Robinson Crusoé vient de passer vingt ans de solitude dans son île déserte. Il a dû reconstruire son équilibre. C'est avec fierté - celle d'avoir soumis l'île à sa domination qu'il entame ce matin-là une promenade rituelle sur la plage où il avait mystérieusement échoué il y a tant d'années. C'est alors qu'il découvre l'inconcevable : dans le sable, une empreinte. Celle d'un homme. Passé l'affolement, puis la posture agressive et guerrière, le solitaire s'élance à la recherche de cet Autre qui lui apporte ce dont il avait oublié l'existence : l'idée même de l'humain. Commence alors une étrange aventure qui le précipite en présence de lui-même et d'une île inconnue jusqu'alors. Celui qui avait réussi à survivre sans civilisation, sans culture, sans autrui, doit maintenant affronter ce qu'il n'aurait pu imaginer ailleurs qu'ici : la relation à l'impensable.
Patrick Chamoiseau is a French author from Martinique known for his work in the créolité movement.
Chamoiseau was born on December 3, 1953 in Fort-de-France, Martinique, where he currently resides. After he studied law in Paris he returned to Martinique inspired by Édouard Glissant to take a close interest in Creole culture. Chamoiseau is the author of a historical work on the Antilles under the reign of Napoléon Bonaparte and several non-fiction books which include Éloge de la créolité (In Praise of Creoleness), co-authored with Jean Bernabé and Raphaël Confiant. Awarded the Prix Carbet (1990) for Antan d’enfance. His novel Texaco was awarded the Prix Goncourt in 1992, and was chosen as a New York Times Notable Book of the Year. It has been described as "a masterpiece, the work of a genius, a novel that deserves to be known as much as Fanon’s The Wretched of the Earth and Cesaire’s Return to My Native Land".
Chamoiseau may also safely be considered as one of the most innovative writers to hit the French literary scene since Louis-Ferdinand Céline. His freeform use of French language — a highly complex yet fluid mixture of constant invention and "creolism" — fuels a poignant and sensuous depiction of Martinique people in particular and humanity at large.
Having read Chamoiseau’s Slave Old Man, and enjoyed it for both its style and it’s intentional cultural viewpoint, I was intrigued by the idea of a re-telling of the Crusoe story. I’m drawn to stories set in isolation and I’m particularly drawn to islands; I enjoyed reading Robinson Crusoe when I was younger, and I was currently trying to read more stories set in the past rather than sci-fi, so this was a perfect fit.
I really enjoyed the style, even moreso than Slave Old Man which sometimes lost me in its poetic and philosophical rambling. The structure of the book was appealing and the grammatical choices throughout felt fitting of the narrative. I especially enjoyed the first two thirds of the book. The last third was a bit harder to follow and I didn’t connect with the subject matter as much as I’d have liked. I appreciated the final chapter and it’s revelatory elements.
The post-narrative section of the book titled ‘The Footprint Workshop’ was informative and contained a few elements I was interested by, but I found it less enlightening than the Afterword and Translators’ Note.
A bit too philosophical for my tastes and rather difficult to read for a non native French reader. The ending section did tie quite a few strings together and made it much more interesting but boy I just wished it had started to make sense much earlier.
En m’embarquant dans un livre de Chamoiseau, je savais que je ne lirais pas une histoire d’aventure. Je m’attendais plutôt à une expérience poétique dense, riche en impressions sensorielles et en réflexions. Je n’ai pas été déçue. Ce livre abonde de sensualité tout en explorant la condition singulière de Crusoé. Par contre, le lyrisme de l’œuvre n’est qu’un des aspects originaux de l’interprétation de Chamoiseau. Non seulement l’identité du personnage est nettement différente de celle de Defoe, mais il n’y a guère de Vendredi et l’isolement de Crusoé perdure jusqu’aux dernières pages du livre. Vendredi est remplacé par une empreinte que découvre un jour Crusoé. Celle-ci bouleverse son équilibre et devient tour à tour un objet de crainte, d’espoir et de désespoir, jusqu’à l’affranchissement de Crusoé vis-à-vis de toute forme d’attente. Aussi, au lieu d’une bible, l’auteur accorde à son personnage un livre contenant des textes de Parménide et d’Héraclite, philosophes traitant de la nature de l’existence et proposant deux visions distinctes. Crusoé s’y attache comme s’il s’agissait de reliques mystérieuses qui lui permettraient de conserver le peu d’humanité qui lui reste. Or, pour autant que ces textes lui semblent énigmatiques et qu’il se considère incapable de bien les comprendre, son journal en parcoure pleinement le sens. Car ce texte est tout d’abord le récit des états d’esprit et des questionnements successifs d’un homme seul confronté à la nature, à sa conscience, à la recherche d’un Autre, au besoin de se dédoubler, et au temps qui passe, jusqu’au moment de l’abandon, lorsqu’il se laisse couler pacifiquement au plus profond de l’univers qui l’entoure. Le Crusoé de Chamoiseau atteint un genre de sagesse immanente, voire une paix bouddhique, avant la chute finale, lorsque surgit à nouveau le monde humain.
