Né en 1941 à Birwa, près de Saint-Jean-d'Acre, Mahmoud Darwich est considéré comme l'un des plus grands poètes arabes contemporains. De Damas à Casablanca, sa parole déplace littéralement les foules lors de récitals qui se donnent souvent dans des stades archicombles. Ce volume est sa première anthologie personnelle, avec de nombreux textes inédits. Un tel parcours, dans une oeuvre qui prolonge les mythes du Proche Orient ancient mais aussi les grandes odes de l'Arabie anté-islamique, révèle un poète d'exception qui sait spontanément se situer au croisement de l'expérience individuelle la plus intime et de la mémoire collective. Mahmoud Darwich est la voix de la Palestine. Il est celui qui a forgé les chants de l'exil, celui qui a dit le temps suspendu et dessiné les rêves, les regrets, les désirs d'une identité irréductible. Il est aussi celui qui renouvelle tous les thèmes enracinés dans la langue arabe, usant de ce que l'on peut appeler une modernité harmonieuse, qui ne rompt pas avec la tradition, mais y puise juste assez d'énergie pour s'octroyer de nouveaux espaces : des espaces libres où la douleur se change en joie, et l'amour codifié en amour inspiré, sensuel, fervent.
Mahmoud Darwich (en arabe : محمود درويش), né le 13 mars 1941 à Al-Birwah en Galilée (Palestine sous mandat britannique) et mort le 9 août 2008 à Houston (Texas, États-Unis), est une des figures de proue de la poésie palestinienne. Profondément engagé dans la lutte de son peuple, il n'a pour autant jamais cessé d'espérer la paix et sa renommée dépasse largement les frontières de son pays. Il est le président de l'Union des écrivains palestiniens. Il a publié plus de vingt volumes de poésie, sept livres en prose et a été rédacteur de plusieurs publications, comme Al-jadid - (الجديد - Le nouveau), Al-fajr (الفجر - L'aube), Shu'un filistiniyya (شؤون فلسطينية - Affaires palestiniennes) et Al-Karmel (الكرمل) . Il est reconnu internationalement pour sa poésie qui se concentre sur sa nostalgie de la patrie perdue. Ses œuvres lui ont valu de multiples récompenses et il a été publié dans au moins vingt-deux langues. Dans les années 1960, Darwich a rejoint le Parti communiste d'Israël, le Rakah, mais il est plus connu pour son engagement au sein de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). Élu membre du comité exécutif de l'OLP en 1987, il quitte l'organisation en 1993 pour protester contre les accords d'Oslo. Après plus de trente ans de vie en exil, il peut rentrer sous conditions en Palestine, où il s'installe à Ramallah. (Son oeuvre est traduite en anglais sous l'orthographe Mahmoud Darwish.)
Beaucoup de bonnes choses que j'ai soulignées et annotées, mais aussi beaucoup de pages où avancer dans ma lecture a été un calvaire tant je n'y accrochais pas. Puis venaient alors quelques phrases qui me touchaient plein le cœur. C'était une bonne lecture, mais aussi une déception alors que j'ai envie de découvrir Darwich depuis tant d'années. Je me rappelerai du positif ceci étant dit.
I think this suffered a lot through the translation and there isn’t enough context in this edition for me to understand a lot of the poems. However, there is no doubt Mahmoud Darwich has the gift of poetry.
Toujours délicat de commenter un recueil poétique en quelques mots. J'ai adoré certains poèmes et j'ai surtout aimé les lire à voix haute, comme il se doit. J'ai moins aimé les poèmes épiques plus longs. Pas besoin de connaître en détails les tenants et aboutissants du conflit israëlo-palestinien pour s'y atteler (même si la courte biographie en fin de livre est bien faite), les thèmes abordés: l'exil, l'exil du dedans, la fusion de l'homme et du paysage, la familiarité des petits riens qui réveillent la nostalgie, sont des thèmes universels.
