Emportée par la névrose des amoureux fous, la jeune Ayako crève l'oeil de celui qu'elle aime et se jette à l'eau. Sauvée in extremis, elle est plongée depuis dans un coma profond. A la demande de la mère d'Ayako l'amoureux blessé rentre de Shanghai où il a fui après l'accident, afin d'accéder à sa requête : réveiller la belle endormie, oui, mais à quel prix...
François Gilbert est fasciné par l'Asie : un continent où il a beaucoup voyagé. Il travaille à Montréal dans une école de francisation pour immigrants.
Touchant récit sur la passion des jeunes amours, la réinvention du Soi, la profondeur du quotidien, l’importance du banal. Gilbert manie la langue et nous porte de page en page avec ce qu’on pourrait désigner de rythme visqueux, passant de l’anodin au plus puissant ressenti. Lecture envoutante qui laisse pourtant le lecteur suspendu dans le vide. Serait-ce voulu ? 3/5
Enfin une écriture qui coule comme une eau fraîche, une écriture maîtrisée. On lit tellement de livres où le travail de besogneux alourdit et ennuie. Ici, la qualité de la langue permet d'oublier, justement, qu'on lit. Et ce coma. Celui d'une jeune fille que le narrateur a cru aimer. Mais surtout, celui du narrateur lui-même, celui d'une part de son être qui s'est toujours terrée, paralysée, et que rien jusque là n'avait fait éclore. C'est un livre sur le mensonge, sur la comédie qu'on se joue pour se faire croire au bonheur.