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Ivre d'un grand rêve de liberté - Poèmes: Édition bilingue

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Un recueil regroupant les 56 poèmes de Missak Manouchian, figure de la résistance et héros de l'Affiche Rouge, mort pour la France en février 1944. Des poèmes inédits pour la première fois traduits en France dans une magnifique édition bilingue.

Il me semble que dans la rue les gens
Luttent terriblement avec le temps,
Et à chaque instant, de victoire en victoire,
Pour l’avenir s’élève une armée…


Il était l’un des « vingt-et-trois » chantés par Léo Ferré. Missak Manouchian est mort pour la France. Mais bien avant de prendre les armes pour défendre la liberté, cet immigré arménien s’est armé de mots. Sa poésie dit la nostalgie de son pays meurtri, sa souffrance d’étranger apatride, son aspiration à un amour fraternel entre les hommes et sa colère contre les injustices.

Pour la première fois traduite en intégralité, son œuvre poétique est un préambule inédit à son engagement dans la Résistance.

Missak Manouchian (1906-1944) était à la tête du groupe de l’Affiche Rouge. Exécuté avec d’autres camarades au Mont-Valérien, sa dernière lettre à son grand amour Mélinée a inspiré à Louis Aragon l’un de ses plus grands poèmes. Le 21 février 2024, Missak et Mélinée Manouchian entrent au Panthéon.

Traduit de l'arménien par Stéphane Cermakian

Préface d'André Manoukian

Introduction de Didier Daeninckx

169 pages, Kindle Edition

Published January 12, 2024

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Profile Image for Etienne Mahieux.
541 reviews
March 29, 2024
Missak Manouchian est entré au Panthéon le mercredi 21 février 2024, quatre-vingt ans jour pour jour après son exécution par les nazis. Neuf jours plus tôt, in extremis, paraissait la première édition en français de ses poèmes. Voilà plus de soixante ans qu'Aragon réécrivit sa dernière lettre à sa femme Mélinée dans un sublime poème, et que Léo Ferré fit de ce poème une chanson très connue. Voilà des décennies qu'on célèbre Manouchian dans nos écoles, moi le premier, mais qu'il était impossible de découvrir ses poèmes à moins de lire couramment l'arménien. Bref voilà des décennies que le premier mérite de cet homme était d'être mort (pour la France). Une situation aussi surréaliste n'aura toutefois pas duré, peu s'en faut, jusqu'à son entrée dans la nécropole des grands hommes, grâce au traducteur Stéphane Cermakian et à des parrains prestigieux : André Manoukian et Didier Daeninckx, qui préfacent le recueil, et Alain Mabanckou, directeur de la collection Points Poésie. Il n'en fallait pas moins.
Les poèmes réunis dans ce recueil, qui malgré son titre n'est pas une anthologie mais bien la traduction du recueil posthume publié à Erevan en 1946, datent de 1924 à 1935. Ils ne sont pas classés chronologiquement ou disons que l'ordre chronologique est compliqué d'un souci thématique : poèmes de l'exil, puis poèmes d'amour, enfin poèmes engagés ; un ordre certainement dû aux proches du poète (à Mélinée ?) et que le traducteur a respecté.
Manouchian était un vrai poète, et peut-être pas celui d'une seule floraison : si après 1935 le militantisme lui a sans doute pris tout le temps qui était auparavant dévolu à la poésie, qui dit qu'après la guerre il n'aurait pas retrouvé l'inspiration ? Dès le premier poème, "Vers la France", consacré à son désir de trouver une nouvelle patrie, s'ouvre un univers intérieur qui va perdurer : celui d'un malaise existentiel doublé d'un intense désir de vivre, et une richesse de métaphores empruntées au monde qui l'entoure ou aux souvenirs de son Arménie natale. A Paris, il étudie les poètes modernes (Baudelaire, Verlaine, Rimbaud...) et s'en inspire de manière très évidente pour certains de ses propres poèmes, qui sont des oeuvres de jeunesse mais en aucun cas des décalques paresseux. Il est évident que Manouchian s'identifie aux émotions portées par les oeuvres de Baudelaire (l'ennui, le désoeuvrement, le dégoût d'une vie sans but) mais contrairement au poète des "Fleurs du mal", celles-ci sont contrebalancées par un émerveillement teinté dans certains cas de nostalgie envers les merveilles du monde. Autrement dit, là où Baudelaire cultive sa morbidité, Manouchian respire une santé fondamentale qui donne à sa poésie son équilibre propre. Les femmes admirées (il n'y a semble-t-il aucun poème inspiré par Mélinée, ou alors c'est cryptique ; et sa fameuse dernière lettre, ici reproduite, peut laisser entendre que la langue de leur amour était le français et non l'arménien, même si ce n'est pas la seule interprétation possible de ce choix linguistique) sont ici des inspiratrices qui ne sont ni des créatures idéalisées ni des êtres moralement ambigus comme les muses luxurieuses de Baudelaire.
Voici en somme une belle lecture, indépendamment de toute légitimité politique. Les seuls poèmes vraiment faibles sont d'ailleurs ceux, regroupés dans les dernières pages, où Manouchian s'essaie à une poésie engagée qui ne parvient pas, précisément, à se dégager de la phraséologie, de la langue toute cuite proposée par le Parti communiste. On aurait tort de l'assommer à coups d'Aragon, car en somme ces poèmes sont contemporains de "Hourra l'Oural", pas exactement le sommet de la carrière de l'auteur du "Fou d'Elsa". On comprendra simplement qu'il ait alors préféré rédiger directement des articles et des tracts, indice d'une sensibilité poétique dont on ne peut que pleurer l'impossible résurrection, puisque Missak Manouchian, donc, est mort en martyr pour la France, à trente-sept ans.
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