Drapeaux et fourches, marches et contremarches : du XVIᵉ au XIXᵉ siècle, des révoltes contre la gabelle aux troubles quarante-huitards, le soulèvement épisodique, débonnaire ou sauvage, terrifiant ou dérisoire, constitue la seule expression collective de la France campagnarde. Yves-Marie Bercé présente ici la plus longue durée des insurrections paysannes. Dans le fait divers et la chronique, il retrouve la permanence des gestes et des rites, les cérémonies symboliques de la violence, l'attente utopique des pauvres, l'antagonisme sourd de la ville et du plat pays. Et l'enjeu même de ces révoltes sans espoir : au son du tocsin, pendant trois siècles, elles ont tenté de protéger le monde menacé, bientôt perdu, des solidarités communautaires.
Yves-Marie Bercé (30 August 1936, Mesterrieux, Gironde), is a French historian known for his work on popular revolts of the modern era. He is a member of the Institut de France.
I'm surprised this book isn't more widely read. It's a somewhat misleading title: it's not a history of peasant revolts writ large, but a heavily-abridged account of peasant revolts in southwestern France during the seventeenth century. The story of the revolts themselves is very interesting in its own right (though perhaps overly detailed from time to time), but the best part of this book is its look at 17th century French peasant culture. Bercé objects to the idea that peasants were individually-minded people secluded on their farms until they got whipped up into a revolutionary frenzy due to taxes, bread prices, or rampaging soldiers. Instead, he frames peasant revolts as community events, inspired by and centered on the general culture of a local community, and often led by that community's most respectable citizens.
It's a very tangible book. There are pages and pages in here of what towns looked like, how peasant revolts fit into the topography of the surrounding landscape, and how weather impacted matters. You'll get to hear about the christening of town bells (they were even given godparents!), wild town festivals, and even the nicknames that were given to various people in town. It's a treasure trove of wonderful little details.
Ce livre d’histoire propose d’étudier les révoltes paysannes en France sur une période de cinq siècles, depuis le seizième jusqu’au dix-neuvième. Il est évidemment impossible de couvrir une période et un territoire aussi vaste dans un petit livre, d’autant plus qu’il est particulièrement difficile de trouver des sources – les paysans sont dans leur immense majorité analphabètes – et qu’il faut se contenter de témoignages indirects. En dépit de ces limitations, l’auteur propose de dégager à travers les quelques exemples détaillés qu’il a rassemblé ici les caractéristiques communes de ces révoltes, lesquelles semblent rester immuable au cours des siècles, et en dépit des nombreux bouleversements politiques.
Ce qui déclenche systématiquement les Jacqueries, c’est principalement les innovations fiscales, que l’état ne cesse d’améliorer depuis qu’il les a rendus perpétuels lors de la guerre de cent ans. Je me suis d’ailleurs demandé pourquoi l’auteur n’avait pas commencé plus tôt, avec l’origine même du facteur déclenchant. Après tout, ces révoltes ne sont pas venues qu’avec les temps modernes, mais sévissaient déjà au moyen-âge. Il laisse pourtant un curieusement entendre le contraire, comme si avant la renaissance tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes et qu’après tout se soit gâté. Il y a pourtant eu une Grande Jacquerie en 1358 relatée par Jean Froissart.
En tout cas, sur la période étudiée, l’impôt le plus mal supporté, c’est la gabelle, qui consiste à taxer le sel, un produit indispensable qui devrait être facilement accessible. La colère se tourne alors contre les gabeleurs, les percepteurs d’impôts, et en général tous ceux qui sont perçus, à tort ou à raison, comme des profiteurs : bourgeois, parvenus, enrichis suspects, avocats. Souvent, ce sont des rumeurs infondées qui causent une inquiétude qui finit par éclater en révolte. Les villes sont perçues comme un endroit hostile, et les citadins comme des ennemis naturels. Leur maitrise de l’écrit en fait de méchants profiteurs fainéants qui, non content de les mépriser et de moquer leur accent rustique, abusent de leur savoir pour duper la bonne foi du paysan. Pour se défendre, il reste la révolte.
Une fois les méchants identifiés, le tocsin est sonné, et il se forme rapidement une troupe qui désigne un chef. Il peut bien sûr arriver que ce soit le curé du village ou un hobereau. La foule parcourt la campagne en forçant ceux qu’elle rencontre à grossir la troupe de faux, fourche, et autres instruments de travaux reconvertis en armes improvisées. Les femmes ne sont pas en reste pour provoquer la mobilisation, et reprochent même à leur mari de ne s’être mû plus tôt. Une fois arrivé chez les coupables, leur maison est pillée, les intéressés sont rossés, parfois à mort, parfois assassiné ; on brûle leurs papiers dans un grand feu de joie, et on termine la journée en ouvrant une barrique de vin de la cave dont on se régale en se servant de son chapeau. Comme dans une journée de fête, on finit ivre mort, et on se disperse avant que les autorités n’arrivent.
D’après l’auteur, les révoltés semblent n’avoir jamais le sentiment de se livrer à une quelconque transgression contre l’ordre social, mais au contraire de le restaurer. Il ne s’agit jamais de se rebeller contre le roi, mais de corriger ses ministres qui abusent de leurs prérogatives. Parfois, un bruit court suivant lequel, comme un carnaval, il y aurait un jour de pillage permis tous les x années, comme une sorte d’exutoire comme les bacchanales des anciens. Le livre aurait pu continuer au XXème siècle, en évoquant par exemple le cas de la révolte des vignerons du midi en 1907, dont il nous est resté cette belle chanson ♫.
C’est un livre plutôt intéressant, en particulier par les pièces et documents authentiques difficile à trouver qu’il nous met sous les yeux, et qui nous font sentir au mieux ce que purent être ces révoltes qui n’ont jamais été décrites de l’intérieur, mais par des témoins. Le dernier chapitre donne également des informations sur les autres travaux existants sur le sujet. A ce qu’il semble, il s’agissait, dans ce livre des années 1970, de faire une critique de travaux soviétiques sur le même sujet, lesquels devaient avoir un prisme idéologique un peu trop marqué pour être suffisamment objectifs.["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>["br"]>