Hugo écrit Les Contemplations en 1856 alors qu'il vit un exil politique (thème qu'il abordera dans Les Châtiments). Il vit aussi depuis plusieurs années un exil intérieur qui hante Les Contemplations. Composées de deux parties distinctes, "Autrefois" et "Aujourd'hui", Les Contemplations est la première œuvre poétique maîtresse d'Hugo, plus de dix mille signes jetés à la face de la mer et du ciel sur l'île de Jersey. Marqué à tout jamais par la mort de sa fille Léopoldine, Hugo annonce dans sa préface qu'on ne peut réconcilier ces deux parties : "un abîme les sépare, le tombeau". Les plus beaux poèmes d'Hugo sur la force de la nature, la nostalgie de l'enfance et la fatalité de la mort se trouvent dans Les Contemplations. Ils sont indépassables. Dans cette œuvre en vers, Hugo joue d'une variété de rythme et de ton assez incroyable. Classique par moment, romantique, sage parfois, vénérant ses maîtres Gautier, Le Conte de L'Isle ou Banville, romantique déchaîné souvent comme dans "Réponse à un acte d'accusation" – poème que l'on peut considérer comme la profession de foi romantique d'Hugo – partout et tout le temps, Hugo réinvente l'acte de création poétique. Ce que dit "La bouche d'ombre", poème de huit cents vers, nous fait atteindre un degré supérieur dans l'ordre de la vision poétique. Le verbe d'Hugo se transforme en traité cosmogo-théologico-moral. "Dieu dictait, j'écrivais", constate logiquement Hugo à la fin du recueil. Aujourd'hui encore, après que Rimbaud, en lisant Les Contemplations, l'a considéré comme "le premier des voyants", que les surréalistes l'ont intronisé maître, Hugo continue d'impressionner par l'envergure de son génie protéiforme. --Denis Gombert
After Napoleon III seized power in 1851, French writer Victor Marie Hugo went into exile and in 1870 returned to France; his novels include The Hunchback of Notre Dame (1831) and Les Misérables (1862).
This poet, playwright, novelist, dramatist, essayist, visual artist, statesman, and perhaps the most influential, important exponent of the Romantic movement in France, campaigned for human rights. People in France regard him as one of greatest poets of that country and know him better abroad.
"Les Contemplations" is a profession of faith by a committed poet and man. Hugo denounces poverty and child labor. Yet, the book is also a cry of suffering from a father wounded and bruised by death's experience. Therefore, it is his particular story that Victor Hugo tells us, but it is intended to be universal. The poet does not understand it otherwise when he specifies in his preface: "When I speak to you about myself, I speak to you about you".
Victor Hugo, figure immense du romantisme littéraire et politique, écrivain universel, embaumé et panthéonisé pour l’éternité tel un pharaon tricolore, a écrit dans tous les genres, théâtre, roman, poésie, avec un même souffle. Il n’a jamais écrit d’autobiographie, cependant. Les Contemplations sont ce qui se rapproche le plus du chant de sa vie.
Au plus profond de ce long poème, il y a un petit tombeau, Pauca Meae (Livre IV), ou s’exprime la douleur du poète après la mort accidentelle de sa fille Léopoldine, noyée dans la Seine à la fin de l’été 1843. Les premiers poèmes sont déchirants : « Oh ! je fus comme un fou ». Puis le ton se fait élégiaque, et l’auteur se souvient de Léopoldine dans ses premières années : « Elle avait pris ce pli dans son âge enfantin ». Les poèmes les plus touchant sont sans doute ceux ou le locuteur s’adresse à Dieu : pour le maudire d’abord (Trois ans après), puis pour se réconcilier et se resigner a son sort (À Villequier). Le poème XIV, « Demain, dès l’aube », est célébrissime, mais l’hommage final à son gendre Charles Vacquerie, qui, lui aussi, perit dans ce fatal accident, est sans doute parmi les plus lyriques.
L’un des charmes de ces poèmes du deuil vient sans doute à la fois de leur composition classique et directe et de cette voix intérieure, qui parle à chacun d’une expérience universelle et pourtant chaque fois unique : la perte d’un être cher. Ils s’inscrivent en outre dans une longue lignée littéraire : Jacob pleurant la mort de Joseph (Genèse, 37) ; les lamentations du Livre de Job ; Montaigne se souvenant de La Boétie (Les Essais, I,28) ; Lear pleurant sur le corps de Cordélia ; la chute de cheval d’Albertine dans la Recherche ; Céline et la mort de Bébert dans le Voyage.
