L'histoire du boxeur tsigane qui osa défier Hitler Ce roman en dix rounds s'inspire de la vie de Johann Trollmann, dit " Rukeli ", boxeur tsigane qui vécut en Allemagne sous les nazis et fut assassiné le 9 février 1943 dans le camp de concentration de Neuengamme. Né à Hanovre en 1907, Trollmann est sacré Champion d'Allemagne des poids moyens en 1928. Dans toute la République de Weimar, on le surnomme Der tanzende Zigeuner, le tzigane dansant à cause de son inimitable jeu de jambes sur le ring. Rukeli devient boxeur professionnel en 1931 et enchaîne les victoires. En 1932, son entraîneur lui propose de le suivre aux Etats-Unis mais Rukeli choisit de rester. Le journal sportif nazi Box-Sport n'a de cesse de critiquer son style prétendument caractéristique de " l'imprévisibilité tsigane " et l'appelle le Gipsy : " Ses coups de poings ne sont pas Allemands. " Par défi, Rukeli fait broder ce surnom sur son short de boxeur. En 1933, avec l'arrivée au pouvoir de Hitler, tout se complique. Gibsy est déchu de son titre et tenu de le remettre en jeu. Pour ce match historique, il décide de ne plus bouger et encaisse les coups jusqu'au KO final. Il n'a plus le droit de boxer. En 1942, Rukeli est envoyé sur le front de l'Est. Arrêté par la Gestapo lors d'une permission, il est déporté au camp de Neuengamme et tué d'un coup de fusil.
« Il est vrai que l’époque n’est plus aux individus. Hommes, femmes, enfants sont pris dans un tourbillon infernal: on ne parle plus que de peuple, de race, les destins personnels s’effacent devant les adhésions de masse »
Il s’appelait Johann Trollmann, dit Rukeli ce qui signifie « arbre » en langue romani. Jamais je n’avais entendu ce nom, pourtant il aurait pu devenir le Marcel Cerdan allemand. Ce jeune homme avait vu le jour en 1907, outre-Rhin, mais ses racines familiales étaient tziganes. Très tôt, il s’était passionné pour la boxe et le gamin était doué, très doué même, avec un style bien à lui, très mobile, très dansant. Il était si gracieux qu’une belle gretchen, aussi blonde que lui était brun, avait succombé à ses charmes et l’avait aimé et soutenu courageusement. Mais le pauvre n'avait vraiment rien d'un aryen ce qui n'était pas du goût d'Adolf et ses copains. Avec son livre, Charles Aubert nous offre l’opportunité de grimper sur le ring avec ce grand boxeur. Pendant 10 rounds, on va assister à ses victoires mais aussi à ses défaites. Au fur et à mesure de la montée au pouvoir des nazis, ses combats vont devenir de plus en plus durs et injustes, face à des adversaires pas vraiment fair-play, soutenus par le régime. Le pauvre Rukeli a beau esquiver, danser, encaisser, il ne peut plus vaincre dignement si même les règles du jeu sont changées selon le bon vouloir des dirigeants de la fédération. Mais malgré les uppercuts, « l’arbre » restera droit jusqu’au bout. Ce court récit est un très bel hommage à ce sportif méconnu en France. Le remettre en haut de l’affiche n’est que justice et l’auteur nous permet également de nous rappeler que malheureusement Hitler et ses monstrueux acolytes ne s’en étaient pris qu'au peuple juif mais également aux tziganes, aux homosexuels, aux handicapés. Les livres ont ce pouvoir de réactiver la mémoire, on a si vite fait d’oublier !
Charles Aubert est un auteur que je n'avais pas encore lu, et pourtant j'ai toujours vu passé de bons avis sur ses trois précédents romans au nom de couleurs. J'ai donc profité de la sortie de son nouveau roman pour le découvrir et le lire. En plus, le sujet de celui-ci me tentait beaucoup et titillait ma curiosité. J'aime beaucoup lire des livres issus de vies réelles. Ce qui va être le cas ici avec ce boxeur inconnu pour moi.
