Jump to ratings and reviews
Rate this book

Le Bréviaire arabe de l'amour

Rate this book
Ce livre fut écrit au XVIe siècle, à la demande du sanguinaire sultan Sélim Ier, qui était devenu impuissant. Son auteur, Ahmed Ibn Souleimân, savant religieux et haut dignitaire de la Sublime Porte, a compilé toute la science de son temps - héritée des Grecs, de la Perse et de l'Inde, retravaillée par la médecine arabe - pour venir en aide à son maître en lâchant la bride à l'imagination la plus folle.

287 pages, Paperback

First published May 28, 2002

4 people are currently reading
18 people want to read

About the author

ابن كمال باشا

11 books10 followers

Ratings & Reviews

What do you think?
Rate this book

Friends & Following

Create a free account to discover what your friends think of this book!

Community Reviews

5 stars
1 (11%)
4 stars
2 (22%)
3 stars
5 (55%)
2 stars
1 (11%)
1 star
0 (0%)
Displaying 1 - 2 of 2 reviews
Profile Image for Yann.
1,412 reviews395 followers
December 29, 2016

D’après cette édition, le Roujou’ a-cheikh Ila Sibahi Fi at-Taqouiyyati ‘Ala al-Bahi, c’est-à-dire le Le Retour du cheikh à sa jeunesse pour la vigueur et le coït, titre interprété très librement ici en bréviaire arabe de l’amour, est une compilation de textes divers rassemblé par le cadi Ottoman Ahmed Ibn Souleimân (1468-1533), que Soliman le magnifique nommera grand mufti, ou cheik de l’Islam, plus haute autorité religieuse de l’époque. L’auteur l’avait destiné à son sultan, le célèbre Sélim Ier (1470-1520) , père de Soliman, sous le règne duquel l’empire Ottoman pu, entre autre, étendre sa domination en Anatolie jusqu’en Géorgie, mais aussi en Afrique sur l’Égypte et le Maghreb, notamment en soutenant les frères Barberousse. Ce monarque se signala également par sa férocité, puisqu’il fit périr ses frères, soupçonnés de comploter contre lui. Mais la justice divine devait punir cette cruauté en privant ce tyran de l’usage de sa virilité. Voilà qui, pour le possesseur d’un vaste harem, s’apparentait fort au supplice de Tantale. Ce livre est a donc pour principal objet de secourir la malheureuse vanité irritée du monarque à la lumière du meilleur de la science de son temps.

La première partie, qui dans cette édition a été rejetée à la fin, vise à faire un exposé scientifique des organes de la génération, de l’usage que la nature leur a destiné ; la seconde, quant à elle, expose tout ce que l’expérience et l’imagination humaine ont raffiné au cours des siècles pour accroitre les effets de cette ruse imaginée par la providence pour nous conduire à la procréation, le plaisir charnel.

Les sources d’une telle science sont tirées de la physique et de la médecine grecque : Aristote, Hippocrate et Galien sont les artisans de la théorie des humeurs par laquelle apparaissait déjà le souci de conserver l’homéostasie. L’observation empirique a servi à complété l’énumération en genre et en espèce des maladies et de leurs remèdes. On ne sera pas surpris du fait que ceux-ci consistent à rétablir l’harmonie en fonction de paramètres tels que l’âge du sujet et ses humeurs. Pour résumer, les anciens ont remarqué que si l’abus des plaisirs charnel pouvait nuire à la santé et troubler l’état général, surtout à un âge avancé, une trop sévère abstinence pouvait au contraire conduire à de sévères mélancolies ou à l’anorexie, surtout chez les jeunes personnes. Toutes sortes de remèdes sont indiqués par rapport aux diverses dysfonctionnement touchant ces fonctions physiologiques.

Dans un second temps, l’auteur replace son sujet dans le dessein préalablement fixé, à savoir exposer la science du coït. On pourrait s’étonner qu’un homme du clergé traite un sujet apparemment aussi leste, mais il ne s’agit pas tant comme chez nos libertins de piquer le désir par le sel d’une impiété, et notre auteur se défend fermement de livrer là une quelconque apologie de la débauche ou du péché. Bien au contraire, il prodigue sans parcimonie les marques d’une piété la plus sincère, ne voyant dans le sujet qu’il traite que l’une des nombreuses manifestations de la généreuse bonté de la divinité à l’égard de sa créature, et qu’il justifie copieusement par moult citations tirées des écritures saintes.

