Quelle importance accordons-nous aux êtres que nous ne savons pas nommer? Et si la banlieue devenait le lieu de préservation d’une biodiversité près de la disparition ? Il suffit peut-être d’habiter autrement le territoire, de donner un nom aux abeilles pour que surgisse une beauté humble, si près de nous qu’elle demeure trop souvent invisible. Dans l’espace très restreint de sa cour arrière transformé en jardin foisonnant, Geneviève Boudreau se fait sensible à ce qui s’agite sans bruit, mouvements d’ailes et de feuillages ouvrant l’accès à un vaste domaine intérieur où s’enracine le poème.
Avec Une abeille suffit, l’autrice nous rappelle que faire un jardin est une forme d’engagement. C’est, comme l’écrit Pizarnik, se prédestiner « à nommer les choses avec des noms essentiels ». C’est s’entêter à désigner ce dont on nous promet la perte. Le jardin est le lieu de la résistance et de la réparation.
J’apprends à servir plus petit et plus grand que moi, des existences brèves et sans nombre. La vie d’un insecte (ou celle d’une fleur) est tellement éphémère qu’elle me semble à peine s’inscrire dans le monde. Pourtant, chaque vie minuscule ouvre une brèche vers un ailleurs, une autre dimension où naître et mourir ne signifient rien.
Plus cette vie est restreinte, plus la brèche est grande.
Tant que le ciel le surplombe, le jardin, aussi petit soit-il, forme un domaine encore trop vaste pour moi.
Originaire des Îles-de-la-Madeleine, Geneviève Boudreau habite à Québec, où elle a terminé une maîtrise en études littéraires à l’Université Laval. Elle enseigne la littérature au Cégep de Sainte-Foy. En 2013, son recueil Acquiescer au désordre remporte le Prix du premier recueil de poèmes de la Fondation L.A. Finances pour la poésie. Auteure des recueils Si crue que tu pourrais y mordre (2019), Comme on tue son chien (2017) et Le regard est une longue montée (2015, finaliste au prix Alain-Grandbois), elle a également participé aux collectifs Femmes rapaillées et Ce qui existe entre nous. Ses textes ont été finalistes aux Prix de la création Radio-Canada. La Vie au-dehors est son premier recueil de nouvelles.
4.5 ⭐️ Une lecture à la fois douce et touchante - qui a réussi à me tirer des larmes à quelques reprises. Un texte qui change la perspective sur la manière de voir son jardin et qui va faire écho en moi pendant longtemps j’ai l’impression. J’en retiens plusieurs passages, tellement bien écrits :
« Je me dis parfois que chaque portrait que je capture, chaque moment partagé sera peut-être le seul témoignage qui attestera la présence dans ce monde d’une abeille en tant qu’individu. » « Mes abeilles sauvages sont presque aussi invisible que Dieu, et leur pouvoir de création, presque aussi invraisemblable. » « Quelle étrange conception de la beauté nous fait préférer l’uniformité d’une pelouse au foisonnement des friches? En quoi le stérile, l’ordonné, le monotone, l’artificiel est-il propre et le naturel, le désordonné, le sauvage, le nourricier, sale? » « Je veux ma banlieue un paysage ou le sauvage m’ouvre ses engendrements. » « Je me demande parfois si je ne suis pas devenue pour mes visiteurs les plus assidus un simple constituant de cet écosystème, sans réelle nature animale. Nous croyons toute forme de communication impossible entre les insectes et nous. Il m’arrive de me demander si nous n’avons pas tort. » « Les bouts de rhizome préalablement séchés ont été mis en terre en pot, sur le rebord de la fenêtre, comme on formule un vœu, comme on jette une pièce dans une fontaine. »
This entire review has been hidden because of spoilers.
Grâce à son écriture contemplative et introspective, Geneviève Boudreau nous fait apprécier la nature et la beauté du quotidien, nous invite à ralentir, à apprécier les petites merveilles du monde et à découvrir la poésie dans l'ordinaire. Mêlant essais, poésie et dessin, elle nous rappelle l'importance de nommer l'inconnu, de reconnaître notre territoire pour mieux l'habiter. Une abeille suffit est une méditation sur la nature éphémère de la vie et la beauté que l'on peut trouver dans les plus petites créatures. Une invitation à ralentir et à apprécier la danse complexe de l'existence, où même la plus petite vie peut avoir une signification profonde.
The style is poetic throughout with a literary academic vocabulary and some quotes of other authors. Sentences are on the long side and favours the enumeration of descriptives. The poetry are without rhymes and its style is beyond my education level for me to comment on.
Picked by my friend for me based on the prompt « a book with a cover the other one would find pretty ». Indeed it’s pretty and I wish there were more of the author’s illustrations in it actually.
I am not educated enough in literature to appreciate this book since I’d have to check the dictionary for most words (including the insects terms) and can’t even name the style of poetry she does. I don’t believe this book is accessible to the average reader and it is likely targeting those well versed in literature.
Without visuals of all the plants and insects she mentions, it is hard to appreciate what she describes because there is no visualisation possible unless one interrupts their reading experience to checks ever single one. Hence, it wasn’t for me.
J’ai vraiment apprécié cette lecture, même si je suis certainement biaisé par le sujet, qui est une grande passion pour moi, la mention insecte me suffit souvent. Plus sérieusement, j'ai aimé la légèreté de la plume et de la poésie, qui n'évite pas le sujet des grandes extinctions des hexapodes par le réchauffement climatique restant invisible à beaucoup. J'ai admiré le dévouement de la démarche et la patiente sous toutes les formes que cela a demandé pour sortir ce petit cahier entomologique. Encore plus que tout, j'ai trouvé cela beau et agréable à lire.
L'écriture est un peu trop poétique pour moi, mais j'ai tout de même apprécié ma lecture. Surtout parce que j'ignorais qu'il y avait autant de types d'abeilles, mais aussi parce que c'est un ouvrage qui fait réfléchir sur toutes les possibilités d'un jardin et de la vie qui y séjourne.