Comment être un bon allié du féminisme quand on est un homme ? Comment inventer une masculinité émancipatrice pour en finir avec la masculinité toxique ? Pourquoi les hommes eux-mêmes ont intérêt à lutter contre le patriarcat ? C'est de ces questions épineuses que s'empare le sociologue proféministe Francis Dupuis-Déri. En tirant le bilan critique de plus d'un siècle d'expériences où la frontière entre faux-amis et alliés et souvent poreuse, il esquisse les pistes d'un féminisme au masculin.
Francis Dupuis-Déri est professeur de science politique à l’Université du Québec à Montréal (UQAM). Spécialiste des idées politiques et des mouvements sociaux, il est l’auteur de nombreux ouvrages.
Le plus souvent, un homme réagira dans un premier temps par le déni et il cherchera à contrer et réfuter les arguments de féministes, surtout si elles le critiquent directement. Si elles persévèrent, il pourra éventuellement entendre leurs arguments, mais sans nécessairement les comprendre. Il pourra ensuite les comprendre, mais sans nécessairement en accepter les conclusions logiques, ce qui nécessiterait des changements de comportement. Il pourra aussi accepter, mais sans cesser d'agir de manière misogyne et antiféministe. Enfin, il pourra changer, à tout le moins ponctuellement. Bref, ce processus long et laborieux pour les femmes exige à chaque étape une lutte féministe individuelle ou collective. Selon cette hypothèse, donc, ce sont les féministes qui produisent des hommes proféministes, par leurs efforts et leurs luttes. Pour paraphraser l'adage, il y a derrière chaque homme proféministe plusieurs féministes épuisées d'avoir tant bataillé et de s'y être tant confronté.
Le livre fait le tour des positions et réactions des hommes face au féminisme avec une bibliographie solide à l'appui, mais sa grande force c'est son guide de disempowerment avec recommandations et commentaires. Juste au top
L'ouvrage le plus honnête que j'ai eu le plaisir de lire au sujet des hommes et du féminisme.
Il ne s'agit pas, au départ, d'un problème à propos duquel nous avons été honnêtes et sans reproches, mais il existe bel et bien un mode d'emploi pour bien faire les choses que Françis Dupuis-Déri a baptisé son « petit guide de disempowerment ». C'est facile (et surtout payant) pour un homme de se clamer haut et fort comme féministe, mais dans une logique patriarcale il en sera toujours le plus grand gagnant et c'est ça même que la lutte féministe souhaite éradique. C'est une lutte qu'on peut et doit supporter, mais ce n'est pas à propos de nous. C'est difficile à comprendre, c'est encore plus difficile d'accepter qu'on ne doit pas s'y mettre de l'avant.
Je le dis depuis des années: méfiez-vous toujours du gars qui claironne haut et fort à qui veut bien l'entendre qu'il est féministe. Comme l'explique Dupuis-Déri, c'est une prise de position politique.
Ce livre est très court, facile à lire et semble être la consécration de tous les travaux de Francis Dupuis-Déri. Spécialiste de l'anarchisme et du rapport des hommes avec le féminisme, il nous offre ici un petit ouvrage qui nous parle de ce qui distingue un véritable allié du féminisme par rapport à un faux allié.
Ce livre a pour but d'être très confrontant et de s'adresser aux hommes. Le ton est clair dès l'introduction qui prend environ 20 pages sur les 100 que contiennent l'ouvrage. L'auteur assume sa position, emploie parfois un petit ton sarcastique et des mots forts. Il assume aussi ses biais à travers tout ça et je pense que c'est une bonne chose. Considérant que de toute façon, tout le monde a des biais et que la seule chose qui distingue les scientifiques, c'est ceux qui les assument vs ceux qui se targuent d'être 100% neutre et objectif, aussi bien qu'il le fasse et soit transparent.
C'est encourageant et ça ne devrait pas être un frein à la lecture, car un scientifique conscient de ses biais aura toujours tendance à y porter une plus grande attention pour les éviter, ce qui est difficile à faire quand tu les ignores ou ne les assument pas. De plus, le fait qu'il s'appuie sur une énorme bibliographie (vraiment énorme vue la taille du livre) et qu'il y a à peu près partout des parenthèses (Auteur, Année) après les phrases importantes vient renforcer la fiabilité et la rigueur du travail.
Même moi qui se définit comme féministe et l'assume, je me suis retrouvé à réfléchir à mon propre rapport au féminisme. Même si j'ai été soulagé de constater que mon instinct et ma façon d'être allait dans le bon sens, j'ai aussi réalisé que j'avais du travail à faire et d'autres choses à lesquelles je pouvais être attentif. On ne doit jamais oublier que même en comprenant le patriarcat, en tant qu'homme blanc, hétéro et cisgenre, ce n'est pas moi qui le subit et il existe des normes sociales qu'on ne voit plus tellement elles sont ancrées dans notre quotidien, mais qui sont en fait sexistes.
Le petit guide de disempowerment à la fin qui se trouve aussi facilement sur Internet (la page Wikipédia de Francis Dupuis-Déri contient un lien direct) sert de bonnes pistes de réflexions sur les comportements à adopter pour être un meilleur allié. La base étant : l'écoute et non la défensive.
On rappelle aussi à la fin qu'être un féministe assumé en tant qu'homme, c'est inévitablement finir par devoir lutter contre ses propres intérêts et ses propres privilèges. Il faut être prêt à le faire et surtout, devenir féministe pour les bonnes raisons, car beaucoup de masculinistes le deviennent après avoir été des féministes. Les cas les plus célèbres étant Warren Farrell et Daniel Welzer-Lang qui même aujourd'hui ont encore de la crédibilité même s'ils ont tous les deux virés masculinistes pour des frustrations personnelles.
