Un jour d’automne 2018, une tête brûlée, portée par d’autres têtes brûlées, se fait élire au cœur d’une ville que le reste du Québec avait abandonnée à la droite populiste. Refusant de se couler dans le moule de la députée en série, elle s’apprête à frapper fort – mais aussi à recevoir la pire volée de sa vie.
Pendant son mandat, Catherine Dorion a tenu un journal, relevant tous les moyens par lesquels le pouvoir colonise les êtres, les peuples et notre avenir. Il en ressort un texte qui est tout à la fois un récit d’aventures, avec des batailles enlevantes et des scènes d’émotion brute, et une réflexion profonde sur les nouveaux chemins qu’il faudra débroussailler pour s’évader du carcan de solitude et de désespoir dans lequel nous sommes pris.
C’est l’histoire d’une artiste qui s’en remet à la poésie pour arracher au pouvoir ses vêtements fakes. L’histoire d’une militante qui croit qu’il n’y a pas de démocratie sans désir et pas de justice sans passion. C’est une histoire de famine de sens, de workaholisme généralisé et de burn-out civilisationnel. C’est aussi une histoire d’irrévérence populaire. Des carnets d’espoir punk.
Une tellement belle lecture pour ce début d'année... Les mots de Catherine Dorion me touchent et me secouent. Elle pointe justement et avec poésie et intensité les maux de notre société brisée. Merci pour cet essai de réanimation du désir avec ce manifeste hopepunk ♥️ j'ai adoré
À travers une critique des médias politiques , du capitalisme, du rythme effréné de la vie moderne et j'en passe, Catherine Dorion démystifie son passage en politique dans un livre touchant et passionnant.
Ça me gêne d'admettre que je faisais partie de la horde de gens qui s'étaient formée une opinion sur cette femme qui a tant fait couler d'encre lors de ces 4 ans à l'Assemblée Nationale. Ça m'a fait un grand bien de pouvoir apprendre à connaître l'humain et non la caricature médiatique de celle-ci. Un genre de revers de la médaille à l'envers? J'sais pas trop...
Bref, je la comprends finalement, NOTRE Catherine et en plus de saluer son courage, je la remercie d'exister telle qu'elle est: franche, sensible, différente...
Son livre m'a inspiré artistiquement et m'a profondément émue. Je le recommande fortement tant aux mordus de la politique québécoise qu'aux "haters".
J'adore comment Catherine écrit, c'est super interessant. J'ai eu des inconforts, par moment j'ai été fâchée et pas d'accord mais c'est nécessaire et ça m'a poussé dans des réfléxions profondes. <3
Pour être le plus honnête possible, je m'attendais à un livre de réflexions sur la politique avec une touche militante. Concrètement, j'y ai surtout trouvé un journal personnel sur la vie personnelle de Catherine pendant son mandat. En partant, j'ai été surpris par ça.
Avant quoi que ce soit : j'ai mis 3 étoiles, je ne considère pas ça une mauvaise évaluation. Là-dessus, si j'ai un point positif, c'est très bien écrit. C'est dynamique à lire, les images sont belles et les divisions des chapitres ont du sens (titre et contenu).
Une bonne section parle de son traitement médiatique. Même si je ne suis pas d'accord avec tout (le fait de tout interpréter comme une pièce de théâtre, par exemple), je suis quand même intéressé d'avoir sa version personnelle pour mieux comprendre le pauvre traitement médiatique dont elle est victime. Avec ce niveau d'attention médiatique, on constate que c'est à peu près impossible de prendre une "bonne" décision.
Une partie de moi trouve extrêmement cynique de parler de son travail à l'assemblée et d'y associer les réflexions de Bullshit Jobs. Je m'attendais à des réflexions sur le fonctionnement de l'assemblée et j'ai l'impression de surtout y retrouver sa position personnelle où tout est un théâtre vide et inefficace; s'y prêter ne fait que confirmer l'inutile mascarade. J'apprécie ses réflexions critiques sur la vitesse et la productivité, mais j'aurais préféré un peu plus de distance entre cela et l'analyse de son travail à l'assemblée.
