L'asphyxie, c'est l'atmosphère dans laquelle grandit la Bâtarde. Sa mère ne lui donne jamais la main. Bien au contraire. Elle lui fait porter le poids d'une faute qu'elle n'a pu accepter. Quant à son regard sur sa fille, c'est à peine un regard : c'est dur et bleu. Mais il y avait la grand-mère, simple et légère. Quand elle entrait par une porte, le mal sortait par l'autre. Un rien cocasse, toujours aimante, c'est elle qui apportait le rire, la tendresse et l'air pur dans la vie de l'enfant. Après sa mort, ce sont les souvenirs d'elle qui opèrent le même miracle, permettant la survie, ménageant même quelques plages de bonheur.
Violette Leduc was born in Arras, Pas de Calais, France, the illegitimate daughter of a servant girl, Berthe. In Valenciennes, the young Violette spent most of her childhood suffering from an ugly self-image and from her mother's hostility and overprotectiveness.
Her formal education, begun in 1913, was interrupted by World War I. After the war, she went to a boarding school, the Collège de Douai, where she experienced lesbian affairs with a classmate and a music instructor who was fired over the incident.
In 1926, Leduc moved to Paris and enrolled in the Lycée Racine. That same year, she failed her baccalaureate exam and began working as a telephone operator and secretary at Plon publishers.
In 1932 she met Maurice Sachs and Simone de Beauvoir, who encouraged her to write. Her first novel L'Asphyxie (In the Prison of Her Skin) was published by Albert Camus for Éditions Gallimard and earned her praise from Jean-Paul Sartre, Jean Cocteau and Jean Genet.
Leduc's best-known book, the memoir La Bâtarde, was published in 1964. It nearly won the Prix Goncourt and quickly became a bestseller. She went on to write eight more books, including La Folie en tête (Mad in Pursuit), the second part of her literary autobiography.
On ne rencontre pas, et c'est injuste, Violette Leduc dans les manuels de littérature, mais plutôt dans les bouquins théoriques sur le genre. C'est juste et réducteur à la fois.
Pour en apprendre plus sur elle, j'ai été lire la page Wikipedia, et je peux vous la résumer : beaucoup d'amour (une longue litanie de liaisons), des livres sans succès et des livres avec un peu plus de succès (la Bâtarde), une précurseure de l'autofiction, avec les écrits romancés des souvenirs de son enfance. L'amour, heureusement qu'il y en a sur Wikipedia, car il est rare et précieux dans l'Asphyxie, comme vous vous en doutez si vous avez lu le quatrième de couverture. La narratrice se révèle à travers des éclats de souvenirs, désordonnés, violents, vrais. Elle évoque son enfance dans le Nord (quelle jolie couleur), entre une mère amère et tyrannique, et une grand-mère aimante et empêchée. Le père absent, la violence masculine, la rencontre féminine. L'amour se cherche et se devine plus qu'il n'est dit.
Wikipedia dit aussi qu'il y a une "apparente simplicité" du style de Violette Leduc, ce qui devrait vous décourager encore plus que le mot "autofiction", étant donné que vous imaginez maintenant Christine Angot sponsorisée par de Beauvoir. Cela dit je ne vois vraiment pas où Wikipedia a été chercher ça : le style de l'Asphyxie est lumineux, poétique, émaillé de très jolies trouvailles. Il n'est pas simple, il est juste. Elle a le sens de la formule, et au détour de certaines phrases je me rappelle avoir pensé qu'elle avait su mettre le mot sur le détail d'une sensation.
Je relirai Violette Leduc. Je suis consciente de ne pas avoir commencé par son texte le plus connu, le plus évident, et j'ai très envie de découvrir maintenant d'autres aspects de son univers.
