« Nous sommes les héritières d'une détermination farouche, nous les descendantes des avortements ratés, des grossesses imposées. Celle-ci est indémêlable de nos douleurs et de nos rages, transmises d'une génération à l'autre comme on essore un torchon plein de sang, dans l'anonymat d'une cuisine plongée dans la nuit. » Depuis la maison familiale où elle est revenue habiter, une femme, s'adressant à sa soeur disparue, convoque les souvenirs de leur enfance. Porteuse d'un lourd passé de violences patriarcales, elle explore les possibilités de survivre à cet héritage, dans un paysage rural dévasté, où les haies ont disparu et où la forêt se fait moins dense, cernée par les champs de maïs industriels. Avec ce récit composé de courts chapitres, Juliette Rousseau nous offre un premier texte littéraire poignant, sensible et lumineux qui rend hommage aux femmes de sa famille.
lu d'une traite, d'une seule respiration. l'écriture courte, incisive mais aussi rêveuse et entrecoupée de poèmes est envoûtante. récit des corps emprisonnés par les violences que le monde patriarcal impose aux (corps des) femmes, récit sur le deuil et sur la transmission. on ne sort pas indemne de cette lecture, de nombreuses larmes ont été coulées. magistral. on en sort à la fois fragilisé et incandescent. le feu de la révolte court sur les cœurs et les ventres.
J'ai voulu lire ce texte pour son titre et sa couverture et mon avis est assez injuste car il n'était pas fait pour moi. Sans cet éblouissement, j'aurais feuilleté quelques pages et j'aurais su . En général je suis très fermée à l'utilisation de la seconde personne du singulier. Je me rappelle même avoir essayé d'expliquer au bac français l'impression que m'avait donnée cette narration dans un des livres de la liste . Ça remonte donc à loin. Ce choix renforce en plus un côté solennel très présent... et je n'aime pas trop la solennité en littérature. J'ai toujours l'impression qu'on me bouscule, que je suis trop guidée vers ce que je devrais ressentir . Et puis il y a un petit côté incantatoire avec l'insertion de passages poétiques. Je ne sais pas ce qui m'a tirée le plus fort en arrière . Cela étant je l'ai terminé car régulièrement, j'y ai lu de très belles choses, qui correspondaient à ce que j'en espérais sans doute . J'ai même souligné deux passages. L'aversion que j'ai ressentie parfois est d'autant plus étrange qu'il m'a fait beaucoup penser aux narratifs de "Un podcast à soi", y compris la voix, et j'aime beaucoup ce podcast. Peut être qu'à l'oral, j'aurais mieux compris sa construction et ce ton choisi par l'autrice. Une déception toute personnelle car j'avais très envie de le découvrir.
La narratrice de La vie têtue réussit ce que je n'ai jamais pu faire : écrire à sa sœur disparue, s'adresser à elle depuis la position, si fragile et précieuse, de celle qui reste. Ce seul geste d'écriture est d'une beauté incommensurable, débordante d'émotion. Mais il est servi par un style simple, sans fioritures, qui dit les choses comme elles sont et dans lequel la poésie s'insère de manière parfaitement naturelle. Et cela fait de cette lettre, bouleversante pour elle-même, le récit d'une vie qui nous transperce.
Pas mon type de livre (je me sens étonnamment peu concernée par les enjeux liés à la filiation et à la maternité et les livres aussi courts me laissent toujours perplexe), mais impossible de faire comme si celui-là n'était pas bouleversant. Il raconte une lignée de femmes blessées par les violences patriarcales qu'elles se transmettent et surtout par la mort d'une des leurs. Il dit tout à la fois : la vie et la mort bien sûr ainsi que l'amour et le rejet ou plutôt le rejet des gens qu'on aime, mais surtout ce qui m'a le plus intéressée : le pouvoir en même temps que l'impuissance des mères ainsi que l'attachement à une terre qu'on cherche pourtant à fuir pour ce qu'on y vit. Il m'a fait un effet bizarre car il e eu un écho en moi sans faire vraiment écho, il y a des bribes de mes expériences sans qu'elles soient tout à fait les miennes, c'est un livre à cheval entre l'universel et le personnel. L'autrice va dans le détails des sentiments et des émotions sans jamais tomber dans les longueurs et avec donc beaucoup d'efficacité, et bien évidemment de sensibilité et de poésie, et à ce titre j'ai hâte de lire Péquenaude qui paraît demain il me semble, et dont les enjeux me passionneront je pense d'autant plus.
C’est un très beau texte. Toutefois c’est tout à fait personnel mais c’est peut être trop eco-feministe à mon goût… Les liens entre morts / naissance / nature à tout bout de chant ne me touchent pas particulièrement. De plus je suis quelqu’un d’imperméable à la poésie, donc les pages en prose n’ont pas pris sur moi. C’était quand même touchant ! Bravo Juliette Rousseau d’avoir eu la force de raconter tout cela.
Un récit vibrant de lumière qui nous laisse la place d'exister : c'est rare et précieux !
Témoins sans gêne ni honte, nous nous faisons voyageurs•ses aux côtés dans la narratrice qui retrace le chemin douloureux de son deuil et convoque tout à la fois.
C'était absolument magnifique. Et malin. Et travaillé. Wouaw.
Ça parle de transmission entre femmes, de la mort progressive, puis du deuil. Des allers et venus entre avant et après cette mort. D’accouchement, de douleur. De rôle de mère, difficile mais toujours aimant. Ça parle du droit à choisir, pour soi, pour son corps. Ça décrit le défilement des saisons, comme dans Pequenaude, de nostalgie. Les passage poétiques ne me sont pas compréhensibles, trop abstraits.