Chose frappante : au milieu du XIXème siècle romantique, dans le recueil le plus personnel d’un auteur aussi foisonnant qu’Hugo, au centre exact de ce cyclone littéraire, il y a ce poème intitulé 4 septembre 1843. Un poème vide, un poème silencieux, un poème qui ouvre tout un continent artistique jusque-là inexploré : voir Carré blanc sur fond blanc de Malevitch ou 4’33’’ de John Cage.
Avant la lecture de ce recueil, j'aimais beaucoup les romans de Hugo sans être ébloui par son style. Ces contemplations m'ont fait comprendre pourquoi il occupait une place à part dans la littérature. Les textes sur sa fille décédée sont particulièrement émouvants. Mais tout le livre est envoutant, sensible, délicat, apaisant. C'est un formidable hymne aux Beautés éphémères de la nature, un éloge de la liberté, de la bonté, de la fraternité. Ils donnent envie de laisser s'envoler les mots d'amour vers ceux qui en ont le plus besoin. Ils donnent envie de voir une âme dans chaque chose, de lutter pour les misérables et de continuer à vivre malgré les périodes de profonde mélancolie.
Victor Hugo announced to his editor in 1856 that « Les Contemplations seront ma grande pyramide. » Hugo started writing his first poems in 1834. However it was after the death of his daughter Léopoldine in 1843 that profoundly moved him to develop his great contemplations. In 1852 he fell out of favour with Napoleon III and was banished first to Jersey, then Guernesey off the NW coast of France.
Without a doubt these contemplations on life, death, art, literature, nature and religion are powerful themes in themselves. Creating them in verse elevates everything. The overall work is divided into six books consisting of 25-30 poems. These poems vary in style but fall under these various themes: 1) Aurore (Dawn), 2) L’âme en fleur (The soul in flower), 3) Les luttes et les rêves (The struggles and the dreams), 4) Pauca meae (Things of my daughter), 5) En marche (On the move), and 6) Au bord de l’infini (At the edge of infinity).
We start off reflecting on his immediate world, family and his literary aspects. Hugo established himself as a poet many years before his big epic novels. As we read along the lightness falls away. Life is nasty, short and brutal. He fell into melancholy.*
* Melancholia, based on Dürer’s print and this poem of the same name was the seed for Les Miserable s. p 124
Family members die, especially hard was the death of his daughter. Hugo becomes jaded with politics, history, and the working poor who are pawns for emperors. Although Hugo was Catholic, he loses face with the Church. Things are getting rather bleak.
The last section deals with the apocalypse. His epic poem Les Mages (The Magi) truly brings things to a head. The world was coming apart and evil taking over. Bleak is an understatement.
And yet, through it all, Hugo has some semblance of hope. Throughout the six books, he reflects on the simple life and nature. Hugo loved a pastoral setting. His words shape beautifully. He seem to take life in stride despite it’s challenges. Reflective and contemplative, Hugo comes across much more than just the man who wrote Les Miserables (published only six years later in 1862). He lays himself bare.
« Océans faits des pleurs de tout le genre humain. » (Oceans are made of the tears of all humanity) p. 250
This edition by Folio Classique is full of useful notes, timelines and chronological matters as well as an en lighting introduction by Charles Baudelaire.
Victor Hugo est sans nul doute considéré comme l'un des plus grands poètes de sa génération et même de la littérature française. Je dois dire que j'ai été assez déçue de ce recueil. Oui, il y a des poèmes vraiment magnifiques dont le plus connu "Demain dès l'aube" n'est plus à présenter. Mais la première partie du recueil, Aujourd'hui, m'a semblé très fade. Certains poèmes sont inintéressants, d'autres sont très inégaux (quelques vers magnifiques fondus dans un mélange assez plat). La deuxième partie est beaucoup plus complexe dans la mesure où l'auteur traite de métaphysique. Honnêtement, il s'agit à mon sens d'un recueil qui ne peut se passer pour bien saisir l'ensemble de l'oeuvre de quelques éclaircissements, sous peine de passer à côté des grandes thématiques hugoliennes... Et je suis bien la première étonnée à considérer que Les Contemplations ne sont pas à la portée de tous sans une connaissance du contexte politique de l'époque et des enjeux littéraires d'Hugo.
