« Mon désir n’avait pas besoin d’objet, il était prêt à se poser sur n’importe qui, il frétillait de l’horizon des possibles. Il était un fidèle compagnon, robuste, affable et courageux.
J’ai été une femme célibataire involontaire de 2010 à 2020. Ça ne m’était pas arrivé avant. Je n’étais pas armée pour y faire face. Se retrouver “sur le marché” est une violence de rouleau compresseur. »
Comme dans Le nénuphar et l’araignée, où elle interrogeait les peurs, Claire Legendre explore dans ce nouveau texte le désir dans tous ses états – désir sexuel, désir de plaire, de posséder, d’être possédé – qui souvent se rejoignent, en l’absence et en l’attente d’un amour.
Claire Legendre est née à Nice en 1979. Son premier roman, Making-of, est publié en 1998, tandis qu'elle n'a que 18 ans. En l'an 2000 elle est pensionnaire à la Villa Médicis à Rome et vit à Prague de 2008 à 2011, où elle anime un atelier d’écriture. Elle soutient une thèse de doctorat en littérature comparée et études théâtrales en 2009 et devient professeure de création littéraire à l'Université de Montréal en 2011. Son œuvre littéraire comprend notamment Viande (1999), La méthode Stanislavski (2006), L’écorchée vive (2009), Vérité et amour (2013), Le Nénuphar et l'araignée (2015), Bermudes (2020) et Ce désir me point (2024). Elle réalise en 2018 le film Bermudes (Nord) et dirige en 2020 le collectif Nullipares. En 2025 elle réalise avec Transistor Media le podcast Translations.
Si je vais le provoquer, ce désir, aura-t-il autant de valeur que si il vient à moi sans que j’aie rien fait pour le déclencher? J’attend que ton désir surgisse.[..]Si j’attend trop longtemps je sais que je t’en voudrai. Ca m’est arrivé il y as longtemps avec un autre, tandis que j’ambitionnais de construire un amour parfait. À force de laisser venir son désir, de l’attendre patiemment, je finissais par le détester, et lorsqu’enfin son désir se manifestait, le mien avait reflué, amer, tout sec d’avoir été si longtemps contenu.
« mes désirs étaient si précis qu’ils ne pouvaient qu’être déçus. » - p. 55
Récit des désirs qui fluctuent entre le célibat et la relation amoureuse (pour l’autre ou pour soi). Voyage intérieur, loin de la fiction, qui fait réfléchir !
“Mon désir n’avait pas besoin d’objet, il était prêt à se poser sur n’importe qui, il frétillait de l’horizon des possibilités. Il était une fidèle companion, robuste, affable et courageux. Qu’est-il devenu? A-t-il muté en un désir adressé, unidirectionnel, rangé des voitures, domestiqué? Que reste-t-il de cette autonomie vaillante qui était ma force? S’est-elle dissoute en “dépendance affective”?”
“My desire needed no object, it stood ready to envelop anyone, it quivered on the horizon of the possible. It was a loyal companion, stalwart, affable, and brave. What happened to it, my desire? Has it tamped itself down into a desire that is specific, unidirectional, like a row of parked cars, domesticated? What is left of the enduring autonomy that was my strength? Has that autonomy dissolved into some sort of an “emotional dependency”?”
Desire never leaves you, it only changes form and expression, right along with how your life changes. Many women, regardless of their relationship “status,” their age, their sexual orientation, the gender or number of their partners (even if the latter is zero), will find something resonant in Legendre’s essays on how her desire has manifested and transformed itself from adolescence and early adulthood, through a decade of involuntary celibacy, to the fulfillment and frustrations inherent to “being in a relationship.”
Quel livre formidable! Il m'a fait le même effet (tempéré ou plutôt teinté par la distance temporelle) que les Fragments d'un discours amoureux, de Barthes, que j'ai lu avec éblouissement il y a bientôt vingt-cinq ans, à peine sorti de l'adolescence, mais sort-on vraiment de l'adolescence à vingt ans, quand on est un millénial (ou xénial) au "romantisme noir", comme le décrit si bien Claire Legendre, tout barbouillé de culture des années quatre-vingt-dix et de ses pulsions baroques? Discours fragmenté sur le désir, miroir de l'autrice où je mire ma propre relation tendue, comme dédoublée, avec la sexualité, avec mes souvenirs, avec mes "tigres" intérieurs et mes déceptions et mes manques. Claire Legendre est de mon âge, de ma génération, mais surtout elle est de mon horizon littéraire, de ma famille culturelle. Je me suis senti compris et expliqué, comme découvert, dans ses mots, et exposé (avec ce que cela comporte de nudité, de vulnérabilité). Son désir, je le (re)connais : ce qu'elle déploie en autant de courts chapitres, en autant de directions, et ce qui se joue, se noue, dans cette analyse d'elle-même, m'interpelle au plus creux de mes non-dits, de mes peurs, de mes espoirs aussi. Lucide, elle élucide ses propres contradictions, dans lesquelles les miennes trouvent à se penser. C'est un prisme qui diffuse les nuances nécessaires de tout ce qui se joue dans le rapport au corps, à l'attirance physique, au consumérisme, à l'amour, aux autres, à soi... Je comprends maintenant pourquoi ce livre résonne autant autour de moi, depuis sa parution, et il résonnera encore longtemps en moi.