J'ai donc fait la connaissance de Johann Trollmann, surnommé "Rukeli", il naît en décembre 1907 et vit en Allemagne à Hanovre. Il est issu d'un milieu ouvrier, et est le sixième sur une fratrie de onze enfants. Ses origines sont tsiganes, il est noir de cheveux et mat de peau. Il va souvent, avec ses parents, rendre visite à leurs cousins qui vivent en caravane dans la forêt. Johann est un enfant calme, pas bagarreur, et pourtant il se passionne très vite pour la boxe. Il va devenir un boxeur professionnel et gagner de nombreux titres, dont le championnat d'Allemagne, et ce grâce à son style particulier et méconnu du métier. En effet, il a un jeu de jambes incroyable, il bouge beaucoup autour de son adversaire, il est léger, comme une danse. Cela va beaucoup désarçonner ses adversaires et fera son succès. Côté vie personnelle, il rencontre Olga avec qui il se mariera. Il ne veut pas d'enfant pour l'instant, car il sent un danger croître de plus en plus, et ne veut pas donner la vie dans ces conditions. Il se laissera tout de même convaincre par Olga, qui ressentira, à raison, comme une urgence d'avoir un enfant. Naîtra alors Rita, qui sera leur seul fille.
l'Allemagne connaît ses heures les plus sombres de son histoire. La montée du nazisme va bouleverser la vie de Rukeli et de sa famille. Il n'y avait pas que les Juifs qui étaient persécutés à ce moment là, et on a tendance à l'oublier trop souvent. Les Tsiganes, les homosexuels, les handicapés, étaient eux aussi considérés comme des être inférieurs et étaient la cible du gouvernement allemand. Avant l'extermination par la mort, le gouvernement allemand décide de stériliser toute cette population, il ne faudrait surtout pas qu'ils aient de la descendance....Rukeli n'y échappera pas. Je trouve cela juste barbare, je n'ai pas les mots pour exprimer mon dégoût de telles pratiques. Les lois pour sa vie professionnelle vont changer également. Il sera demandé à Rukeli de ne plus "danser" sur le ring, il sera dechu de ses titres.. bref, la vie va devenir de plus en plus difficile pour lui, pour son couple, pour sa famille. Comme on peut se douter avec la guerre qui sera déclarée et tout ce qu'on connait des camps et des exactions faites à tout un peuple.
Charles Aubert raconte toute la vie de Johann Trollmann, jusqu'à sa mort, qui est elle aussi d'un grand courage, je ne vous dirais rien pour que vous le découvriez vous-même, mais il a été pour moi d'une bravoure inouïe. L'auteur met surtout l'accent sur sa vie avant la guerre, ce que j'ai trouvé très intéressant. Car, malheureusement, on connaît tous ce qui s'est déroulé pendant la guerre, moins avant et pourtant cette période est également très importante pour bien comprendre ce qui a amené à cette horreur. C'est bon de rappeler tous ces changements politiques, les promesses faites à un peuple qui croyait en Hitler comme un sauveur, et en fait, s'est révélé être un diable. Il ne faudrait pas que l'histoire se répète, on vit une période où il ne faudrait pas grand chose pour basculer à nouveau vers la noirceur. Des livres comme celui-ci sont indispensables pour que les jeunes comprennent ce qu'était le nazisme, et surtout que l'on n'est pas à l'abri.
Ceci dit, revenons au livre. Je me suis très vite attachée à ce boxeur. Sa vie est très intense et dense. Je pense qu'on ne peut pas faire autrement que ressentir une profonde émotion en lisant la vie de cet homme, qui je le rappelle, a existé. Et c'est, je pense, ce qui rend le recit en ore plus émouvant, on sait que tout ce qui est raconté est vrai, c'est bouleversant. Je me suis sentie désarmée face à tout ce qu'endure le jeune boxeur. J'avais presque envie de m'excuser de tout ce qu'il avait subi. Il n'a jamais dit un mot plus haut que l'autre, il n'a jamais fait d'esbrouffe ou d'esclandre, comme s'il dérangeait. Il avait un don pour la boxe, il avait tout pour être heureux. Quand on pense à toutes les personnes comme lui, qui ont vécu la même chose, je suis submergée par l'émotion.
Charles Aubert raconte très bien. Il m'a embarquée dès les premières lignes dans la vie de Rukeli, et je l'ai presque suivi d'une traite. Je me suis arrêtée parce que j'étais obligée. J'avais tellement envie de savoir comment il allait s'en sortir, même si je savais la fin, que je n'avais pas envie de lâcher mon livre. Le style est très bon, très fluide. J'ai aimé également la construction du livre, puisque l'auteur l'a découpé en dix rounds, comme un match de boxe, avec toute l'intensité d'un combat. La narration à la troisième personne du singulier est judicieuse car elle permet de garder une certaine distance avec le personnage qui n'est pas négligeable, j'ai très bien réussi à ressentir toutes les émotions.
