An expansive, yet succinct, analysis of the Philosophy of Religion - from metaphysics through theology. Organized into two sections, the text first examines truths concerning what is possible and what is necessary. These chapters lay the foundation for the book's second part - the search for a metaphysical framework that permits the possibility of an ultimate explanation that is correct and complete.A cutting-edge scholarly work which engages with the traditional metaphysician's quest for a true ultimate explanation of the most general features of the world we inhabitDevelops an original view concerning the epistemology and metaphysics of modality, or truths concerning what is possible or necessaryApplies this framework to a re-examination of the cosmological argument for theismDefends a novel version of the Leibnizian cosmological argument
C’est un livre du courant de la philosophie analytique qui défend une version de l’argument cosmologique de la contingence. Il est complexe, suppose une familiarité avec le jargon analytique, les auteurs et leurs thèses à propos de l’épistémologie de la modalité (Armstrong, David Lewis, etc.). Il est surtout dur à cause de la lourdeur des phrases. Malgré cela, le livre est passionnant (plein de nouvelles idées intéressantes, on est loin de la redite et des répétitions de ce qui a déjà été écrit 10 000 fois ailleurs) et rigoureux (quoiqu’il est dommage que l’auteur examine quasiment pas les arguments méticuleusement prémisse par prémisse explicite, il ne donne même pas son propre argument sous formes de prémisses et conclusion).
Dans la première partie, O’ Connor défend le réalisme modal robuste (à ne pas confondre avec le réalisme modal de David Lewis où tous les mondes possibles sont concrets), c’est-à-dire la position selon laquelle les propositions modales (qui font appel à la possibilité, l’impossibilité, nécessité, la contingence, etc.) sont justifiées.
Dans la seconde partie, il défend un argument de la contingence leibnizien en faveur de l’existence de Dieu. La première est un prérequis nécessaire pour que son argument puisse au moins avoir une chance de décoller.
Dans la troisième et dernière partie, il traite des implications théologiques de son argument et plus généralement de la théologie naturelle.
### Chapitre 1 :
Il traite du problème de savoir comment justifier les propositions modales comme il semble que rien dans le monde physique ne nous permet de le faire à partir de faits purement empiriques.
David Armstrong est connu pour avoir défendu et popularisé la théorie des vérifacteurs (truth-makers) : les propositions modales prennent appui sur des choses ou états de faits objectifs dans la réalité.
Lawrence Bonjour défend qu’on peut les connaître en les “voyant” de façon a priori, qu’il y a un “sens” qui permet de les voir.
Il critique Alvin Plantinga qui pose mal le problème. Il ne s’agit pas de savoir comment les propositions qui sont des objets abstraits peuvent causer en nous notre croyance en celles-ci, mais plutôt comment
Il s’attaque au nihilisme modal de Quine pour qui toute proposition modale est non justifiée et qui propose de les éliminer complètement. Ainsi il nie que les propositions a priori des mathématiques et de la logique soient certaines. On pourrait dire que pour lui elles sont contingentes même s’ils rejetteraient un tel terme.
Il répond aussi à Graham Priest qui prétend qu’on peut connaître et vérifier le principe de non-contradiction par l’expérience et donc qu’on pourrait potentiellement montrer qu’il est faux. Il croit donc qu’il existe de véritables contradictions dans la réalité empirique qu’on peut observer. Par exemple, on a comme données pertinentes les figures impossibles à tracer (carré rond, etc.).
Il aborde le problème de l’induction inspiré de Hume.
Il aborde ensuite le réductionnisme modal d’Alfred Tarski critiqué par Ecthbende. Cette position consiste à réduire les concepts modaux à des choses non modales. Le problème est qu’on revient à affirmer que la nécessité n’existe pas et donc on n’a plus de fondement pour soutenir des propositions nécessaires.
### Chapitre 2 : Modal knowledge
Partie dure au début
Il donne ici sa théorie de la modalité. Il rejette la version traditionnelle de la position réaliste sur la modalité qui défend un quasi sens de l’a priori. Il défend au contraire une version faillibiliste.