Avant celui-ci, il y a eu deux livres sur le célèbre homme seul sur son île: le livre de Dafoe et le livre de Tournier.
Chacun apporte une contribution toute particulière: le premier est un livre d'aventures qui se lit tel quel et qui a fait rêver des milliers d'enfants. Le livre de Tournier est plus humaniste, comme dit Chamoiseau (je ne sais pas ce que ça veut dire).
Chamoiseau essaye lui aussi d'apporter sa pierre à l'édifice en décrivant un "voyage immobile", le voyage intérieur de Robinson Crusoé lors des douze années passées sur son île. Pas d'autres humains, pas de Vendredi "réel", une solitude extrême et pas de but clair, c'est dans ces conditions que vit Robinson. Il essaye d'abord de conquérir l'île, tel un colonisateur, un civilisateur, en instaurant des lois, en construisant des abris, en tenant en respect les créateurs de désordre tels les rats ou les chats. C'est l'"idiot". Car Robinson se rend ensuite compte de la stupidité de ses tentatives et de son orgueil. Il cesse alors de voir l'île comme son ennemie, et commence à rentrer en symbiose avec elle, à ressentir constamment des présences... le réel et son imaginaire se mélangent, il en est conscient mais ne fait pas d'effort pour sortir de cet état. C'est l'état de l'enfant ou "la petite personne". Ensuite et enfin, il se rend compte là aussi de l'absurdité de sa situation et finit par arrêter d'essayer de maîtriser la situation ou de la comprendre: plus d'acte civilisateur, ni de symbiose compréhensive. Robinson a compris qu'il ne peut qu'effleurer la surface et décide de s'en contenter. Il devient "artiste", car l'artiste ne ferme pas les yeux ou ne se cache pas en face de l'innéfable. C'est ça que Chamoiseau a aussi voulu faire en écrivant ce livre, et c'est cela qu'il appelle littérature et art: ne pas renier l'innéfable, au contraire l'accepter et essayer de l'exprimer d'une manière autre que l'intelligible.
C'est aussi une métaphore sur l'humanité que fait Chamoiseau, car à l'instar de Robinson, l'homme est lui aussi emprisonné (sur sa planète), seul et sans but. Pourtant, chacun vit sa vie de tous les jours comme s'il y avait un but connu... C'est ce mystère que Chamoiseau a aussi voulu exprimer.
Un livre assez cérébral, très métaphorique et poétique. Certainement moins facile et peut être moins ludique que les deux versions de ses prédécesseurs, mais peut être aussi finalement plus profond et intéressant? A condition d'arriver à en tirer quelque chose...
FROM THE WORLD LITERATURE FORUM CONTEMPORARY WORLD WRITERS SHOWCASE SERIES VIA GOODREADS —-ROBERT SHEPPARD, EDITOR-IN-CHIEF
Robert Sheppard‘s insight:
World Literature Forum brings to your attention Caribbean writer Patrick Chamoiseau’s L’empreinte à Crusoé "Crusoe’s Footprint" a reworking of the theme of Robinson Crusoe into an interiorized existential dimension stretches from Africa to the West Indies, occasioned by the abandonment on a desert island of African Muslim Dogon from Mali put ashore when he suffers a delusional mental breakdown while working on a slave ship. His solipsistic mental disorder expressed in continuous inner monologue leads to a rediscovery and reconstitution of his self and identity.