The white man burden of deciding whether your love poems are about your dead daughter or your mistress. Definitely incredibly universal, feels like he wrote this about me ... , thank you Vicky.
maybe 4,75☆? I don't know why, I feel just a tad hesitant to give this one five stars, even if it's an incredibly beautiful, heart-wrenching and deep classic, and, well, it's Victor Hugo after all.
I'll say that I liked the fourth book better than the fifth. Hugo's poems about grief, and losing his daughter, are among the most beautiful works of literature in French history. Demain, dès l'aube...truly deserves its status of emblem of Romantic poetry, as well as the most well-known and generally loved poem of French literature. There is something peculiar, tranquil and melancholic, about that one poem in particular, that could bring the most Stoic of readers to tears. It's far from the usual elegies and passionate laments of poets, but rather the expression of an appeased yet still dolorous wound, an affliction you have somewhat come to terms with, yet understand will never entirely go away. This one is so atmospheric and moving, making it, for lack of originality from my part, one of my favorites in Hugo's work, and even in all the poetry I've read.
His fictional response to the Marquis de Coriolis d'Espinouse had a lot of sass to it, too. Didn't know our national Victor had it in him.
Poems about everything from flowers to the meaning of the universe. Unbelievably moving poetry (book IV is guaranteed to make you weep) side by side with the mundane. Hugo is a great poet in a nation of great poets. He might even be the most innovative and profound of all French poets, without whom there would be no Baudelaire, Mallarmé, Rimbaud, Verlaine, Apollinaire, Aragon, Prévert, Brassens, and NTM. And to think that to this day he is still being poo-pooed by the French intelligentsia, who probably don't even read him, makes it even more enjoyable to explore the vast body of work he left behind (they can keep their Yves Bonnefoy and André du Bouchet.) The common fallacy that real poets die young is belied here by the fact that Hugo wrote one of his poetic masterpieces well into his fifties. And his muse was far from being spent. He still had Les Miserables, L'Homme qui rit, Les Travailleurs de la mer, La fin de Satan, and a 1000-page history of humanity in rhyming couplets to write, among other things.
Ces poèmes sont bien évidemment magnifiques. Tous ceux sur Léopoldine sont superbes et terribles. Mais je dois avouer que je n'aime pas particulièrement la poésie et que je n'ai pas su apprécier les autres... "Ouvre tes mains, et prends ce livre : il est à toi, Ce livre où vit mon âme, espoir, deuil, rêve, effroi, Ce livre qui contient le spectre de ma vie"
finally done !! it was beautiful, i love the writing of victor hugo, and i think my favorite "books" of this book, is the number three (mostly the end) and the four
Quel sublime recueil qui nous fait découvrir Victor Hugo triste après la mort de fille aînée en 1843 se réfugiant dans le lyrisme et la nostalgie mariant l'amour et la nature à la mélancolie. J'ai été profondément touchée par tous les poèmes écrits sur sa fille, notamment demain des l'aube que j'avais découvert en primaire dans le livre de lecture et qui est l'une des raisons derrière ma lecture du recueil.
Le recueil est divisé en deux parties : Autrefois (1830-1843) et Aujourd'hui (1843-1855), soit les douze années qui précèdent la mort de sa fille, et les douze années qui la suivent
Les thèmes récurrents sont donc la souffrance et l'expression des sentiments, la nostalgie, l'amour, les passions, la mort. Le lyrisme est très présent. Le recueil répond bien à ces règles du romantisme, exaltant l'angoisse, la peur, la mort, mais proposant aussi l'espoir et la lumière.
Les Contemplations and especially Pauca Meae spoke to me so much. The way Victor Hugo is able to describe his daughter death, the emptiness of the loss, the way he can't fill this void of his soul was so realistic.
Pauca Meae is dedicated to his dead daughter Leopoldine Hugo, who died drowning. He tries to establish a way to communicate with her and speaks directly to her through this book.
The beginning is so dark, and we can feel that he is getting through the 5 steps of grief more and more as the book continues. And there is a long way before reaching acceptance.
The most difficult and at the same time most touching poem is Demain dès l'aube, when he describes going to his daughter's grave.
If you have the opportunity to read it in french, I would advise you to do so, it's really worth it.
L'éternel est écrit dans ce qui dure peu; Toute l'immensité, sombre, bleue, étoilée, Traverse l'humble fleur, du penseur contemplée; On voit les champs, mais c'est de Dieu qu'on s'éblouit.
