"Quand j'ai connu Blanche, elle portait un petit chapeau de feutre, cloche, très enfoncé, d'un feutre extraordinairement tendre, léger, mou, comme si ça lui avait fait quelque chose de coiffer Blanche.Elle aimait s'habiller en noir, elle s'asseyait d'une façon que n'avait personne, se penchait pour m'écouter, la joue sur la main, le coude sur le genou. Je lui avais dit : "Vous fumez ?", et elle avait éteint sa cigarette, non, c'était pure nervosité. C'est très drôle, cette petite fille, dès la première fois, dans un lieu avec de hautes lumières, un café tout en longueur, j'avais une idée tracassante, je ne pensais qu'à une chose, et Dieu sait ce que je pouvais dire !Les mains m'en tremblaient, j'avais envie d'enlever son manteau, d'ouvrir sa robe... Pourquoi ?"
French writer Louis Aragon founded literary surrealism.
Louis Aragon, a major figure in the avant-garde movements, shaped visual culture in the 20th century. His long career as a poet, novelist, Communist polemicist and bona fide war hero secured his place in the pantheon of greats.
With André Breton and Phillipe Soupault, Aragon launched the movement and through Paysan de Paris (Paris Peasant), his novel of 1926, produced the considered defining text of the movement.
Aragon parted company with the movement in the early 1930s, devoted his energies to the Communist party, and went to produce a vast body that combined elements of the social avant-garde.
Aragon, a leading influence on the shaping of the novel in the early to mid-20th century, gave voice and images to the art. He, also a critic, edited as a member of the Académie Goncourt. After 1959, people frequent nominated him for the Nobel Prize.
"Je" n'est pas Geoffroy Gaiffier. "Je" n'est pas Marie-Noire. À moins que. Dans ce roman vertigineux, les strates se superposent telles des couches sédimentaires amoncelées, cristallisées les unes sur les autres. Passé, présent et futur s'entremêlent, des potentialités de récit s'esquissent avant d'être gommées aussitôt. Le récit n'en est pas un, quoique. Le roman est un roman de l'écriture, de l'écriture en train de se faire , de l'écriture qui se déploie et se rétracte. En somme, un roman de la négation. De l'oubli. Les voix s'élèvent, se coupent et se recoupent. Qui répond à qui ? Et Blanche alors, la grande absente, qui la fera parler ? Personne, sans doute. Car Blanche est un mystère. Sans cesse ravie et dérobée, il n'y a guère que dans le titre qu'elle trouve sa place. Car Blanche n'est pas Elsa. Blanche est un autre d'Elsa, son image réfléchie, un négatif du réel. Alors comment saisir cet être d'imagination, lorsque même il échappe à celui qui l'a modelé ? Un roman réflexif qui ébranle l'esthétique et l'écriture narrative jusque dans ses fondements.
Un livre à relire, un livre à parcourir, un livre qui subsiste en mon esprit.
Ici, Aragon entreprend un certain travail heuristique : transposer sa vie en matière romanesque afin de représenter Elsa Triolet tel qu’il ne l’a jamais fait.
Le narrateur, Geoffroy Gaiffier, ressemble étrangement à Aragon, tant par les fréquentations que les éléments biographiques, mais il n’incarne pas l’auteur ; il est justement ce double différencié lui permettant de peindre Elsa différemment.
Elsa est symbolisée par Blanche, la femme que Geoffroy a aimé et aime encore, mais ne lui ressemble pas. L’auteur se plaît à mélanger la fiction avec le réel tant sur le plan des événements que des personnages.
Le narrateur fouille 30 années de sa mémoire à la recherche de la moindre trace de Blanche, des souvenirs encore présents, non oubliés, pour ressusciter cet être de fuite qu’il n’a plus vu depuis 18 ans.
Ses bribes de memoire se mélangent donc aux récits personnels, aux réflexions littéraires, linguistiques, philosophiques et relient les différentes pages du texte afin d’en faire un tissu dense et uni.
Il y aurait plein d’autres choses encore à dire au sujet de ce roman, notamment le rôle joué par les personnages fictifs, les alternances de point de vue dans la narration, le style et la syntaxe si particuliers, bref tout ce qui relève de son écriture, mais Aragon le dit lui-même à la fin de son ouvrage : parler de Blanche ou l’oubli c’est répéter le livre.
J’ajouterai donc enfin que cette œuvre se singularise par la force avec laquelle elle hante l’esprit de son lecteur. Vouloir comprendre qui est Blanche, noter la résonance des réflexions sur l’oubli, sur l’amour, prendre plaisir à reconnaître l’intertexte et les citations camouflées.
Même après une lecture lente et attentive, de nombreux mystères planent autour de ce roman que je relirai pour, peut-être, les éclaircir.
Un livre magnifique, qui démontre la technique et la poésie du style d’Aragon. Tout le livre est incroyablement bien construit ; il ne se laisse pas se dévoiler tout en étant époustouflant.
“Devant l’impuissance d’arracher Blanche à l’oubli, et le sentiment atroce de n’être moi-même que ce Blanche a définitivement oublié” / “Jusqu’ici les romanciers se sont contentés de parodier le monde. Il s’agit maintenant de l’inventer.”
Relecture de mon roman préféré, les mots d’amour d’Aragon en communication directe avec mon cœur, par delà mort et oubli, comme au premier jour, mieux qu’au premier jour
« Vous qui ne connaissez pas la loi d’alternance des mensonges, ces marées de l’homme qui fait l’amour avec le monde, leurs reflux abandonnant aux grilles des égouts les mots brisés, les déchets du songe, les pantins disloqués de notre âme, les cris pendus, les crimes parfaits de la pensée »
Du pur Aragon, même à 70 ans passés il écrit comme un ado sous l’emprise de stupéfiants. Un style perché, relativement distrayant quelques pages durant, on s’ennuie vite. Les personnages ne sont guère définis, à vrai dire ils ne prennent jamais corps. Un gros pavé donc, où il ne se passe jamais rien, où l’auteur a jugé bon d’insérer par-ci par là des références à sa vie parisienne de l’époque et à des auteurs classiques. C’est raté.
Dernière œuvre d’Aragon. Il s’interroge sur des sujets qui devaient à ce moment lui parler : les souvenirs, la mémoire, ce qui reste. Ce livre reste quand même difficile d’accès, j’ai été plusieurs fois perdue. Par contre il y a des passages très forts et beaux.