Une bonne partie de la réflexion s'oppose fermement aux "respectability politics" qui sont le pain et le beurre de QS, selon elle. Il y a toujours le dilemme d'intégrer les rouages du système pour les amener dans notre direction ou essayer de faire dérailler la machine (au risque de se faire éjecter). La réflexion est très large et je ne sais même pas tout à fait quelle est ma position, mais vous devinez que pour Catherine, le choix est évident.
Il y a de très beaux passages sur les "coucous" où Catherine embrasse le populisme (aucune connotation négative ici) et cherche à réellement vouloir embrasser le peuple sous toutes ses facettes, particulièrement les gens anti mesures sanitaires (qu'elle considère malmenés de la même manière qu'elle par les médias). J'avoue que tout ce qui brise une perspective parfois trop bobo/éduquée de la gauche me fait beaucoup plaisir.
Au final, je trouve que l'exercice est vraiment à fleur de peau, peut-être trop collé sur une expérience somme toute très récente. D'un autre côté, ce genre de processus et d'intensité colle avec tout ce que Catherine représente. Catherine imagine vers la fin un univers utopique de gens qui se comprennent et qui ont des vrais contacts. Par contre, mon côté pragmatique me répète à l'oreille "mais comment se rendre là, qu'est-ce que ça implique concrètement?" et je ne suis pas convaincu d'avoir une réponse tangible à la lecture du livre.
C'est une bonne chose d'avoir des rêves et des idéaux, mais mes attentes d'avoir des réflexions sur la politique (autre que l'inutilité du système actuel) et des réponses restent un peu sur leur faim. Je ne suis pas convaincu d'être d'accord avec tout mais il me semble assez clair que ce n'était pas l'objectif de Catherine (et ça ne le sera probablement jamais).
« J'ai compris une chose à travers toutes ces années: il faut rêver, il faut rêver toujours. Il faut surtout rester fidèle à ses rêves de jeunesse : ce sont les seuls. » -Pierre Bourgault
Le texte de Catherine Dorion m'a profondément rejointe. J'avais besoin de le lire pour me reconnecter aux racines de mon engagement.
Une part du livre critique la « stratégie du bon élève » en politique qui, dans un lissage constant, échoue à nous rallier. Ça fait écho à une question que je me pose souvent, soit comment tracer la ligne entre contribuer à avancer lentement vers des gains sociaux et environnementaux VS coopérer à du greenwashing ? J'ai envie de croire à ce qu'on peut faire à l'intérieur de notre système démocratique plutôt que de claquer la porte comme un Nicolas Hulot, mais parfois j'ai peur. Je pense à l'engrenage de Jean-Paul Sartre et aux dynamiques de pouvoir complexes qui menacent de nous dénaturer.
À ce sujet, Catherine Dorion cite Bell Hooks : « Aucune intellectuel-le insurgée, aucune voix critique dissidente n'échappe à la pression de se couler dans le moule. Nous sommes tous-tes vulnérables. Nous pouvons tous-tes nous faire avoir, coopter, acheter. Aucune grâce particulière ne peut nous sauver. Tout n'est que combat permanent. »
Ce combat, à mon avis, il faut le mener avant tout pour faire vivre l'espoir qu'un monde plus juste et écologique est possible. En 2019, les jeunes de Hong Kong prodémocratie le nommaient ainsi : « Nous ne nous battons pas parce que nous voyons l’espoir, mais parce que nous voulons apporter de l’espoir ». (https://www.ledevoir.com/monde/asie/5...) Cet espoir est difficile à faire vivre, surtout quand chaque jour on peut lire qu'un nouveau record de chaleur a été dépassé ou encore qu'un génocide a lieu sous nos yeux, mais comme Albert Lalonde le rappelait récemment dans une entrevue : « L’espoir est un choix intentionnel à faire à tous les jours parce que, si on a pas d’espoir, qui qui gagne, ben c’est les pétrolières. C’est la poignée d’industriels qui profitent du marasme dans lequel on est actuellement. » (https://www.youtube.com/watch?v=RINs9...)) .