Il y a une hiérarchie de croyances a priori. Certaines (les core beliefs) sont infalsifiables par l’expérience car toutes les croyances empiriques les présupposent et qu’elles ont donc plus de justification que n’importe quelle observation empirique possible de par leur type. D’autres sont révisables via des faits empiriques.
O’Connor relativise cette révision possible des croyances a priori, que cela ne peut pas toutes les concerner comme le prétend Quine.
Il défend et développe ensuite une théorie modale néo aristotélicienne basée sur les dispositions des choses, au moins les choses basiques naturelles (celles au plus bas de l’échelle comme les quarks), et peut-être les choses composées naturelles (s’il y en a).
### Chapitre 3 :
O’Connor présente ici son argument cosmologique de la contingence basé sur l’acte intentionnel d’un agent qu’est l’être nécessaire qui possède l’être nécessaire. Il se base sur ses travaux pour montrer qu’ainsi, il peut échapper au modal collapse : l’effet (l’univers) de la l’action de la cause peut être contingent même si la cause est nécessaire. Il ne présente pas son argument très clairement sous formes de prémisses et de conclusion.
Il rejette l’explication non causale de John Leslie, son explication ultime axiarchique : il y a quelque chose parce qu’il est bon qu’il y ait quelque chose. En effet, il ne voit pas comment cette simple loi permet de causer l’univers.
Il répond au fur et à mesure à différentes objections classiques :
1. L’objection de Kant qui réduit l’argument cosmologique à l’argument ontologique 2. L’objection de Hume qui prétend qu’une régression infinie suffit à fournir une explication complète (fameux passage de ses Dialogues avec ses quatre particules). O’Connor répond avec le fait qu’une explication qui fait simplement appel à des transformations ne peut pas être complète car on peut toujours quand même se demander pourquoi les chaînons précis existent. 3. Le besoin pour une explication d’être contrastive pour pouvoir être complète, ce qui fait retomber les partisans d’un Être nécessaire dans le nécessitarisme. O’Connor répond que ce n’est en fait pas la peine. Il donne un contre-exemple à la fin.
### Chapitre 4 : The identification stage
O’Connor résout ici le problème du gap pour prouver que Dieu en tant qu’être transcendant et personnel est un meilleur candidat (plus probable) que l’univers ou quelque chose d’immanent et impersonnel. Il reprend surtout les arguments de Duns Scot et dans une moindre mesure ceux de Samuel Clarke.
Il montre que l’existence nécessaire est un attribut qui doit précéder logiquement tous les autres essentiels sous peine de ne plus être nécessaire. Il rejette le modèle de la simplicité de Thomas d’Aquin et se rabat plus sur la notion de distinction formelle de Duns Scot même s’il reconnaît qu’on ne sait pas vraiment ce qu’elle signifie.
Il répond d’abord au nécessitarisme de Spinoza qui pose que l’univers entier est nécessaire. En gros l’univers ne peut être l’être nécessaire et avoir l’existence nécessaire car il est complexe et il est difficile de lier cela à l’unité.
Il confronte ensuite son modèle d’un être nécessaire personnel qu’il appelle Logos aux modèles Chaos (terminologie qu’il reprend à Van Inwagen dans sa Métaphysique), le Chaos immuable, le Chaos “abondant” (en gros le réalisme modal de Lewis) et le Chaos . Personnellement, je ne vois pas trop la différence entre certains modèles Chaos et le nécessitarisme.
Il traite ensuite du fine-tuning pour répondre au modèle Chaos “abondant”. Il examine trois objections faibles :
1. Le principe anthropique : si l’univers n’était pas bien réglé pour la vie, nous ne serions pas là pour l’observer. L’objection semble dire implicitement qu’on peut en tirer que le fine-tuning est nécessaire. O’Connor reprend le fameux contre-exemple de John Leslie basé sur une exécution par fusillade ratée. 2. L’absence de vie est tout aussi improbable que sa présence, or son absence ne requiert pas d’explication particulière, donc il en va de même pour sa présence. O’Connor répond à nouveau avec une analogie qui porte sur une partie de poker où l’on ne peut sortir cette excuse pour se justifier d’avoir 3 pioché royal flush de suite. 3. L’essentialisme défendu et présenté avant par O’Connor semble saper le fine-tuning : il n’y a plus de contingence possible pour les caractéristiques du fine-tuning puisqu’elles sont nécessaires en vertu de l’essence de chaque chose. O’Connor rétorque qu’il y a de nombreuses caractéristiques du fine-tuning qui ne dépendent pas des essences : des relations décrites par des équations, des combinaisons, des ratio, des distributions, etc.
