On peut s'etonner qu'un concept aussi central en philosophie des sciences et aussi courant dans le langage scientifique puisse faire encore l'objet d'une question de definition. Pourtant, la signification du concept de "loi de la nature" reste encore obscure, car traversee par une ambiguite fondamentale. Si l'existence de "lois" ratifie le fait que la nature est reguliere, cela signifie-t-il dire que les lois sont de simples regularites, c'est-a-dire des rapports constants entre faits? Ne seraient-elles pas plutot des "regles" qui gouvernent necessairement le cours des phenomenes? Mais alors, quel est le fondement de cette necessite que ces reglent imposent aux derivent-elles de la nature et des dispositions des choses, ou bien sont-elles octroyees de l'exterieur par une instance (divine ou transcendantale) qui legifere sur la nature " comme un roi en son royaume "?
Une très bonne introduction au débat philosophique et métaphysique sur les lois de la nature. On a en gros trois parties :
D'abord une étude historique depuis les Anciens (Platon, Aristote, les stoïciens, Lucrèce et ses pactes de la nature) jusqu'à Kant (partie je trouve la plus compliquée si on n'a pas lu Kant auparavant) et les empiristes (Hume, Comte)
Puis une étude très digeste en quelques pages (la plus grande force de ce livre) des différentes positions contemporaines dans le débat actuel en philosophie analytique, avec leurs forces et faiblesses respectives : 1) L'empirisme ou "néo-humisme" avec les lois de la nature comme simples régularités universelles concernant des choses concrètes ; 2) L'universalisme de David Armstrong, Michael Tooley et Dretske avec les lois de la nature comme des relations nomiques entre des universaux instanciés puis abstraits (pour Tooley) ou non (pour Armstrong) selon les variantes ; 3) Le dispositionnalisme de Nancy Cartwright (l'auteur ne le dit pas mais on pourrait le rapprocher de la position aristotélicienne comme le fait Edward Feser) avec les lois de la nature comme basées sur les propriétés essentielles de choses concrètes.
Et enfin une étude commentée de deux textes : un extrait de John Stuart Mill (empiriste) et de David Armstrong.