Mais le sujet prend même un tour politique, car comme l’indique l’auteur avec ces propos qui résonnent avec les idées politiques d’Al-Fârâbi et d’Averroès, tous deux grands commentateurs d’Aristote et de Platon : Parmi tous les hommes, ceux qui méritent d'acquérir la science du coït, d'en connaître tout ce qu'il faut et de préserver cette science de l'oubli sont les rois et ceux qui en sont les plus proches, l'élite et les notables. Ceux-là endurent avec les femmes plus que les autres hommes! La raison principale en est la suivante : tous ces gens-là doivent être en mesure de maîtriser la politique des sexes et d’ordonner ce commerce qui régit leurs relations afin que les affaires de la communauté soient bien réglées. C’est à leur usage que ce livre a voulu retenir les préceptes des philosophes en cette matière.

Pour les puissants, les mœurs et la fortune permettaient les accointances avec les femmes, les concubines, les servantes, les courtisanes et les esclaves. Ils se devaient donc d’être instruits d’une matière où toutes les chances étaient réunies pour qu’ils perdent l’empire sur eux-mêmes. En effet, l’auteur ne cesse d’insister sur le fait que la tempérance n’est qu’une chimère absurde, et que la moindre sollicitation du regard, même la plus innocente, suffit à enflammer les sens et à faire perdre la raison. Le fils du Sultan Sélim Ier, Soliman le Magnifique, fut ainsi tellement amoureux de l’une de ses concubines qu’elle devint son épouse, et qu’elle en vint même à diriger les affaires de l’État. Il s’agit de la fameuse Roxelane (1500 ?-1558 ) , mais on s’éloigne du sujet du livre.

On apprend donc quelles sont, pour l’auteur, les plus grandes vertus d’une femme : ce ne sont pas bonté, courage, sagesse, tempérance ou prudence, comme notre innocente simplicité pourrait le suggérer mais bien plutôt une physionomie agréable, une accorte gaité, une aimable complaisance pour les privautés, un parfum suave, et cunnum angustum. La vénérable antiquité de la culture indienne a fourni à l’auteur un catalogue très détaillé des manières par lesquelles les couples peuvent au mieux tirer parti de leurs facultés naturelles. Et pour ceux qui auraient l’esprit épais, cette édition a, comme souvent, la charité de les illustrer par d’anciennes gravures licencieuses. Le lecteur apprend ainsi tout ce qu’il savait, ne savait pas, et même ce qu’il aurait sans doute voulu ignorer, car rien ne lui est épargné de ce que la fantaisie peut inspirer de plus sordide et de plus brutal pour réveiller les instincts priapiques endormis d’un vieux tyran que l’abus a rendu insensible, pas même ceux que nos usages condamnent avec la plus grande vigueur.

On sera sans doute heurté par l’exposé circonstancié des mérites et démérites féminins concernant les différentes races humaines que la vanité du sultan a réunies dans son sérail, ou par des fables milésiennes où toute pudeur ou délicatesse semble être parfaitement hors de saison, mais elles ne laisseront pas de nous surprendre ou de nous émouvoir. On termine enfin sur une dernière note de conclusion : On raconte qu'un sage ayant vécu des années en ermite, venant à passer dans une ville, ne put supporter d'y séjourner. Il la quitta précipitamment, comme pris de peur. Sur le chemin, il rencontre un autre sage qui demande: d'où viens-tu?- D'un lieu de débauche.- Et qu'as-tu vu? - Rien que des hommes esclaves des femmes! Propos sensé que tout être raisonnable doit méditer.

Cette édition est dotée d’un appareil critique riche, d’un lexique, et de références nombreuses qui permettront à ceux qui le désirent d’approfondir le sujet. J’ai été intrigué par ces couples célèbres : le poète Jamîl, mort en 687, qui aima sa cousine Boutayna d'un amour impossible. Le poète Qaïs Ibn al-Moulawwah dont l'amour pour sa cousine Layla fut si dément qu'il le conduisit à errer, délirant dans le désert, jusqu'à en mourir (On l'appella "le Fou" (Majnoun) de Laylâ). Et enfin Qaïs ib Hârith al-Kinani, mort en 688, aima passionnément Loubna. Les ouvrages référencés ont malheureusement l’air d’être un peu difficile à trouver, à moins sans doute de maitriser la belle langue dans laquelle ils ont été écrits.
Profile Image for Chrystine.
11 reviews
March 24, 2009
Very instructive as to love, sexual life and habits as well as feminine hygiene and beauty in the Middle-East during the Middle-Ages. Warning : very detailed.
Displaying 1 - 2 of 2 reviews

Can't find what you're looking for?

Get help and learn more about the design.