Agréable ou pénible, exaltante ou angoissante, intime et sociale, la grossesse est une expérience à la fois profondément individuelle et éminemment politique. Parce que la maternité a longtemps été le destin « naturel » des femmes, il leur a fallu s’en affranchir et conquérir la liberté de choisir d’être mères ou pas. Mais, aussi libre soit-il, le choix de la maternité n’en reste pas moins synonyme de charges et de doutes, y compris – et peut-être même surtout – durant la période de gestation. Être enceinte, c’est se soumettre aux regards, aux commentaires et aux normes qui prennent le contrôle de ce si gros ventre. La philosophe Camille Froidevaux-Metterie a passé du temps en immersion dans une maternité, elle y a rencontré des femmes enceintes qu’elle a interrogées sur leur expérience vécue du corps enceint. À travers ces paroles singulières qui disent la troublante transformation physique, les sentiments de joie ou de rejet, les innombrables injonctions – au silence, au bonheur, au poids idéal –, c’est le double mouvement de l’aliénation et de la réappropriation du corps des femmes qui se déploie.
En pensant ce qui ne se pense pas, en questionnant ce qui est considéré comme naturel, Camille Froidevaux-Metterie poursuit son travail d’élaboration d’un féminisme incarné qui place l’intime des corps sur le chemin de la libération.
bémol : pas d'explication de thermes spécifiques à la maternité pour les gens qui n'y connaissent rien (genre moi) et à l'inverse peut être pas assez vulgarisé sur certaines idées pour les gens qui ne sont pas dans des cercles totalement politisés
« Un corps à soi », de la même autrice, avait été une claque monumentale pour moi. Dans ce livre, Camille Froidevaux Metterie décortique l’expérience de la grossesse en multipliant les témoignages. C’est fluide, ça se lit vite, c’est équilibré (les vécus positifs prennent autant de place que les vécus plus difficiles). Néanmoins, j’ai eu l’impression que certains thèmes étaient un peu vite expédiés… Le sujet (qui reste encore un impensé des sciences sociales) pourrait faire l’objet d’un ouvrage 3x plus gros que celui-ci. La question du désir d’enfant et d’être parent (entre autres) est peu abordée, alors qu’elle impacte certainement beaucoup cette expérience.
Une bonne lecture, qui est surtout une porte d’entrée vers d’autres sources et vers les autres ouvrages de l’autrice dont la démarche est indubitablement intéressante et inspirante.
⭐️⭐️⭐️,5/5
« Après des siècles d'assignation à une condition maternelle synonyme d'infériorité et de passivité, nous pouvons sans doute commencer de l'envisager comme le lieu possible d'une affirmation de soi en tant que sujet libre et agissant »
Commencé au 3ème mois de grossesse et terminé au 8ème mois, ce livre m'a accompagné tout au long de cette métamorphose. Un début de grossesse difficile, rempli de peurs, d'angoisses et de culpabilité, ce livre a pu m'apporter un soutien inimaginable. Maintenant je suis vers la fin de ces 9 longs mois, avec un regard de moi-même, de mon corps, de ma sexualité, très différents. Une approche respectueuse et non-jugeant des expériences des personnes enceintes, cet essai sociologique m'a donné aussi une nouvelle vision du féminisme.
Les sujets abordés sont certes importants, mais le prisme est tellement négatif qu'on en oublie qu'il y a aussi des aspects positifs à la grossesse ! Lecture un peu déprimante quand on est soit même enceinte !