« Le désir est donc computable: il est une valeur marchande. Maintenant que nous sommes tous des It people sur Instagram, nous avons intégré la culture du désir. Nous savons quoi faire, comment cadrer, si nous voulons nous rendre vendables. Le sourire gagnant, le déhanché malin, le filtre dosé, la ring light et le déclencheur à distance, shooting autonome faussement ingénu, bêtisier compris, effet d’authenticité oblige. Nous connaissons les codes, les disclaimers, les hashtags efficaces, les mots clés, les clins d’œil. Chaque milieu a les siens. »
J’ai particulièrement aimé le chapitre qui aborde le désir des possessions matériels.
« Nous jouons un billard à trois bandes: je désire ce que je crois que les autres désirent, et si je le possède, je crois qu’ils finiront par me désirer moi, métonymiquement. »
Mais bien que l’autrice amène des réflexions intéressantes, je ne te cacherai pas que c’était plus ou moins mon genre de lecture. C’était ok mais sans plus pour moi..
Ce livre est tombé à un moment particulier de mon propre vécu avec l'amour et le désir, et m'a donc touché profondément. Je félicite l'autrice pour sa capacité à divulguer sa vulnérabilité de façon crue, mais tout en douceur. J'ai surtout apprécier la première section sur l'amour, mais l'entièreté du livre est écrite magnifiquement.
Les amis de mon club de lecture n’ont pas beaucoup aimé ce livre. Pour ma part, j’ai adoré le style de l’autrice, mais pas sa thématique centrale. Sa plume me donnait envie de poursuivre ma lecture et le dernier chapitre m’a réconcilié avec l’indifférence qui m’a habitée au fil des chapitres.
Le récit est inégal et inconstant. Même si le propos est clair (on y explore le désir sous diverses formes), il est difficile de bien suivre la pensée de l'autrice. Je me suis perdu à maintes reprises entre ses réflexions par rapport au célibat involontaire, à la séduction, aux attentes des autres et de la société, aux premières dates, etc.
Toutefois, le chapitre sur le désir matériel a suscité plus d'intérêt de mon côté. C'est tangible et concret.
En désaccord avec la majorité des propos. Drôlement ficelé. Difficulté à retrouver le désir dans l’écriture proposée alors que c’est le sujet. Peut-être que l’écart générationel y est pour beaucoup? Bref. Out.
Holy fuck j'ai juste trouvé ce livre là so wrong on so many levels. Maybe qu'il y a quelque chose qui m'échappe dans ce que l'auteurice essaye de dire avec son personnage. First, c'est un livre qui échoue vraiment raide au test de Bechdel. C'est triste de voir une personne juste perde confiance en elle parce que les hommes veulent pas rester dans sa vie. Je souhaite pas ça à aucune sister. Mais c'est difficile de se demander tout le long du livre si le personnage de la femme a pas un problème qui fait fuir les hommes parce qu'ils ont peur d'elle, la trouve trop needy, clingy ou parce qu'elle est toujours sur la coche tout le temps. Elle comme un cas de one-night stand que les gars vont systématiquement ghosté après et ça, ça me tue.
Si le personnage de la femme était un dude, ce serait vraiment un incel qui vit dans une entrepot de red flags à coté de chez vous.
"S'identifier à ce qui nous manque est forcément délétère: je suis celle qui a aimé, celle qui a souffert, celle qui est partie, celle qui erre. Je suis un désir béant. J'apprends en écrivant à chérir la plaie ouverte que je ne sais pas combler."
"À l'instant où je reconnais mon bonheur d'être aimée, je me demande comment j'ai fait pour supporter si longtemps de ne pas l'être."
Comme dirait Normand Brathwaite dans les années 1990, « C'EST CHAUD C'EST CHAUD C'EST CHAUD! »
Lol non mais pour vrai ce livre est fascinant, provoquant, confrontant, revirant, enivrant, inconfortablement aplatissant mais accueillant, visuellement chambranlant mais attenant, et j'en passe! À lire pour l'intertexualité avec Georges Bataille ou pour celle avec Éric Rohmer!
Si ce livre commence avec force et humour, petit à petit le rythme ralentit. Au fils des pages, on peine à comprendre où Claire Legendre souhaite aller au point de nous perdre dans des réflexions moins percutante. Un superbe début; une très belle écriture; des idées féroces, puis les pages qui s'égrainent sans intérêt majeur.
Je suis l'œuvre de Claire Legendre depuis longtemps et je trouve qu'elle arrive ici à aller à l'essence même de ce qu'elle sait faire de mieux. La nuance, l'observation, l'intelligence. Tout y est. Elle nous offre ici une vision du célibat ou beaucoup pourront se retrouver.
C'était bien. Je n'ai pu m'empêcher de faire des comparaisons avec Passion simple d'Annie Ernaux (que j'ai terminé juste avant) tout au long de ma lecture. J'ai apprécié l'évolution du personnage et la profondeur de la réflexion : je n'avais pas l'impression de faire du surplace.
Thématique vraiment intéressante, j’ai beaucoup apprécié la forme (l’écriture, l’idée d’aborder différents sous-thèmes). J’ai adoré certains passages alors que d’autres ne m’ont pas du tout touchés.