"Refreshing" ranks usually among the laziest qualifications a critique can come up with about a book, but right here and right now, for me, that seems to fit perfectly for Leduc: prefaced and defended by Simone de Beauvoir, she was a few years ago the subject of a (very poorly acted) biopic depicting her harsh and uncompromising existence, ranging from a traumatic childhood in the hands of her abusive mother (depicted in the present book) to black market during and after the war, before becoming the extremely controversial poster-child of worker-friendly feminism in the sixties while struggling ineffectively to eke a living as a writer. She is one of those authors whose oeuvre is indistinguishable from her life, not because of self-control, refinement or irony, quite the contrary, but because the cathartic experience of writing had become a matter of life and death to work her way through a bitter present and a past she would never come to terms with. "L'Asphyxie" (I read it in the original French) is a messy collection of childhood memories, pungent with incomprehension, with resentment and probably with hatred. The grim quotidian of the French workers, with its pettiness and its absurdity, is twisted out of all proportions by the mind of a child, and its mediocre cast takes mythological dimensions. There are elements of surrealism trickling down into her child's world from the abject concerns of that of the adults. Isn't it strange how we have come to subsume, with near modesty, all the crimes committed against children under the title "abuse" : they are all here, seen from up close or from afar, from sex maniacs to violent parents, from inhumane institutions to psychological harassment, and Leduc tells it without the slightest self-pity, without even any sense of the abnormality of her plight, but with a constant flow of wonderful, earthy metaphors, underlining the continuity between the author and her character. Its a very short book and one that, beyond the fame by association earned by the author, must be read to be believed.
Série de tranches de vie autobiographiques d'une enfant détestée par sa mère Berthe Leduc, car elle représente le symbole de sa faute : c'est la bâtarde, fille d'André Debaralle, qui ne la jamais reconnue, du fait de son origine de la haute bourgeoisie de Valencienne. Le seul réconfort dans ce monde : sa grand-mère maternelle. Elle porte la marque d'une faute qu'elle n'a pourtant pas commis. Elle est le "boulet" de sa mère. Tout n'est que violence et rejet : sa mère est un "ouragan", son père est un lâche qui dépend de la fortune paternelle, son grand-père ne veut pas gâcher le potentiel de son fils pour une fille et une petite fille de la petite bourgeoisie. Il est question d'un panel d'abus : affectifs, physiques et sexuels. C'est l'écriture d'un manque : celui de l'absence du corps maternel à son côté. "Ma mère ne m'a jamais donné la main". Par son écriture imagée, on passe de la froideur de la mère à la chaleur de la grand-mère. Le "regard dur et bleu" de sa mère la suit tout au long du récit, mais le regard de la société également, ou encore celui fuyant de son paternel. La bâtarde subit des jugements pour sa seule existence. Tous ces regards l'asphyxient, l'empêchent de vivre comme une petite fille normale, empêchent sa mère de l'aimer comme une mère. Ce récit est celui d'une enfant plus que d'une femme. C'est une sorte de dégueuloir : la première phrase griffée sur papier, et tous les souvenirs remontent, se bousculent et s'enchaînent sans chronologie. Toutes les anecdotes ont ce point commun : une mère amère qui, rejeté par le père, se retrouve à devoir vivre avec la conséquence de son "erreur de jeunesse". On est face au portrait d'une société du début du siècle dernier qui montre comment une femme "dévoyée" a pu être traiter par sa communauté. C'est un cri du coeur du traitement de ces bâtards de l'époque, qui fait écho à certaines situations qui existent malheureusement toujours dans certains cas.
I took my time with this one, reading it over the course of a few months from late 2014 to early 2015. It's a novel comprised of brief chapters that hop from one incident in a small town in France to another, held together largely (though not exclusively) through the perspective of its narrator, a young girl born out of wedlock. I've read that this is a sort of precursor to Leduc's more famous novel, La Bâtarde (which I have yet to read). I'm not sure how this one stacks up to the other, but either way, I was thoroughly engrossed in Leduc's prose, which ranges from sparse and cutting to lush and poetic.
There was one chapter that struck me as particularly salient to this particular moment where so many of us are interested in understanding how trauma manifests in classroom settings. I don't want to go into too much detail, but essentially Leduc delves into the emotional landscape of a young girl who's triggered while in class in a way that really rung true to me.
