... Écrivant LE ROI VICTOR, Louis Calaferte s’est souvenu que les événements qui, autrefois, avaient des allures de tragédie s’étaient mis à se répéter, mais à se répéter en comédie. Cette mémoire façonne la pièce. De manière ostentatoire, celle-ci s’approprie la forme tragique, la colonise, l’évide, y loge la farce qui supporte la question de la nature de l’État : république, monarchie, monarchie républicaine. C’est de cette actualité que parle VICTOR, tout à la fois sérieuse et comique, où la ronde des fous du pouvoir ― tous ces rois grotesques qui depuis Ubu se sont fait mettre en scène ― abaisse le sublime questionnement grec jusqu’à n’en faire que de misérables querelles de famille et de boutiquiers... CHRISTIAN PETR
Louis Calaferte a écrit 26 pièces de théâtre entre 1950 et 1993, dont LE ROI VICTOR en 1981. Baroque, c’est en effet tout le théâtre de Louis Calaferte qui l’est si baroque désigne un théâtre de l’écart, un théâtre non traditionnel, un théâtre figural. Les drames qui s’y jouent ne sont pas des morceaux de la réalité, mais des métaphores de la vie sociale, construites pour interroger notre vie sociale bien réelle. De ce point de vue, tout le théâtre de Calaferte est bien un théâtre non conformiste, dans sa structure, dans ses propos, dans ses images... HERVE BISMUTH