névé dumas écrit une poésie ancrée dans une profonde éthique de la relation. Elle invente un langage qui traverse les identités, les transcende sans pour autant les nier. Elle utilise pour cela une langue (la langue, le plus long muscle du corps) sensuelle et vorace, incarnée, douée d’une pulsion vitale très forte, et ouvre des mondes densément peuplés qui s’attachent à troubler, en une dévoration lente, le rapport colonial au territoire. La dégénérescence est proposée alors comme condition de la possibilité d’être au monde, la transféminité des rivières, comme le lieu où « l’amitié conspire avec le territoire ». Ce recueil envoûtant poursuit le travail de compostage du précédent livre de névé, pourritures terrestres, paru chez L’Oie de Cravan à l’automne 2020.
I loved this poetry book! The poems talk about language, body, and resistance. I loved the imagery, I thought that different symbols consistently reoccurred throughout the book.
Il s’agit d’un recueil de révolte dans lequel on dénonce notre rapport au sol et au territoire, en ce sens qu’il est basé sur des décennies de développement nuisible pour l’environnement et que le futur qui suivra ne sera probablement guère mieux. Toutefois, malgré l’écoanxiété et le rapport inquiet au futur, névé dumas insiste sur l’importance de trouver sa place et d’espérer.
Poème dégénéré est un recueil puissant sur un monde en changement radical. L’autrice mélange habilement le champ lexical du corps avec celui de l’environnement afin de montrer à quel point les deux espaces doivent se rejoindre.
Poème dégénéré a permis à névé dumas d’être finaliste au prix Emile-Nelligan cette année, en compagnie de Sarah-Louise Pelletier-Morin et d’Émilie Turmel. Ce prix prestigieux récompense le travail d’un ou d’une poète de 35 ans ou moins.
"quand tu m'as craché dans la bouche un peu de salive a touché mon œil et j'ai commencé à voir les choses autrement"
"la métaphore s'est répandue et je peux m'attendre à des répercussions terribles dans le cosmos ce soir où je suis patiente"
"personne n'a le droit de nous faire du mal et pourtant on suit les cours d'eau où les castors emmagasinent l'énergie des rivières et la gaspillent brillamment une tisane à perpétuité imbuvable pour nous mais parfaite dans la vallée"
J'ai adoré la première section, languensanglantée (à laquelle je donnerais 5 étoiles).
Dans la suite, j'ai trouvé que le dialogue corps-nature était un peu forcée, résultant en un niveau d'abstraction si élévé que la force d'évocation en venait, pour moi, à s'affaiblir.
Heureusement, il y a quand même eu quelques poèmes-pépites qui ont constellé le chemin. ✨
"quand cette langue prononce les mots qui produisent les frontières et terrorisent les rivières
le vent soudainement m'encoche déclenche une cascade dans mon sang un vertige d'arrière-pays comme une blessure aspirée
et je quitte les berges qui m'ont vue collaborer avec la fin du monde"