J'ai eu envie de lire Violette Leduc après avoir regardé un biopic sur elle. Dans celui-ci, chaque fois qu'étaient cités ses livres, je me roulais par terre, tant je trouvais sa plume envoutante. J'ai donc décidé de commencer par son premier livre et j'avoue avoir été terriblement déstabilisée. "L'Asphyxie", en effet, est un curieux objet littéraire, tournant autour de la relation d'une petite fille (certainement Violette) avec sa mère violente et sans coeur et sa grand-mère qui est le seul être de lumière dans la vie de la fillette, mais qui est atteinte de tuberculose. C'est d'une tristesse infinie, c'est brut et sauvage,hachuré aussi.
Là où c'est déstabilisant, c'est que c'est surtout une collection de portraits, de scènes sans réelle chronologie et que la prose est volontairement ambiguë, perdant sans cesse le lecteur au milieu des phrases et des référents. D'une certaine façon, ça me faisait penser un peu à du Duras où les répliques et les images s'enchaînent sans qu'on sache trop où l'on va, sans véritable point de repère. Il y a quelque chose là, c'est sûr, et on n'en sort pas indemne.
Première lecture de Violette Leduc qui m'a convaincue. Ce récit d'une enfance est très particulier, les souvenirs s'enchaînent sans chronologie mais avec un point commun : l'absence de l'amour maternel. Sa grand-mère ne comble pas le mépris de la mère de Violette Leduc, et quand elle meurt, elle laisse un terrible vide. Les micro-récits s'enchaînent et oppressent. L'enfant est rejetée, scrutée par ses parents et la société car elle est une bâtarde qui ne peut avoir sa place. Quelques moments de liberté, loin du regard "dur et bleu" de sa mère ne lui permettent même pas d'échapper tout à fait à l'autorité maternelle. Le style est fluide, simple et vraiment facile à lire. On a vraiment l'impression d'une écriture sur le vif.
à travers ces pages, Violette Leduc narre par épisodes les souvenirs d'une enfance oppressé et oppressante. le regard "dur et bleu" de sa mère s'aggripe sur les lignes, nous colle aux rétines et ne nous lâche ou presque qu'une fois le livre refermé.
mon premier Violette Leduc et j'ai été fascinée par son écriture, la précision de ses descriptions pourtant brèves, la poésie écorchée de sa narration. envie d'en dévorer d'autres.
L'asphyxie est un ensemble de souvenirs d'enfance épars. Violette Leduc écrit à vif. Elle est tourmentée et il y a de quoi avec le genre de mère qu'elle a eue, laquelle ne l'amait pas ni ne manquait aucune occasion de le lui rappeler en poussant le vice jusqu'à l'empêcher d'aimer sa grand-mère comme elle en avait envie.
4,5/5 (pas un coup de cœur) Ce roman porte bien son titre, ça c'est sûr.
J'ai beaucoup aimé les émotions à fleur de mots. Beaucoup aimé le fond, aussi. Ensemble, on a une jolie valse onirique. Et ça s'accorde parfaitement avec l'univers de l'enfant qui se confronte à ses premiers traumas. Les mots employés, les phrases construites m'ont vraiment charmée. Par contre, la forme me frustre énormément. Ces bonds dans le temps seraient incroyables au théâtre, mais en lecture comme ça j'ai eu beaucoup de mal. C'est pourtant facile à suivre, et il y a un bon fil conducteur dans la perte progressif d'espoir de l'enfant, mais c'était vraiment contre-intuitif pour moi. J'ai besoin de temps pour construire mon rapport au personnage principal et faire de ses émotions les miennes, et les bonds après chaque émotion forte me coupaient net. Un peu comme si on court vers un précipice et, au moment de sauter dedans, on se retrouvait 50 mètres derrière à devoir recommencer la course. Et c'est pourtant très logique, l'enfant espère que sa mère (et les adultes en général) sera à la hauteur pour se prendre un mur ensuite. Donc voilà, je suis frustré-e. J'ai eu l'impression de toucher du bout du doigt le personnage pour qu'il s'efface devant moi. C'était très bien. J'ai beaucoup aimé, mais j'ai besoin d'en lire plus ou d'en apprendre plus.
je continue mon exploration de Violette Leduc, après avoir lu Ravages et Thérèse et Isabelle (qui fait maintenant parti de Ravages).
