Ma voix avait changé. À présent, des poils duveteux dessinaient, sous mon nez, les prémices d’une moustache. Mes épaules s’étaient élargies et de rebutants boutons d’acné gravelaient mon front et mes joues. Au collège Irène-Joliot-Curie, on se moquait de moi. Du reste, à cause de ce qui s’était passé, au début de la semaine, dans le vestiaire du gymnase, ma mère ne me supportait plus. Elle m’avait prévenu. Elle m’aurait à l’œil, durant le week-end chez mes grands-parents. Honnêtement, je comprenais qu’elle se méfie de moi. Car elle et mes camarades avaient raison. Avec l’arrivée de la puberté, j’étais en train de devenir un monstre.
Ce n'est qu'un week-end dans la vie d'un adolescent. Une parenthèse étrange. Il s'y jouera pourtant des batailles intimes autour d'un secret familial pesant sur les épaules de tous.
Avec une écriture ténue, d'une précision sans faille, Vincent Almendros installe le malaise jusqu'à l'apaisement. Et c'est peut-être de ça que la grande littérature est faite.
Un excellent moment de Littérature. Dans ce court récit, l’auteur parvient à retranscrire parfaitement les émois sentimentaux et affectifs d’un tout jeune adolescent face à un secret de famille. Très juste.