une profonde connaissance de la société québécoise et il nous fait réfléchir au futur en analysant le passé.