Les médias d’information occupent une fonction essentielle dans notre société démocratique : celle de créer et protéger un espace public de débat intelligible pour tous. Mais sous la pression des impératifs de rentabilité, la pratique journalistique s’éloigne de plus en plus de cet idéal : fragmentation et formatage de l’information, mimétisme et répétition, sensationnalisme… Ces dérives transforment le citoyen en spectateur hébété d’une information-spectacle qui ne sert plus qu’à capter une audience suffisante pour assurer des revenus publicitaires conséquents.
L’originalité d’Illusions est de proposer, sous la forme d’un petit manuel en cinq étapes, une critique progressive de la logique qui anime l’univers médiatique. Dans un esprit de vulgarisation et de synthèse, Simon Tremblay-Pepin mobilise à chaque palier un appareil théorique différent (notamment ceux de Chomsky et Herman, Bourdieu, Gramsci, Freitag). Procédant par dépassements successifs, cette démarche permet au lecteur de sortir des lieux communs pour construire petit à petit sa propre lecture des médias et fourbir ses propres armes.
Dans son petit manuel, le professeur à l’École d’innovation sociale Simon Tremblay-Pepin nous offre une critique de la logique qui anime l’univers médiatique.
D’entrée de jeu, il présente des principes guidant le travail journalistique (la priorité accordée aux faits, le souci de l’intérêt public, l’indépendance, l’honnêteté, l’approche généraliste et la responsabilité devant le public). Il enchaine avec l’énumération de critiques déontologiques (l’information-spectacle, la capacité d’établir l’ordre du jour social et politique, la fragmentation et la normalisation des discours, le mimétisme et la concentration de la presse), débusquant ainsi de nombreux problèmes fonctionnels dans le monde médiatique.
Constatant que ces critiques ont pour angles morts les déterminismes sociaux, il souhaite confronter le « pourquoi » : pourquoi les discours se normalisent-ils, pourquoi cette prolifération de l’information-spectacle, pourquoi mettre l’accent sur l’émotion? C'est ainsi qu'il aborde coup sur coup le modèle de sélection de nouvelles de Herman et Chomsky, les mécanismes organisant le champ journalistique selon Bourdieu, la contribution de Gramsci à la théorie des luttes idéologiques et la pensée de Michel Freitag concernant l’espace public en contexte postmoderne.
Je vous rassure, ces parties sont bien vulgarisées et l’écriture est limpide!
A minor governmental bureaucrat is ready to show his loyalty to the hand who pays him from the taxes collected from the workers: back in the day the media was ideal, like everything in the good old days. Now, the media, or at least part of it, has started to show signs of disobedience, showing things that were not government approved. And that has to change. The media should always show the point of view of Big Brother and only his point of view. And with a bit of luck, Big Brother will notice the efforts of his loyal servant, Tremblay-Pepin and give him a bigger office and more subordinates.
Je lis ce livre 10 ans après sa soetie pour constater qu'il est encore actuel. L'analyse de la défense de la classe dirigeante de la part des journalistes est super pertinente et la critique du monopole des médias de masse l'est tout autant. On pourrait reprocher a ce livre l'absence d'exemples, mais dans mon cas, puisque ma lecture s'est fait longtemps après la sortie, cela n'a pas impacté ma lecture. 4.4/5
Un ouvrage d'une importance certaine. M. Tremblay-Pépin soulève d'importants points surtout en lien, pour les nommer à sa place, avec les JdeM et TVA de ce monde. L'argument général de cet essai ne m'apprend rien de nouveau, mais le phrase parfaitement pour l'étendre à un plus grand audience que je ne pourrais le faire et avec les bons mots. Le rôle de catalyseur ou d'enseignant qui devrait émaner d'un article ou un reportage à connotation politique est une denrée rare de nos jours préférant, comme nous le rappelle l'auteur, nous présenter le monde de la politique comme étant à part, pour des spécialistes que nous ne sommes pas et qui ne doivent pas y participer, à moins de les élire pour leur éloquence, charismes ou leur belle dentition. Seul bémol que je voudrais apporter à ceci est l'importance des médias sociaux et de leur rôle dans la circulation d'articles et et nouvelles internationaux. Avec cette nouvelle capacité à emmagasiner de l'information de partout du globe et d'avoir accès à une plus grande possibilité de journalisme légitime, il y a encore de l'espoir pour les médias. Toutefois, le lecteur doit être assidu et doit vouloir trouver la dite information malgré le temps supplémentaire que cela pourrait impliquer.
Une petite plaquette qui vaut absolument le détour. Le journalisme est au cœur de notre vie démocratique et ce livre met en perspective tant le métier de journaliste, que l’industrie puis peu à peu vous amène dans une réflexion fondée sur la pensée d’auteurs critiques du rôle de l’information dans notre société.