C'est pourquoi je trouve important l'appel à la droiture de Catherine Dorion, en tant que manière de garder vivant un rêve sociétal commun. « En me battant plutôt qu'en me défilant, j'arrive à m'appuyer sur un véritable mouvement, quelque chose qui est fait de bouche à oreille et de charnel plutôt que d'écrans et de virtualité », raconte-t-elle. Celle-ci s'inquiète d'ailleurs de « l'immense masse de travailleurs qui se sentent obligés de ne pas s'afficher, de ne pas exprimer publiquement des propos controversés parce que leur boss n'aime pas ça ou parce que leur entreprise exige qu'ils se comportent comme s'ils la représentaient en tout temps et partout ». Comment avoir un réel dialogue social dans ce contexte ?
Le dialogue social, autant au niveau micro que macro, est un second thème qui m'a beaucoup touchée dans le livre de Catherine Dorion. Elle critique la vitesse, en politique et en général, qui empêche de lire, de réfléchir et, potentiellement plus gravement, de connecter avec autrui. Pour elle, cette famine temporelle nous atomise : on n'ose plus déboussoler l'horaire de quiconque. Fini le temps où les gens d'un quartier se connaissent bien et où les ami‧e‧s débarquaient à l'improviste ; Doodle s'est infiltré dans nos vies privées. J'aime qu'elle recadre l'impression d'indépendance que donne le contrôle de nos horaires en rappelant à quel point la solidarité a un pouvoir émancipateur : « L'indépendance face au système, c'est nécessairement l'interdépendance entre nous. Il n'y a pas de liberté dans la solitude ». Bref, cet appel à ralentir et à connecter résonne beaucoup pour moi.
Au final, même si cette vision « hopepunk » du monde peut sembler simpliste, je crois qu'elle répond à un besoin important, soit celui de rêver. Mon côté pragmatique continuera de douter constamment des meilleures stratégies à mettre en place pour avancer, mais je pense, qu'effectivement, la poésie est nécessaire en politique.
-- « Il y a trop de gens qui rentrent dans l'engagement parce qu'ils pensent qu'ils vont changer le monde. C'est des mauvaises raisons de s'engager. C'est de l'égo. C'est de l'orgueil. Et ces gens-là finissent en burn-out dans les six mois. On ne s'engage pas pour changer le monde. On s'engage pour vivre dignement. Pour trouver sa communauté. Et, probablement, une aventure. » - Flore Vasseu (p.350)
Catherine Dorion a une plume magnifique. Elle parvient à allier poésie et familiarité, permettant au lecteur de se plonger facilement dans son univers. L’autrice se montre vulnérable et authentique, offrant un aperçu unique du quotidien des personnes élues et dévoilant les coulisses méconnues de la vie politique. Cet angle rend le livre particulièrement intéressant.
Le livre se distingue par une critique des façons dont les personnes / partis de gauche, qui se veulent révolutionnaires, tombent quand même dans le piège capitaliste. La pression de la productivité à tout prix et la modification de leurs idées pour les rendre légitimes dans l'arène politique populaire sont des thèmes récurrents. Cette réflexion m’a poussée à m'interroger sur mes propres pratiques professionnelles.
Les passages sur l'épuisement et le surmenage, surtout lorsqu'il s'agit de travailler pour des causes qui nous tiennent à cœur, m'ont particulièrement touché. J’ai également beaucoup aimé le chapitre « Boucs émissaires », qui traite de la polarisation sociale pendant la COVID-19 avec un propos nuancé et empathique.
À certains moments, j’ai trouvé que les contenus et les sujets devenaient répétitifs. De plus, sans savoir l’expliquer précisément, j’ai remarqué un ton qui ne traduisait pas toujours une perspective féministe. Je poursuis ma réflexion sur cet aspect.