J'ai passé un moment très intense et j'ai surtout beaucoup aimé découvrir ce boxeur. Sa photo sur la couverture montre son regard franc, sa détermination. C'était un homme fier de ses origines, qui ne les a jamais trahies, droit dans ses principes. Pas étonnant quand on sait que son nom veut dire "arbre". Il avait surtout soif de liberté, comme son peuple du vent. Il était très gentil, mais craint par ses adversaires. C'est vraiment très bien que Charles Aubert ait écrit sur lui, cela permet de le connaître, de ne pas l'oublier, de lui restituer sa gloire et une place qu'il avait le droit d'avoir, comme tout autre boxeur. Il reste maintenant de ce champion une statue, un nom donné à une rue ou à un gymnase. Ses titres ont été restitués à sa fille bien des années plus tard. Elle n'a d'ailleurs appris l'identité de son père qu'à l'âge de quinze ans. Charles Aubert lui rend un émouvant hommage et à travers Rukeli, il rend également hommage à toutes ces personnes mortes à cause de la folie d'un homme.
Pour faire vivre cet homme et pour surtout ne pas oublier, je ne peux que vous recommander la lecture de ce livre. Je vous invite à rencontrer ce boxeur de talent, pour que son nom brille encore un peu plus parmi les étoiles.
De mon côté, j'ai beaucoup aimé le style et la plume de Charles Aubert. Je le lirai à nouveau avec plaisir. J'ai très envie de lire ses trois précédents romans, leurs résumés me tentent beaucoup. C'est un tout autre genre, puisque c'est du suspense, mais justement, j'aimerais bien savoir comment l'auteur le mène.
Il y a eu tellement de livres écrits sur la seconde guerre mondiale... Mais celui-ci, votre regard effleure à peine la couverture que vous vous retrouvez happé par le regard de Johann 'Rukeli' Trollmann.
Je n'ai pas pu m'empêcher de faire des parallèles avec Le Nageur, de Pierre Assouline, sur la vie d'Alfred Nakache. Deux grands athlètes, deux personnes à la vie bouleversante et inspirante.
Et le style de Charles Aubert rend hommage à Johann Trollmann avec justesse : simple, humble, réflexif, poétique.
C'est ce qui manquait - à mon goût - à la biographie d'Alfred Nakache, mais la différence est peut-être due aussi au fait que, là où pour Nakache - qui a survécu aux camps - on a des informations riches, précises et documentées sur sa vie, des zones d'ombres demeurent pour Trollmann, jusqu'à la façon dont il est mort.
Ce n'est que très récemment que son nom est sorti du silence, que le titre de champion qu'on lui avait accordé puis retiré lui a été restitué, et que son courage - comme sa mémoire - se voient enfin honorés.
So many books have been written about the Second World War… But with this one, your eyes barely graze the cover before you find yourself drawn into the gaze of Johann ‘Rukeli’ Trollmann.
I couldn’t help but draw parallels with Pierre Assouline's Le Nageur, which tells the story of Alfred Nakache. Two great athletes, two men with extraordinary, deeply moving lives.
Charles Aubert’s writing is a fitting tribute to Johann Trollmann: simple, humble, contemplative, poetic.
That’s exactly what I felt was missing in Nakache’s biography — though perhaps it’s also because, for Nakache - who survived the camps - we have a wealth of precise, documented information about his life. For Trollmann, many parts remain in shadow — including the exact way he died.
It’s only recently that his name has emerged from silence, that the championship title he had earned — and that had been stripped from him — was finally restored, and that his courage, like his memory, are finally being honored.
And from these silences, a myth has been taking shape.