Le lys que tu comprends en toi s'épanouit; Les roses que tu lis s'ajoutent à ton âme. Les fleurs chastes, d'où sort une invisible flamme, Sont les conseils que Dieu sème sur le chemin; C'est l'âme qui les doit cueillir, et non la main.
L'influence du romantisme se voit tout au long du recueil, ce qui m'a plu. Néanmoins des poèmes sont beaucoup trop longs pour ce qu'ils signifient ce qui est perturbant pour suivre la lecture et comme le dit Victor Hugo les événements de sa vie qui sont décrits dans ce recueil. Finalement c'était ennuyant.
Je ne l’ai pas lu de la bonne manière étant donné que je l’ai lu d’une traite (par manque de temps, puisque c’est pour les cours). Il aurai été préférable de lire quelques poèmes par quelques poèmes, j’aurais sûrement plus apprécié, cependant le lire n’a pas été totalement déplaisant
J'ai retrouvé mes poèmes préférés de V. Hugo et j'en ai découvert des nouveaux ! J'ai particulièrement apprécié ceux traitant du deuil, de la mort. Ils sont d'une triste beauté et justesse. Bien sûr, y a certains de ses poèmes qui ne m'ont procuré aucune émotion, ou qui sont looong et je finissais par être perdue. Mais ce n'est qu'un détail. J'ai beaucoup apprécié cette lecture !
Réponse à un acte d’accusation Oui, de l’ancien régime ils ont fait tables rases, Et j’ai battu des mains, buveur du sang des phrases, Quand j’ai vu par la strophe écumante et disant Les choses dans un style énorme et rugissant, L’Art poétique pris au collet dans la rue, Et quand j’ai vu, parmi la foule qui se rue, Pendre, par tous les mots que le bon goût proscrit, La lettre aristocrate à la lanterne esprit.
Et c’est, ô noir poëte à la lèvre irritée, Sur ton crâne géant qu’est cloué Prométhée.
Le poëte a saigné le sang qui sort du drame ; Tous ces êtres qu’il fait l’étreignent de leurs nœuds ; Il tremble en eux, il vit en eux, il meurt en eux ; Dans sa création le poëte tressaille ; Il est elle, elle est lui ;
Il faut que le poëte, épris d’ombre et d’azur, Esprit doux et splendide, au rayonnement pur, Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent,
Le genre humain pensif – c’est ainsi que nous sommes – Rêve ébloui devant l’abîme des grands hommes. Ils sont, telle est la loi des hauts destins penchant, Tes semblables, soleil ! leur gloire est leur couchant ; Et, fier Niagara dont le flot gronde et lutte, Tes pareils : ce qu’ils ont de plus beau, c’est leur chute.
Mes vers fuiraient, doux et frêles, Vers votre jardin si beau, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l’oiseau. Ils voleraient, étincelles, Vers votre foyer qui rit, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l’esprit. Près de vous, purs et fidèles, Ils accourraient nuit et jour, Si mes vers avaient des ailes, Des ailes comme l’amour.
Penchée, elle m’offrait la cerise à sa bouche ; Et ma bouche riait, et venait s’y poser, Et laissait la cerise et prenait le baiser.
Bien que la poésie ne plaise pas à tout le monde (moi la première), « Les Contemplations » ne peuvent que vous plaire. Ce recueil de poème autobiographique livre les réflexions et les pensées les plus profondes et intimes de Victor Hugo, mais également de ses lecteurs car, comme il le dit si bien dans la préface : « quand je vous parle de moi, je vous parle de vous ». Un réel coup de cœur qui m’a fait aimer la poésie, bien qu’il soit parfois difficile de rester focalisé pendant de longues durée (d’où les 4 étoiles). En tout cas, je vous le conseille vivement !!
Hommage à l'humanité, à la mort, à la vie, à Dieu. Hugo a véritablement vécu dans l'amour, toujours ayant foi à la nature et à la création, à la poésie. Personnellement, je trouve le lyrisme de Hugo absolument incroyable dans ce qu'il a d'universel et de politique, mêlé la beauté divine à la violence humaine. Je réfléchirai un peu plus lorsque je verrai un arbre ou une abeille lors de ma prochaine balade, qui sait s'ils n'auront pas des choses à me dire ?
Un très beau recueil aux thèmes variés, et malgré quelques longueurs, un de mes préférés. Le plus intéressant est le portrait du poète qu'il dresse au fil des livres, avec l'atteinte d'un idéal absolu dans "Ce que dit la bouche d'ombre".