En bref, je recommande vivement la lecture de ce livre. Il est non seulement intéressant, mais également porteur d'une réflexion pertinente sur le système politique, particulièrement dans les milieux progressistes. Catherine Dorion offre un témoignage précieux et une critique courageuse qui valent vraiment la peine d’être lus.
Lecture facile et très intéressante. Critique passionnée du travail de législateur, de la politique partisanne, du capitalisme de performance, du temps, du travail interne de QS. Le 4 étoiles (4.5 vraiment) vient du fait que le format est parfois difficile à suivre et des moments parfois répétitifs. Cependant je recommande vivant ne serait-ce que pour entendre sa version des faits. Je crois qu'elle met le doigt sur beaucoup de trucs puissants qui ont beaucoup resonné avec moi par rapport au stress, le travail et la soif de performance qui emprisonne. J'aurais aimé qu'elle parle de comment le travail de législateur et l'Assemblée Nationale sont plus corrompus par le système électoral et la partisannerie que l'institution et ses règles.
Je vais pas me remettre de ce livre-là. Je vais devoir le lire une deuxième pour en intégrer toute la colère, l’espoir et la douceur. Catherine entretient le brasier de je-n’en-peux plus qui m’allume depuis quelque temps. J’ai envie de partir loin, de pleurer, de parler à mes voisins, de faire un câlin à ma mère après la lecture de ce livre. Une lecture incontournable pour toustes celleux qui ont envie de plus.
Un texte envoûtant qui m’a tenue éveillée tard, au sens littéral et figuré. Ça me fait du bien d’entendre ce désir de beau, de vrai, de sincérité. De luttes, de gains aussi. Autant le constat est sombre que ses espoirs sont lumineux.
Immense coup de cœur! La forme, la multitude de sujets passionnants, le ton révolutionnaire… j’ai trouvé que Dorion faisait preuve d’une vulnérabilité qui m’a beaucoup touchée et qui ajoute à ce livre. Quelque chose qu’on voit si peu.
Un témoignage fascinant de sa vision du parlementarisme québécois.
Un livre que j’ai dévoré et qui m’inspire en ce creux d’hiver.
Lil Cath nous balafre d'émotions et d'espoirs à la sauce lutte contre le système once again.
"le Québec est rempli à ras bord de coeurs irrévérencieux et de têtes brûlées magnifiques. Cette force affective est là, elle attend le signal, elle est disponible comme est disponible toute la tendresse qui attend sagement son tour en dessous de l'angoisse productiviste."
Enfin de la reconnaissance pour les têtes brûlées, thanks Cath.
6 étoiles. Ce livre là est magnifique. Un coup de poing au coeur, un jet deau froide en plein visage, de l'air, beaucoup d'air mais aussi beaucoup de larmes. J'aurais aimé que ma lecture ne se termine jamais. J'ai rarement lu une oeuvre aussi nécessaire, voire vitale que ce livre là. Je vais transporter ses mots et ses idées avec moi longtemps.
Mais quelle belle surprise. Je ne lis que de la fiction, plus spécifiquement de la romance dans presque toutes ses déclinaisons. Cette lecture a été profondément en dehors de ma zone de confort. Je ne l’aurais jamais choisi si ce n’était de mon nouveau club de lecture. Ceci dit, je l’ai trouvé rafraîchissante, émotive, inspirante et déprimante à la fois. Ça n’a pas été une lecture facile pour moi, l’écriture étant quelque peut poétique tout en étant politique. Ceci dit, j’ai trouvé ça magnifique et je recommande fortement.
Je me sens un peu mal d'écrire mon avis à propos de cette œuvre sur le site d'une compagnie filiale d'Amazon qui encourage ses abonnées à s'imposer des objectifs de productivité à atteindre dans leur temps de loisirs...