Puis trois objections plus fortes. En bref, elles tentent toutes d’augmenter le champ des probabilités de la vie pour rendre moins improbable la vie dans l’univers (d’autres formes de vie, etc.) ou de nier (ou au moins d’être sceptique sur) l’équiprobabilité des différentes possibilités. Concernant les champs de probabilités, la réponse est assez technique, O’Connor reprend encore une analogie de Leslie pour montrer que même si l’on accepte les présupposés de ces objections, le fine-tuning de l’univers pour la vie reste un fait étonnant qui demande une explication. Concernant l’équiprobabilité, il reconnaît qu’on est dans le flou, mais fait remarquer qu’on la suppose dans d’autres cas similaires sans pour autant la remettre en question. [Objection sur l’équiprobabilité](https://www.notion.so/Objection-sur-l...)
Il se peut effectivement qu’on découvre plus tard que certaines caractéristiques du fine-tuning sont nécessaires en vertu de lois de la nature. Mais il y en a tellement que le fine-tuning restera dans tous les cas improbable même à supposer que certaines caractéristiques sont nécessaires.
Le principal concurrent de l’hypothèse du design est celle du multivers. En réalité, il faut strictement distinguer la théorie des multivers qui se base sur des univers connectés au nôtre de la théorie des mondes possibles actuels qui se base sur des univers parallèles complètement distincts du nôtre et sans rapport avec lui, si ce n’est qu’ils ont la même origine que lui pour le théiste.
1. La première a l’avantage de recevoir un potentiel appui ultérieur de la science, mais pour l’instant n’est pas confirmée empiriquement. De plus, même si elle était vraie, elle ne ferait que repousser le problème : il faudrait par exemple un “générateur” de multivers lui-même bien réglé pour pouvoir les générer. 2. La seconde a l’avantage d’éviter les deux écueils : elle peut être défendue a priori sans faits empiriques et ne dépend pas d’un générateur. Mais il est facile de l’accuser d’être une hypothèse purement ad hoc, c’est-à-dire formulée dans le seul but de bloquer l’argument du fine-tuning et sans réel fondement. Pourtant, on peut la fonder avec des arguments a priori, même à partir de Dieu (ce que fera O’Connor en personne). Le simple critère de la simplicité ne permet pas de trancher avec un si grand écart entre le design et le Chaos abondant car de même que le théisme classique avec un Dieu sans limites arbitraires semble moins arbitraire qu’un Dieu limité, de même, une infinité de mondes possibles actuels semble moins arbitraire qu’un seul et unique monde actuel. En gros, que sous les deux hypothèses concurrentes, la probabilité du fine-tuning avoisine 1 (la certitude). Cette seconde version de l’hypothèse du Chaos abondant ne suffit pas pour mettre un point d’arrêt à l’explication car l’existence actuelle de tous les mondes possibles n’est en soi qu’une possibilité parmi d’autres innombrables. O’Connor traitera plus amplement cette hypothèse dans le prochain chapitre : c’est le théisme, Dieu qui permet d’expliquer cette hypothèse.
Le véritable point faible du fine-tuning se situe au niveau de l’identification du designer. Après avoir cherché pourquoi l’univers est bien réglé pour la vie, on peut se demander pourquoi le designer est intelligent, ce qui ne fait donc que repousser le problème. Cela ressemble à l’objection de Graham Oppy même si lui ne fait pas de l’intelligence du designer un énième explanandum mais plutôt le fait qu’il ait choisi de créer un univers bien réglé pour la vie au lieu de ne pas le faire (l’explanandum serait ici le choix de Dieu “bien réglé” pour la vie). [Objection sur le “fine tuning” de Dieu](https://www.notion.so/Objection-sur-l...)