Coup de cœur pour un court roman intense et terriblement touchant. Une mise en lumière d'un destin hors du commun, celui d'un prodige de la boxe. Né à Hanovre en 1907, mort au camp de Wittemberg en 1943. Johann Rukeli Trollmann est un tzigane allemand qui grimpa les échelons au fur et à mesure des combats pour remporter celui du championnat d'Allemagne des mi-lourds, il ne garda son titre qu'une semaine et fut déchut par les autorités en place. Il tentera bien de prendre sa revanche mais certains combats étaient perdus d'avance en Allemagne nazie. En 10 rounds, l'auteur nous dévoile l'incroyable parcours d'un homme dans la tourmente. Sa vie professionnelle, privée, familiale et communautaire sous une forme de fiction. Une petite histoire dans la grande qui se révèle. Ce qui est captivant, c'est de découvrir tous les éléments historiques de la montée du nazisme et de l'arrivée d’Hitler au pouvoir. Toutes les restrictions de liberté qui peu à peu envahissent le quotidien. Une histoire qui prend aux tripes et fait toucher à nouveau du doigt l'horreur de cette période. Le cheminement inéluctable du nazisme sans que les gens ne réagissent est vertigineux. Beaucoup d'émotions dans ce roman lu d'une traite et qui nous plonge dans l'enfer du nazisme. Comparé par sa femme Olga (aryenne) à « un arbre », on goûte la comparaison et toute la poésie qui s'en dégage avec les mots choisis de l'auteur. La narration se fait au présent et pour le lecteur de 2023 qui sait ce qui va advenir c'est bouleversant. On a envie de lui souffler de fuir, de s'échapper avant qu'il ne soit trop tard. Malheureusement nous n'y pouvons rien changer et il faudra boire la coupe jusqu'à la lie. Grâce à Danser encore, un hommage lui est rendu ici et la note de l'auteur en fin de livre donne aussi de précieuses informations. Bonne lecture.
j'ai beaucoup aimé cet ouvrage, autant pour son contenu que pour son écriture. Je crois qu'en le lisant, je me suis rappelée, une fois de plus, qu'on n'a pas fini de redécouvrir une période de l'histoire qui n'est pourtant pas si lointaine que cela.
Ici, vous allez suivre les pas d'un boxeur tsigane allemand, durant les années 30. Un boxeur qui a réellement existé, donc il y a un aspect biopic à cet ouvrage qui n'est pas pour me déplaire. Comme vous vous en doutez, vu le contexte historique et géographique, son parcours a été un peu... chaotique.
Pourtant, il n'y a pas de misérabilisme dans le texte. Juste la présentation d'un homme et de ses rêves, qui se heurte un peu trop souvent à des obstacles, et qui tente, malgré tout, de rester debout.
Le texte est découpé en round, pour rappeler encore un peu plus l'univers de la boxe. Et le style est très abordable, dans une langue de tous les jours, sans grandiloquence mais qui touche exactement là où cela fait mal. Et tout en se permettant des moments presque poétiques, comme des virgules de respiration dans cet univers brut et déchiré.
Je vous conseille donc largement cet ouvrage, si vous vous intéressez à cette époque, ou juste à l'humanité et à ses différentes manifestations. D'autant que le livre est très court, et qu'il ne prend pas de détour pour aller droit à l'uppercut.
Recommandation d’Armelle de la Çedille, j'ai aimé. Il se lit rapidement et j'ai pu mieux découvrir l'enfer vécu par les tsiganes dans le contexte de la seconde guerre mondiale. La symbolique avec la boxe est aussi très forte et m’a rappelé la beauté et la symbolique que peut porter le sport. Armelle ma dit que cela lui rappelle une nouvelle de Jack London, qui parle aussi dun boxeur, ça donne envie de la lire aussi.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman que je lis dans le cadre du prix Cezam 2025. Je me suis dis que cet ouvrage devrait être inscrit dans un programme de lecture pour le devoir de mémoire. Je ne sais pas à quel point l'auteur a pris des libertés et jusqu'où il a recherché la vérité, en tout cas le résultat est poignant, prenant, fort. Je recommande cette lecture.
Johann trollmann dit ( RUKELI) un boxeur tsigane. Dans Une Allemagne nazi il défie les meilleurs boxeurs aux combats. Juste au jour ou la guerre éclate. Dans une écriture captivante. Au couleur froid Une super fiction autobiographie de se boxeur . Merci Charle Auber pour ces 10 rounds !!!!
Toujours intéressant, j ai trouvé les 7 premiers chapitres de ce court roman assez moyen. Et arrivent les 3 derniers chapitres, beaucoup plus réussis. A lire!
Ahhh franchement j’ai kiffé! Je n'avais jamais lu sur l'Holocauste sous le prisme du traitement des populations tsiganes, et encore moins celui des athlètes faisant partie de cette catégorie de la population.
Il a été très cool de découvrir l'histoire de Rukeli, un peu moins le traitement barbare qu'on lui a infligé. 4/5