Mais bon un livre tout à fait pertinent écrit de main de maîtresse par une femme qui, comme moi, pointe du doigt le capitalisme comme source de tous nos maux
Ce livre ne souhaite pas être un manifeste contre Québec Solidaire, mais je resors de ma lecture avec un grand désillusionnement envers QS. Je me demande ce qu’un tel parti politique, avec Gabriel Nadeau-Dubois comme leader parlementaire, peut faire pour nous. Je me demande ce qu’un parti, tout simplement, peut faire pour nous.
En politique comme en littérature, Catherine Dorion me fait vivre des émotions et me donne des frissons. Un récit intéressant des coulisses de la vie de députée d’un parti de gauche. Ça remet des choses en perspective.
Quelle plume, quelle énergie. Ce livre m'a fait l'effet d'une petite bombe, qui donne envie de foutre le feu mais aussi de prendre soin des autres. ❤️ Plus de Cath Dorion please.
Meilleur livre que j'ai lu cette année. Une lecture qui nous inspire à remettre notre société, notre mode de vie en question. C'est plein de sensibilité, de beau, de vrai. Un livre qui fait du bien et donne de l'espoir.
Je recommande ce livre à plein de monde : aux membres et militant.e.s de QS d'abord, puis aux gens de la gauche québécoise en général, qui se demandent ce qui ne marche pas dans notre parti, pourquoi la gauche ne gagne pas (ou si peu) de terrain dans « l'arène politique ». Ensuite, à tous ceux et celles, peu importe leur positionnement idéologique, qui s'intéressent à la politique et/ou au monde médiatique au Québec. Et finalement, à tous ceux et celles qui sont fatigué.e.s, épuisé.e.s même, par le rythme qui nous est imposé dans notre société capitaliste contemporaine.
C'est un livre qui m'a transportée, qui m'a fait vivre une panoplie d'émotions. Il se lit super bien, Catherine a une plume magnifique. Et en même temps, il a contribué à approfondir mes réflexions politiques à plein de niveaux, sur plein d'enjeux - et surtout, c'est là je crois une des forces du livre, Catherine y exprime des réflexions qui sont assez nouvelles ou du moins marginales, dans les milieux de gauche. Elle attaque de front l'importance de la diversité des tactiques, de faire de la place à l'art, à la poésie, au changement des mentalités par l'émotion collective et aux personnes « hors-normes » dans nos stratégies politiques, malgré les clashs que ça peut parfois représenter. Les embûches quand on essaie de faire passer des idées radicales par les canaux du système. L'impact que ça a sur les gens et l'organisation : l'ampleur des jeux de pouvoir, des discussions de corridor propre au boys club dans un parti « féministe » qui voulait « faire de la politique autrement ». L'ampleur du pouvoir que les médias ont sur le système politique et les problèmes que ça engendre. Tout ce qui ne marche pas dans le parlementarisme. L'impact qu'a le système capitaliste sur nos mentalités, sur notre militantisme aussi. L'importance de ne pas laisser la droite occuper tout l'espace électoral anti-système et de rester ouvert.e.s à parler aux gens qui ne pensent pas comme nous dans ce moment de forte polarisation.
Ceci dit, même si j'ai donné 5 étoiles, j'ai quelques petites critiques à adresser au livre. En particulier, à certains endroits, j'ai observé une certaine fétichisation des modes de vie que j'appellerais « pré-industriels » et une représentation du ralentissement comme une panacée. Non seulement il me semble y avoir une certaine problématique raciale et colonialiste là-dedans (en particulier lorsqu'il est question des modes de vie autochtones), mais surtout, j'ai l'impression que ça manque de nuances en fait. Je ne peux pas nier que le ralentissement de nos vies aurait un impact positif sur d'innombrables aspects de nos quotidiens. Je ne peux pas nier non plus que le capitalisme, l'individualisme, le productivisme, exacerbent (et créent même) des problèmes de santé mentale - mais de là à dire par exemple que si on ralentissait, tout le monde recommencerait à se parler et qu'on aurait plus besoin de psys... je crois que c'est exagéré.