Par conséquent, pris comme un argument indépendant à part (en anglais on parle d’un “stand alone argument”), le fine-tuning n’est pas convaincant. O’Connor propose à la place de le combiner à son argument cosmologique. Concrètement, il faut d’abord prouver l’existence d’un être nécessaire transcendant et personnel, puis cela permettra de rendre plus probable et plausible l’explication du fine-tuning par le dessein intelligent.
### Chapitre 5 : The scope of contingency
Dans ce chapitre, O’Connor défend une version de ce qu’on pourrait appeler le réalisme modal théiste (pour reprendre la terminologie de Michael Almeida) : la thèse disant que Dieu a créé une infinité d’univers, etc. Il prétend qu’on peut déduire cela de la perfection de Dieu et défend qu’elle ne limite pas la liberté de Dieu, car bien que la liberté de choix soit dans notre cas de créatures humaines soit importante et nécessaire, elle ne l’est pas pour Dieu. Donc il semble qu’au final, il défende une sorte nécessitarisme (A relire).
Il en tire ensuite les conséquences pour d’autres sujets :
1. Concernant le problème du mal, elle fournit une défense convaincante, plus que celles basées sur un seul univers actuel. 2. Concernant le fine-tuning, elle semble le saper si l’on n’a pas prouvé au préalable un Être nécessaire transcendant et personnel car elle rejoint l’hypothèse de l’infinité des mondes possibles de l’athée. Selon O’Connor, le théiste ne peut donc pas utiliser le critère de la simplicité pour départager le théisme et le naturalisme en disant que le premier est plus simple que le second car il pose un moindre nombre d’entités avec sa théorie d’une infinité ou au moins d’un très grand nombre de mondes possibles actuels. En effet, le théisme implique précisément une infinité de mondes possibles actuels.
### Chapitre 6 : God of Abraham and philosophers
Il répond aux critiques classiques à l’encontre de la théologie naturelle (fidéisme, critique par Heidegger de l’ontothéologie). Il refuse d’accepter l’immutabilité de Dieu et d’autres attributs du théisme classique (comme la simplicité) comme pour lui des changements non essentiels ne le rendent pas dépendant et ne sont pas indispensables. Enfin, il soutient que la nécessité est un attribut indispensable de Dieu pour préserver son aséité.
It turns out that if you want to do anything in science you'll need something akin to God to do it. I say akin because, strictly speaking, O'Connor's conclusion requires the existence of a transcendent necessarily existent purposive being in order for modal truths to be justified. It is plausible that this being is identical to the perfect being theologians call God but not necessary. O'Connor argues that alternative hypotheses designed to justify modal truths in general reasoning (I could have been a rock star) and science (induction and the testing for the consistency of theories) don't do the job and that contingency is explainable, ultimately explainable, by the existence of said being. God is, if you like, the guarantor for modal truth. And without that, not much else we take for granted is possible either.
This is a very good book partly because it is well argued but also because if you are facing the imminent task of writing a dissertation then the example of this book should be followed. O'Connor's organization is precise and the argument is easy to follow.
There are some deficiencies here and there. Perhaps owing to the quantity of the steps in the argument and the magnitude of material available on each inference, O'Connor side steps and points at questions along the way without seeking to tie up all the loose ends. Of course, to do so would have lengthened the work substantially but there were a couple of ends I'd like to have seen tied.
This book is a dense and at times terse examination of (non-Lewisian) modal realism. O'Connor argues, unsatisfactorily to my mind, for too much in this short book. He argues that in order to ground genuine modality, one needs a transcendent, personal, necessary being. He also argues that Spinozistic necessitarianism is untenable (although he only states in an endnote that he just doesn't understand Spinoza's own metaphysics), that reductive accounts of modality and modal-epistemology are unsatisfactory and that God exists. All of this in 144 pages. This is an ambitious project to be sure, and O'Connor notes this in many places throughout the text. That said, the book suffers, I think, as most of his arguments seem to either merely shift the burden (often leaving me feeling as if I am in no position to have any intuitions whatever), or to assert without much argument intuitions that I share to widely varying degrees (from, 'not at all' to 'okay, sure'). But, as I said, O'Connor does seem aware of the sketchy manner in which he here argues. Overall, I would like to see a more fleshed out account of this project.