À seize ans, on m’a embarqué dans un camion et je me suis retrouvé dans un camp d’entraînement islamiste. Il y avait une fille, Laya. Une fanatique, une rebelle. Elle était séduisante. Elle ressemblait à ma cousine Sultana, celle qui criait «Suce-moi les seins! Suce-moi le sein!» quand nous faisions l’amour. Sauf que Laya ne voulait pas faire l’amour avec moi. Elle préférait écouter mes histoires. Le soir, nous fumions le haschich et je racontais. Parfois, des tirs éclataient. Des choses se sont passées en Algérie, je crois. Des émeutes, des séditions. Moi, je fumais et je racontais. Les mêmes histoires et pourtant chaque fois différentes. Dans mon village, on m’appelait «le poète». Je tenais ça de mon père, qui avait œuvré toute sa vie à traduire le saint Coran en berbère, la langue de l’amour et des oiseaux. Mon père était un fou. Comme moi. Poète et fou, c’est pareil. Amin Zaoui chante l’amour des femmes et celui des livres, la passion des histoires. Mais La chambre de la vierge impure est aussi un livre de résistance. Dans la fumée psychotrope, les récits qui s’enchâssent ont l’étrange vertu de renvoyer à l’état de fable ce qui est bien réel: une Algérie confrontée à l’intolérance et à la violence.
Amin Zaoui a enseigné la littérature, animé une émission littéraire à la télévision algérienne et fondé le Palais des Arts et de la Culture d’Oran. Écrivain bilingue, il est l’auteur de nombreux ouvrages en français et en arabe.
Amin Zaoui is an Algerian novelist. He was born in Bab el Assa in Tlemcen province and studied at the University of Oran, obtaining a Ph.D. in comparative literature. He moved to France during the Algerian civil war but returned home in 1999. He has served as the Director General of the National Library of Algeria and currently teaches comparative literature at the Central Algerian University.
Zaoui is a bilingual writer and has published novels in both French and Arabic. His work has been translated into a dozen languages. Zaoui's French book Festin de Mensonges has been translated into English by Frank Wynne. In 2012, his Arabic novel The Goatherd was nominated for the Arabic Booker Prize.
He has also translated French novels by Mohamed Dib and Yasmina Khadra into Arabic.
Le roman s'ouvre sur les cris de Sultana: "Suce moi les seins! Suce moi le sein!". Le narrateur, cousin et amoureux de Sultana, parle alors de sa famille, de sa tante Rokia, partie vivre à Istanbul, de sa mère Nouara, de son père massacré par les intégristes pour avoir traduit le Coran en berbère…
Il montre comment il s'est retrouvé, un peu malgré lui, embarqué dans un camp d'entraînement jihadiste au milieu du maquis.
Ce roman soulève diverses questions: celle de la religion et des diverses façons de la pratiquer, celle de la violence, celle des femmes, celle de l'Algérie. Amin Zaoui y mêle amour des femmes, amour des textes (et de Shakespeare en particulier) et amour de la langue avec un bonheur particulièrement frappant. Un très beau roman pour cette rentrée littéraire…
Un des plus bons romans que j'ai lu récemment, très orientaliste, qui fait à la fois rêver et sombrer dans la plus amer des réalités... Dissection d'une société souffrante entre religion, sensualité et violence terroriste régnante à l'époque. Poésie et douces métaphores nostalgiques rappelant les sensations à la mille et une nuit avec une touche subtilement gore. Bref, à lire les amis !
palpitant, trépidant, ce roman qui se lit en une seule traite et vous tient en haleine est magnifiquement bien écrit; poétique et réaliste à la fois, il retrace le parcours d'un jeune garçon disparu pendant des années dans un maquis, où il se remémore ses souvenirs d'enfance, ces premières amours et l'histoire de sa famille!