Une très très belle écriture (vraiment), mais c'était beaucoup trop court pour être mémorable. Le potentiel est vraiiiment là mais il y aurait plein d'aspects à améliorer pour que ça soit vraiment une lecture marquante pour moi :(
De très beaux passages mais je me suis sentie étrangement pas mal en surface tout du long. Je suis personnellement touchée par le sujet, j’en attendais probablement quelque chose que je n’ai trouvé que par touches et ça m’a un peu frustrée
Bien que la structure du récit m’est apparue parfois fouillie, l’écriture est absolument magnifique. Il y a des phrases que j’ai noté pour ne jamais les oublier tellement c’était beau.
Roman autobiographique très émouvant et poétique. Très belle écriture. Le deuil, l’intimité des femmes dans ses complexités et le lien à la nature sont les fils conducteurs de ce roman atypique.
"Atomisées, projetées loin de la tangibilité de nos ressentis, de leur exactitude, loin de nos corps, loin les unes des autres, comment revenir de là? On nous a élevées à une guerre permanente envers nous-mêmes. Tout occupées à nous dresser, à nous haïr. A nous épier les unes les autres. Et pourtant ma soeur, si seulement tu avais su aimer tes hanches et moi les miennes, à quel genre d'explosion éblouissante aurait pu ressembler notre amour?"
La vie têtue est une déclaration d’amour à une soeur aînée disparue. Un portrait tout en finesse, tout en tendresse malgré la douleur. Mais c’est aussi les bribes d’une enfance à la campagne et le récit d’une femme hantée par les lieux de son enfance, qui finit par y revenir pour questionner l’héritage des femmes de sa famille, la transmission des violences et des traumatismes. C’est, avec Deux ou trois choses dont je suis sûre de Dorothy Allison, l’un des textes les plus marquants que j’ai lu récemment sur les liens familiaux : comment ils nous construisent, comment ils nous abîment mais peuvent aussi nous donner de la force. L’exploration du lien sororal est d’autant plus puissante qu’il faut conjurer l’absence, en convoquant sans cesse les corps, les odeurs, les sensations. Comment ce lien peut-il perdurer après le deuil ? Pas de réponse définitive, mais la forme du récit, qui se cherche aussi du côté de la poésie et des blancs sur la page, rend justice à l’émotion dégagée.
« La langue française, dans sa construction patriarcale, ne me permet pas de donner à lire la lignée de femmes blessées dont je viens […] Lorsque la créativité est bridée, elle s’exprime par l’utérus »
« Atomisées, projetées loin de la tangibilité de nos ressentis, de leur exactitude, loin de nos corps, loin les unes des autres, comment revenir de là ? On nous a élevées à une guerre permanente envers nous-mêmes. Tout occupées à nous haïr. À nous épier les unes les autres. Et pourtant ma sœur, si seulement tu avais su aimer tes hanches et moi les miennes, à quel genre d’explosion éblouissante aurait pu ressembler notre amour ? »
« […] La brutalité de ton être plein, sans défaillances. Parce qu’une femme pleine, c’est brutal. J’aurais voulu restituer ta joie pure dans une toile de mots délicate »
lecture mouvementée. Beaucoup de mal à rentrer dedans au départ, car le récit me faisait penser à un mélange de trois livres que j'ai profondément aimé (d'autres vies que la mienne, l'événement, fille) et je n'arrivais pas à me fixer dessus. J'ai aussi un peu de mal avec ce genre d'histoire très réaliste mais fictive, ça me gâche un peu quelque chose à chaque fois. Mais finalement j'ai adoré, l'autrice parvient à mettre des mots très justes sur les séquelles patriarcales et psychés torturees de ses personnages, il en ressort de magnifiques tournures de phrase qui m'ont bouleversé.
C'est peut-être juste moi qui ne trouve pas les bons livres mais celui-ci est un bien rare livre français que je n'ai pas détesté. C'est pour ça que j'arrondi mon avis de 2.5 à 3 étoiles.
J'ai trouvé que l'autrice écrivait bien, avec vraiment de belles tournures de phrases parfois, qui rendaient vraiment les émotions d'une manière belle, ni cringe ni grandiloquente (parfois un peu mais tellement moins que tant de livres français contemporains que j'ai essayés).
Livre très poétique qui joue avec les formes en alternant poèmes et prose. Une plume délicate qui met en dialogue la nature, humaine et végétale, feminine et masculine. La famille devient un lien de "je" et "tu" entre l'autrice et le lecteur: ce livre est une conversation intime sur l'intimité, qui force à mettre en relation, qui substitue la douleur innommable avec des vers.
Excellent livre concis et intense, dont on ne saurait dire s’il est réalité ou fiction: il nous conduit quelque part à l’équilibre des mondes, dans la douleur de l’être sans l’autre, du soi impuissant face aux murs de glace qui se construisent en dépit de l’amour- par exemple, comme ici, dans une famille. À lire, pour l’émotion comme pour l’espoir qu’il apporte.
Some really chouette bits - moving in parts - but other bits irritating (I like my prose as prose and always wince a bit with poetry interposed) but caught grief well and the difficult dynamics of motherhood daughterhood sisterhood well in parts
Tous ces éloges m’avaient tellement donné envie. Mais je ne suis pas rentrée dedans, je l’ai survolé. Peut-être parce qu’il est si court. Non plutôt parce ce type de littérature n’est pas vraiment pour moi. Même si je reconnais que l’écriture est très belle, elle ne me touche pas vraiment.