J'avoue avoir été très décontenancée par l'Asphyxie, il n'y a pas de fil narratif précis, on ne suit pas là une histoire avec une intrigue mais plutôt une succession de scène restituées avec une grande précision des sensations et du vécu de la narratrice, c'est comme se retrouver devant un tableau impressioniste, qui prend vie par petites touches de couleurs... L'incipit et la phrase finale sont saisissants et se répondent parfaitement, comme un jeu de miroir. Il y a cependant beaucoup de zones à éclaircir dans ce roman, l'écriture est elliptique et un certain nombres de passages m'on laissée perplexe. Bref, j'ai pas tout compris même si c'était très beau. Ce n'est pas le premier ouvrage de Violette Leduc que je recommanderais à quelqu'un qui veut la découvrir, mais ce livre reste une pierre importante de son oeuvre. A lire si vous aimez la plume de l'autrice, à fuir si vous souhaitez tomber sur un récit construit et cohérent.
This was a fascinating, and often heartbreaking, read about a little girl with a huge zest for life, who appears to be an inconvenience to her mother. That lack of maternal instinct and almost disdain her mother shows her cuts like a knife to her, and to you as a reader, but it also makes the connections she does make, especially with her grandmother, more emotional - knowing there are some good people out there keeps her light shining.
It's a look at her life through her eyes, the challenges she faces, the fun she has and I loved the difference in characters and outlooks. It's only a short book too but it packs a lot of emotion in!
Je crois que Violette Leduc est l'une des plus grandes auteures du XXe siècle. Elle raconte d'une façon très poétique, très imaginaire, sa triste enfance. Une mère sans coeur et une grand-mère adorable la suivent tout au long de ce livre. J'ai ressenti beaucoup de pitié pour l'auteure... À un certain point, j'éprouvais même de la colère. Ce roman m'a fait vivre toute sorte d'émotion :) J'ai adoré ce premier roman et je compte bien les tous les autres. Et surtout je le recommande à tous et toutes!
To be honest, le doy 2 estrellas por el simple hecho de ser un clásico, no por la obra. No he entendido ni la mitad de lo que ha dicho. Yo he leído en original y como nivel de lengua está bien, pero a nivel de seguimiento se hace bola y te acabas perdiendo. Definitivamente no lo recomendaría, y si fuese por mi tampoco lo leería, pero es obligatorio para la uni 👹😵💫
The expressions in this book are so so so beautiful to read honestly. The character descriptions are so precise that you feel you’re meeting them as well. Very enjoyable read, probably the quickest I’ve finished a book so far
La plume est belle et certaines phrases sont d'une poésie très touchantes. J'avoue que certains passages furent difficiles... Cette "mère" est plus que désagréable.
1946 pour la première publication, 180 pages, d’abord aux éditions Gallimard collection « espoir », dirigée par Camus. (Aujourd’hui c’est la collection « l’imaginaire »). Aucun succès à l’époque, mais son talent est reconnu par Simone de Beauvoir, qui a lu son texte avant publication, et par Camus, Sartre, Genet, Sarraute, Cocteau. J’ai plutôt aimé ce livre même si ça n’est pas mon préféré de Leduc (Thérèse et Isabelle le surpasse largement). Il s’agit de son premier texte publié, il est intéressant de le connaître parce qu’il dit beaucoup de l’autrice (autofiction), mais je ne commencerais pas par là pour découvrir Leduc. J’accroche assez mal aux dures histoires mère-fille, elles sont loin de mon expérience et infiniment tristes - je pense à un bouquin d’Ernaux que je n’ai jamais fini, Je ne suis toujours pas sortie de ma nuit, sur sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le style de Leduc est parfois une énigme, on n’a aucune idée de ce dont elle parle, tout est métaphorique, allusif, c’est déroutant mais plutôt plaisant.
This is truly a hard one to read. What a difficult childhood. Amazing how she structured it. I will try to get a French copy, I somehow have the feeling that the translation is a little amiss. But I might be wrong.