Le jeune Jacques passe son enfance en Ardèche, dans un asile psychiatrique — dont son père est le directeur —, élevé avec les pensionnaires, dont l'un notamment donnera son nom à un poème, Chapurlat. À la mort de son père, il est élevé par son grand-père, notaire à Lyon. C'est pour embrasser cette carrière qu'il monte à Paris faire des études de droit. Étudiant à Paris, il consacre une part importante de son temps à l'écriture. À Paris, il rencontre René Char, qui préface son premier recueil publié, Cendrier du voyage, chez Guy Levis Mano (GLM). Char lui fait rencontrer de nombreux galeristes, par le biais desquels il devient le biographe officiel de Miró. Très tôt attendu comme le successeur de Char, il prend le contre-pied de celui-ci en imposant, de livre en livre, une écriture atypique, souvent en ruptures. Ses textes suscitent l'admiration d'auteurs, de peintres comme Antoni Tàpies. Paul Auster traduit ses poèmes en anglais. Mais c'est dans l'ombre qu'œuvre Dupin, dans le retrait. Jamais tenté par le roman, à peine écrira-t-il une pièce de théâtre, proche tout de même de la forme poétique, L'Éboulement. Il travaille d'abord pour la galerie Maeght, puis, à la mort d'Aimé Maeght, fonde avec Jean Frémon et Daniel Lelong la galerie Lelong. Cela l'amène à rencontrer de nombreux artistes de son temps, au premier rang desquels Alberto Giacometti et Joan Miró occupent une place majeure dans son œuvre. Expert de l'œuvre de Miró, il est président du comité de l'ADOM (Association pour la défense de l'œuvre de Joan Miró), qui promeut l'œuvre du peintre et statue sur l'authenticité des œuvres qui lui sont soumises. Chez Maeght, il participe à la revue L'Éphémère, mêlant critique d'art et poésie, avec Gaétan Picon, Louis-René des Forêts, Yves Bonnefoy et André du Bouchet. Il meurt le 27 octobre 2012 à Paris, à l'âge de 85 ans1.
In 1871 in Charleville when Rimbaud, preparing to decimate two thousand years of poetical ‘tradition’, sat down to write his ‘letter of the seer’ to Paul Demeny, he was about to include, among other demands on the imagination, that the poet of the future would use a language “of the soul, for the soul, encompassing everything, scents, sounds, colours; thought latching onto thought and pulling. The poet would define the amount of the unknown awakening in the universal soul in his own time: he would offer more — than the formulation of his thought…”A call to poetical arms that, in many ways, has been sought out and (consistently) answered by the poetry of Jacques Dupin (1927-). This book comprises three collections: De singes et de mouches (Of Flies and Monkeys, 2001), Les Mères (Mothers, 2001) and Coudrier (Hazel Tree, 2006), all of which, in truth, are fused of the same semantic world-surge, image-fusion, language-mesh. The poetry of Dupin, at its most intense and vaulted pressure of ink and blood, continually uproots us, gnawing at the heart, until we experience them: the sudden salmon upsurge of selves, his teeming and punctuated mind-flows, the reversed resurrections (his flesh zipped up and then unzipped to reveal exposed syntactical bone); amid a carnival concentration and concise pictograms of poetical sense, we feel at once the jolt and the jarring of the pulley-system of his sentences, those which Rimbaud envisioned for us all when he wrote that poetry would one day be “thought latching onto thought and pulling.”
And then. Ever. We wage war with our tongues. We act like monsters where we are in love. And it grinds to a stop… and it gets going again… Nothing is ever rewritten. Nor is death. Despite the crucified bat. On the wood separating us.