"Rien ne vous prépare à l'Ouest", dit le narrateur, l'étudiant étranger de Philippe Labro, parti travailler tout un été dans les montagnes du Colorado. Pour atteindre ce territoire irréel et sauvage, il est d'abord confronté au peuple de la "route". Il rencontre Amy, la fille Clarke, aux cheveux fous, qui exhalent des senteurs de fleurs séchées - la liberté même. Il vivra avec elle un grand amour, fulgurant, dont le souvenir ne cessera de le hanter. Dans l'Ouest, c'est un autre monde, celui d'hommes porteurs de mystère :Bill, colosse impénétrable, recherché par d'étranges motards ; Dick, et son regard insensé de cascadeur ; Mack, qui l'initie aux secrets de la forêt. Au terme de cette aventure initiatique, qu'est devenu le jeune homme ignorant, apeuré, assoiffé de vivre et de savoir qui se faisait appeler Frenchy ?
Philippe Labro was a French author, journalist and film director. He worked for RTL, Paris Match, TF1 and Antenne 2. He received the Prix Interallié for his autobiography L'Étudiant étranger in 1986.
Ce roman, suite du petit bijou qu'était L'étudiant étranger, se lit bien---Labro sait écrire---mais je n'ai finalement pas eu le sentiment de le lire pour lui-même, comme un nouvelle oeuvre importante qui "tiendrait" toute seule.
Un choix peut laisser le lecteur interloqué : alors que le texte se donne comme un récit de mémoires (estampé il est vrai de l'étiquette "roman"), on découvre à la fin qu'une figure centrale jamais rencontrée, Tom Morningside --- qui fait l'objet de la quête d'Amy et, via elle, de centaines de personnes (camionneurs notamment) dans tous les Etats-Unis ---, est en fait une invention, tout comme sa chanson qui tissait une trame intéressante entre presque tous les personnages.
Ceci pose quelque peu problème car, comme mémoires, le récit intéressait, mais comme roman, moins. On retrouve l'approche inductive, basée sur les faits de la vie interprétés par le jeune homme et réinterprétés par l'adulte, qui faisait l'intérêt de L'étudiant étranger, mais le lyrisme nostalgique pointe ici un peu plus, et le texte fait quelque peu "écrit", comme peuvent le faire parfois les suites.
À cela s'ajoute un élément qui rend la lecture quelque peu désagréable : si le personnage est en avance sur la société qui l'entoure pour ce qui est du racisme, ce n'est pas le cas pour ce qui est de la misogynie (et dans une certaine mesure de l'homosexualité), et le narrateur adulte ne semble pas prendre de distance par rapport au personnage sur ce plan. Je crois fermement qu'il ne faut pas cacher, dans un récit du passé, l'atmosphère culturelle du temps (par exemple la misogynie) mais l'absence (me semble-t-il) de recul dans un récit fait trois décennies après les faits, rend la lecture un peu difficile.
En contre-exemple de ce dernier point on peut citer le film dur mais magnifique qu'est Malèna (Tornatore, 2000), qui réussit très bien en nous offrant d'abord un point de vue misogyne (sans prise de distance apparente) mais qui va évoluer à mesure que le jeune homme, personnage principal et point focal de la narration, prend conscience et se distingue de la société qui l'entoure.
Ce livre s'enchaîne parfaitement avec le bouquin précédent 'L'étudiant étranger'. On découvre le personnage dans un nouvel univers, il reste fidèle à lui même. J'aime sa capacité à poser un regard curieux sur le monde qui l'entoure et sa découverte de la nature de l'Ouest Americain. L'écriture est simple et facile à suivre.
Récit d'un été passé dans les forêts du Colorado comme emploi d'étudiant par Labro. Sans grande profondeur, ce roman n'a pas réussit à m'accrocher comme "Un bateau dans la nuit" ou encore "L'étudiant étranger". Les pages se tournent dans une certaine indifférence, nous font nous ennuyer de Jack London et nous mettent à penser que Labro est prolifique et inégal.