"La nature menacée devient menaçante : notre excès de contrôle nous a fait perdre le contrôle. Il va maintenant falloir vivre dans un monde fluctuant, c'est-à-dire inventer la civilisation de la robustesse, contre la performance." Olivier Hamant Face aux bouleversements du monde en cours et à venir, le développement durable, entre géo-ingénierie contreproductive et tout-électrique mal pensé, crée de nombreux futurs obsolètes. Émergent alors les contremodèles de la décroissance et de la sobriété heureuse, nettement mieux alignés avec le monde qui vient. Mais la frugalité peut-elle réellement mobiliser ? Ne risque-t-elle pas non plus de se réduire à d'autres formes d'optimisation ? Et si, pour être sobre et durable, il fallait d'abord questionner une valeur nettement plus profonde : l'efficacité. Le monde très fluctuant qui vient appelle un changement de civilisation. Ce chemin demande surtout de valoriser nos points faibles et inverse toutes les recettes.
Excellent essai, aisé à lire et relire, qui présente la robustesse comme attitude à développer et à avoir, en opposition à la performance, pour relever les défis du monde fluctuant et bouleversé dans lequel on se trouve : multiples crises sociales et environnementales, guerres, instabilité politique, etc. Un basculement de la société est sans doute nécessaire pour assurer un avenir, et il faudra passer de l'agilité à l'adaptabilité.
Très inspirant. J’y retrouve un certain nombre d’intuitions et de choix personnels, mais la thèse est vraiment puissante. Elle invite à questionner beaucoup de choix et à envisager des décisions néanmoins peu évidentes…
Une oeuvre impressionnante, tissée par une écriture à la fois précise et artistique. Olivier Hamant illustre comment le culte de la performance nous a poussé vers cette crise socio-écologique. Plus important, il explique, avec plusieurs exemples concrets, comment l'approche de la robustesse, basée sur le vivant, peut nous aider à traverser les temps à venir. Ce livre m'a fait découvrir plein de nouveaux concepts et m'a permis de mieux comprendre l'importance d'un raisonnement holistique, prenant en compte toutes les facettes de nos choix. À relire prochainement.
Un manifeste qui remet au centre la nécessité de donner les conditions d’adaptabilité intergénérationnelle pour faire face aux bouleversements d’un monde qui s’épuise. A good one.
Très bonne réflexion qui balaye pas mal d'aspects de la société sous le prisme de la performance, ses limites et contradictions. Les tracts Gallimard sont généralement agréables à lire et je pense que celui-ci fait partie de mes préférés
Un court essai brillant,intelligent, indispensable. Olivier Hamant y propose un modèle de société dans lequel la valeur centrale ne soit pas la performance mais la robustesse. Passionnant et stimulant.
J'ai bien aimé cet écrit qui inspire et questionne. J'aurais aimé que cela soit mieux sourcé. Il manque selon moi certains développements pour atterrir sur certaines affirmations qui sont énoncées.
J'ai trouvé cet essai d'une grande justesse et d'une profonde intelligence. Je suis contente qu'on me l'ai prêté et j'aimerais qu'il circule encore dans de nombreuses mains.
Oliver Hamant part de la définition de la "robustesse" comme étant la capacité d'un système à se maintenir stable (court terme) et viable (long terme) malgré les fluctuations - inspiré du concept connu des systèmes biologiques - et l'oppose à l'injonction délétère de performance imposée par le néolibéralisme. Tout comme dans le vivant, cette robustesse n'est permise que par l'hétérogénéité du système : "que trouve-t-on dans les réseaux des écosystèmes, les réseaux de neurones ou les réseaux génétiques ? De façon massive et prévalente : de l'hétérogénéité, des processus aléatoires, des lenteurs, des délais, des redondances, des incohérences, des erreurs et de l'inachèvement. Le vivant héberge surtout une myriade de contre-performances à toutes les échelles, de la molécule à l'écosystème."
Il applique ce concept en balayant de nombreux domaines socio-écologiques et démontre partie par partie sa pertinence : en épistémologie, dans la santé, dans l'éducation, en agriculture, en art, etc. L'essai est relativement peu sourcé, mais le format du tract le veut et je pense que le texte n'en est que plus aéré (les idées proposées sont assez denses). Pour moi le seul passage moins convaincant reste celui de la bioéconomie, qui aurait mérité d'être encore plus discuté.
L'essai n'en reste pas moins engagé et plein de ressources - surtout concernant les actualités environnementale, politique et sociale.
Je termine sur quelques passages que j'ai trouvé très justement formulés :
"C'est l'homogénéité du savoir descendant qui crée les fake news et les dérives sectaires ; l'hétérogénéité des interactions et la pratique du débat contradictoire stimulent au contraire le regard critique."
"L'inverse de l'ébriété n'est pas la sobriété, c'est la robustesse. Placer la sobriété avant la robustesse, c'est prendre le risque de poursuivre l'injonction de performance sans la questionner, et finalement continuer sur la voie de l'optimisation généralisée du monde."
"L'éclairage scientifique a peu d'impact en politique. Par exemple, les dérogations pour le maintien des pesticides ou soutenant l'investissement dans le secteur des énergies fossiles sont souvent présentées comme du pragmatisme économique. En réalité, il s'agit le plus souvent d'une paresseuse érosion des objectifs où, au lieu de changer les pratiques, on réduit l'ambition des cibles à atteindre. Pragmatique sur plusieurs fronts- économique, écologique et scientifique- la robustesse demandera certainement un effort intellectuel et du courage politique."
60 pages d'une grande richesse, choix des mots, concision, base scientifique, orienté solutions. L'auteur a clairement nourri sa réflexion pendant des années. Bien que les paragraphes soient courts et l'écriture efficace, facile à lire, je pense qu'il faut le lire deux fois (et c'est un régal) pour saisir la profondeur des diverses notions abordées et l'impact du changement de paradigme proposé. L'auteur encourage d'ailleurs à poursuivre l'exploration en citant quelques personnalités (qui font référence dans leur domaine) et initiatives locales.
Une introduction riche pour avancer avec un nouveau cap dans un "monde fluctuant", à mettre entre toutes les mains, vraiment !
Ma phrase préférée dans cet essai est « Optimiser fragilise », qui donne à réfléchir et est très profonde. Je pense également qu'elle décrit avec justesse la société dans laquelle nous vivons. L'auteur explique remarquablement bien le concept d'illusion de la performance. Je continuerai à lire cet auteur.
À lire, l’idée centrale est très importante. Cependant, j’ai été un peu déçu en sortant de cette lecture, sans doute parce qu’il manquait d’idées marquantes et d’exemples puissants.