Si vous êtes un homme qui pensez être féministe, lisez ce livre et voyez ce que vous pouvez améliorer avec la plus grande des ouvertures d'esprit. Si vous êtes une femme féministe, offrez ce livre en cadeau à un homme ouvert à la discussion proche de vous.
Interrogez-vous aussi dans la section où on parle des 5 hypothèses qui, selon l'auteur, attirent les hommes vers le féminisme. Elles peuvent en dire long sur les raisons pour lesquelles un homme milite et il en être conscient. Car perdre son repère féministe dans son quotidien peut nous faire nous tourner vers l'antiféminisme si on ne gère pas bien la rupture.
Dans ce livre, il est dit qu'avoir des hommes dans les assos féministes est délétère, mais en même temps que les hommes ne sont pas assez impliqués dans les luttes féministes.
L'auteur s'étonne aussi que peu d'hommes se revendiquent féministes, tout en relevant qu'il faut parfois se méfier de ceux qui se revendiquent féministes.
Le chapitre sur l'histoire sur le droit des femmes est assez intéressant par contre (le droit de vote n'a été autorisé pour les femmes qu'en 1944, et ce après plein d'autres pays ?! La honte) Aussi intéressante : la partie sur l'histoire de l'inter-sectionalité des luttes aux USA.
Une autre Partie intéressante : celle sur de célèbres hommes alliés du féministes qui ont retournés leurs vestes. On aimerait juste que l'auteur évite une généralité pathétique : "Ces quelques cas justifient à eux seuls une saine méfiance politique à l’égard des hommes proféministes, même les plus célèbres."
L'analyse sur les raisons des engagements des hommes dans les luttes féministes me semble cyniques, et malheureusement démotivantes :" Quoi qu’un militant proféministe fasse ou ne fasse pas, son comportement peut entraîner des conséquences négatives pour certaines femmes ou féministes." lol OK ça ne va donc jamais ?
Le "Petit guide de disempowerment", au dernier tiers du livre, donne des injonctions contradictoires, donc un peu inutiles.
La conclusion, qui traite de la non binarite, relève un peu le niveau.
Bref, je n'ai personnellement pas eu l'impression d'apprendre grand chose. J'ai plutôt eu l'impression de perdre mon temps après avoir été attiré par un titre racoleur, qui cache au final une prose qui sonne creux.
Encore une fois , Dupuis-Deri nous offre une œuvre magistrale , celle ci au éditions remue-ménage à comme sujet les hommes comme classe et position situé politique dans le féminisme. Tout cela à travers une grille d’analyse matérialiste. Est ce que les hommes profeministe sont des alliés, des complices et des auxiliaires ? Sont t’ils réellement égalitariste ou prennent avantages de leur privilèges et de leur position dans la structure du patriarcat dans leur rapport avec les féministes ? Veulent t’il seulement atteindre le corps des féministes ayant des pratiques hétérosexuelles ? Est ce tout les féministe qui veulent militer en mixité avec des hommes ? Comment agir en complices avec les féministes sans reproduire le rapport de pouvoir de domination du patriarcat ? Toute ces questions et plus encore sont au centre de ce petit livre. Super revue historique des hommes proféministe qui ont été des alliés et on aussi parfois été des acteurs de premier lieu dans le basculement idéologique vers le masculinisme. Le guide de disempowerment est d’une limpidité et une super boussole pour tout homme solidaire des milieux féministes. J’ai adoré x 1000. Dupuis-Déri est selon moi le penseur anarchiste proféministe contemporain francophone le plus pertinent en ce moment.
« Pour paraphraser l'adage, il y a derrière chaque homme proféministe plusieurs féministes épuisées d'avoir tant bataillé et de s'y être tant confronté ».
Un ouvrage utile, pertinent et accessible pour se questionner sur la place des hommes dans les mouvements féministes. Bien que j’aurais aimé qu’il pousse davantage ma réflexion personnelle, il reste un bon choix pour sensibiliser et éduquer les hommes de notre entourage.
«La rhétorique qui consiste à prétendre que les hommes ont tout à gagner du féminisme passe aussi sous silence que le renversement même partiel d’un système de domination est un processus politique qui implique nécessairement des perdants et des gagnantes. L’égalité suppose que les hommes perdent leurs privilèges et leurs avantages, leur position de dominant et les possibilités d’exploiter des femmes individuellement et collectivement.»
Une analyse très intéressante sur les hommes pro féministe. On retrouve aussi bien des exemples d'hommes profeministes que de profils d hommes qui se disent profeministes et qui ne le sont pas réellement.
Je ne pense pas que c'était le but mais ça a un peu renforcé ma conviction qu'un homme ne peut être profeministe (ou je n'en ai jamais croisé 🤌🏻) même si je ne doute pas que certains ont permis de faire avancer la lutte pour le droit des femmes.
EXCELLENT LIVRE ! Dommage qu'il ne soit pas traduit en anglais parce que j'ai plein de personnes qui me demandent un retour en anglais sur ce livre et une petite traduction. La fin du bouquin est pépite !!!
Le guide du disempoworment à la fin est un bel outil pour se rappeler à quel point il faut faire attention à ce que l’ont dit et à comment on agis même si on veut bien faire. À lire!
Un livre que je prêterai aux hommes autour de moi qui se questionne sur leur rapport au féminisme ou qui questionnent le comportement des féministes à leur égard.