En France comme aux États-Unis ou au Brésil, le métissage fait l'objet d'une véritable obsession, entre haine raciste animée par la peur d'attenter à la " pureté de la race ", qui plonge ses racines dans l'histoire esclavagiste et coloniale occidentale, et discours bienheureux et pacificateur, qui voit en lui un espoir pour l'avènement de sociétés postraciales enfin débarrassées du racisme. Ces positions apparemment antagonistes sont en réalité les deux faces d'une même analyse : le métissage diluerait les identités raciales. Mais qu'en est-il véritablement ? Prenant au sérieux une question restée sous-explorée dans les sciences sociales, cet ouvrage propose de plonger dans la vie quotidienne des familles " métissées " dans la France d'aujourd'hui. Qui sont ceux que l'on appelle les " couples mixtes " ? Comment se construisent leurs descendants, les " métis ", qui grandissent entre plusieurs appartenances, plusieurs identifications, parfois plusieurs langues ou plusieurs cultures ? De quelle manière ces familles sont-elles perçues au quotidien et se perçoivent-elles elles-mêmes ? Comment se transmettent les identités lorsque parents et enfants ne sont pas racialisés de la même manière ? Grâce à une analyse à la fois sociologique et historique, Solène Brun interroge la négociation des catégorisations raciales et la construction de l'identité des personnes issues de " familles mixtes ". En confrontant le " mythe métis ", c'est-à-dire les discours et représentations entourant le métissage, à l'analyse sociologique de ces expériences intimes, cette enquête nous permet de mieux cerner la persistance des frontières raciales dans une société française encore réticente à aborder des questions qui la travaillent en profondeur.
Étant moi-même blanc et marié à une afro-américaine, le sujet du livre m’a intéressé a priori. Les États-Unis ont beaucoup étudié et théorisé les rapports entre les races, et je suis toujours à la recherche d’une bonne description du système français, car j’ai l’impression qu’on fait mieux les choses que les américains.
C’est ce que j’espérais trouver dans ce livre : la description d’un système. J’ai été un peu déçu de ce côté là, car il s’agit plutôt d’un assemblage de témoignages sans que l’auteur n’arrive vraiment à les classer ou à les articuler. Finalement, en France, il y a autant de façon d’être un couple mixte qu’il y a de couples mixtes.
Et c’est peut-être une conclusion suffisante. En France, il semble qu’on ai une - relative - liberté quand à la façon de vivre sa racialisation. Il faut donc être prudent quand on tente de transposer les théories américaines.