MAIS BON, ça demeure une petite partie du livre et le reste des analyses, en particulier sur les problèmes dans notre système politico-médiatique, est on point. En d'autres mots : Catherine fait une analyse très fine de la situation actuelle, mais quand vient le temps d'imaginer le futur, les nuances prennent parfois un peu le bord. Je lui pardonne sans trop de problème ce petit excès d'espoir punk parce que le livre donne envie de repenser la façon dont on vit au quotidien, notre place dans la collectivité - il nous donne envie de s'engager au sens large en fait, d'une manière qui fasse sens pour nous, qui soit intègre avec nos valeurs et nos capacités, et c'est ça le plus important.
4 ans au parlement ne laisse pas indemne quand on veut changer les choses, quand on vient du monde des arts, quand on est profondément humaniste. Catherine Dorion, élue, contre toute attente, députée Québec Solidaire, se heurte à l'immobilisme politique et au harcèlement des médias. S'exposant comme une artiste sait le faire, les tripes et l'authenticité en avant, sa trentaine révolutionnaire et idéaliste ne cadre pas avec le protocole du salon bleu et fait jaser. Alors qu'elle a la verve charismatique et tout ce qu'il faut pour réunir le monde autour d'enjeux primordiaux trop souvent boudés par le pouvoir capitaliste, elle s'exténue à défendre son intégrité face à des critiques sensationnalistes. Je peux comprendre sa rébellion, il y a tant d'institutions nombrilistes et de trips d'égo dans le monde qui font que tout stagne. Je m'énerve moi même du temps passé dans des comités où mes pairs se gargarisent sans que jamais ça n'aboutisse! J'aime particulièrement les passages où elle évoque son travail dans sa circonscription, l'éloge qu'elle fait de ses partisans, des petites gens qui l'ont soutenue, ainsi que les passages où elle dénonce la triste réalité dans laquelle nous sommes nombreux à nous débattre: travailler comme des forcenés au lieu de vivre et de prendre le temps. Je suis d'accord que notre monde et surtout celui qui nous gouverne manque cruellement de poésie. Ça ressemble, cependant, un peu trop à un règlement de compte très sensible. Je pense que ses carnets auraient gagné encore plus le respect et l'appui du lecteur avec un peu plus de recul.
Lecture hyper intéressante et pertinente. À lire ! Quelques fois répétitives et plusieurs longueurs, une cinquantaine de pages auraient pu être coupées.
« Nos adversaires n'auront plus besoin de critiquer et de réprimer, on le fera nous-mêmes docilement entre nous. C'est ainsi qu'on finit par tout intérioriser: d'abord le look et la façon de parler, ensuite, tranquillement, le sérieux et le rationnel, pour ne pas avoir l'air de mal peignés de l'émotion, et enfin, cerise sur le sundae, le pragmatisme ou le réalisme, ces camisoles de force dans lesquelles on effoire le courage et étouffe les possibles. On n'est pas des licornes, quand même.
À la fin, au bout d'une décennie peut-être, c'est la pensée même qu'on aura fait mourir dans la dignité pour éviter d'avoir des ti-papiers de mauvais comportement de la part de l'autorité médiatique. »
Excellent livre qui exprime avec éloquence les problèmes de notre société.
Catherine est une femme inspirante qui fut, pendant 4 ans, la voix du "gros bon sens" (pas le même que Pierre Poilièvre) dans l'univers politique de la province. Son retrait de la vie politique est une grande perte pour Québec Solidaire (et la politique québécoise). Après cette lecture, on comprend mieux sa décision. Catherine s'est battue de toutes ses forces pour ne pas entrer dans le moule de la politicienne professionnelle lichée. C'est tout à son honneur, mais au bout du compte c'est aussi ce qui l'a poussé au bord du gouffre.
Catherine Dorion n'est peut-être pas faite pour le "moule" de la politique québécoise (malheureusement), mais elle est parfaite dans le moule de l'auteure inspirante. J'espère que ses écrits continueront de semer les graines d'hopepunk un peu partout.