Je note l’édition plus que le recueil en lui-même : je suis énervée du manque de mise en contexte, de la biographie mise à la toute fin (wtf? la médiation ça évoque qqch?), des poèmes balancés par ordre chronologique sans délimiter des parties, des grands thèmes ou axes. Sinon comme dans tous les recueils, pas mal de poèmes m’ont laissée indifférente mais j’ai adoré certains vers, certains poèmes. Globalement je m’attendais quand même à me prendre une plus grosse claque?
De très beaux poèmes! Malheureusement l'arabe est une langue difficile à traduire et sa beauté plus encore. Je trouve que la traduction ne fait pas justice au poèmes dans la langue originale. Les rimes manquent mais c'est comme ça.
J’ai vraiment adoré la préface, par Mahmoud Darwich lui-même, elle répondait exactement à mes hésitations face à une telle anthologie qui rompt la logique du recueil. Je l’ai trouvé presque malicieuse par moment et c’était vraiment intéressant d’entendre la propre opinion du poète sur les différentes périodes de ses écrits.
Mon avis sur les poèmes mêmes est très mitigé. J’en ai adoré certains, les plus courts et les plus longs, et plus encore ceux en prose. C’est la deuxième partie du livre (à partir des années 80) qui m’a le plus parlée. C’était déjà la même chose dans les précédents recueils que j’avais lui de Darwich, je sais que j’adorerai lire un roman ou des nouvelles de sa plume. En revanche, la première partie du recueil m’a laissé assez indifférente. Il est indéniable que traduire de la poésie est un exercice particulièrement difficile, et je pense que c’est ce qui prêche ici pour moi. En poésie, c’est systématiquement le rythme qui me touche le plus, or ici je n’ai pas réussi à le trouver. Je pense -sans en être sûre- que c’est la traduction qui est responsable de cette disparition, mais bien sûr traduire implique des choix. Peut-être que j’apprécierai mieux ces poèmes lus à voix haute, ou bien en langue originale, mais je ne parle ni ne lis l’arabe. Car pour l’instant, je ne savoure que trop brièvement les figures de style et les images qui nous sont offertes, et j’ai tendance à les oublier très rapidement (à mon grand regret). Ceci dit, je reconnais que la poésie de Mahmoud Darwich est intemporelle, et je suis fascinée par la répétition de mêmes motifs tout au long de sa vie. Au sein d’un même recueil, elle crée des sensations de déjà-vus déconcertant qui nous plonge dans une sensation de nostalgie tenace et emprisonne les figures évoquées, leur impose de revivre encore et toujours les mêmes douleurs.
"Ne pourrais-tu éteindre une lune ? Ne pourrais-tu éteindre une seule lune que ie m'endorme ? Que je m'endorme, un moment, sur tes genoux et que se réveillent les mots Pour louer les vagues de ce blé qui croît entre les nervures du marbre ? Tu m'échappes, gazelle apeurée qui danse autour de moi et danse Et je ne parviens pas à rattraper un cœur qui mord tes mains et crie : Reste Que je sache de quel vent se lèvent sur moi ces nuées de colombes Ne pourrais-tu éteindre une seule lune que je vois La vanité de la gazelle assyrienne qui poignarde son chasseur, d'une lune ? Je te cherche mais ne trouve pas le chemin. Où est Sumer en moi... et où est le pavs de Shâm ? Je me suis souvenu que je t'avais oubliée. Danse donc au firmament des mots."
“Je ne désire de l'amour que le commencement. Au-dessus des places de ma Grenade Les pigeons ravaudent le vêtement de ce jour Dans les jarres, du vin à profusion pour la fête après nous Dans les chansons, des fenêtres qui suffiront et suffiroat pour qu'explosent les fleurs du grenadier Je laisse le sambac dans son vase. Je laisse mon petit cœur Dans l'armoire de ma mère. Je laisse mon rêve riant dans l'eau Je laisse l'aube dans le miel des figues. Je laisse mon jour et ma veille Dans le passage vers la place de l'oranger où s'envolent les pigeons Suis-je celui qui est descendu à tes pieds pour que montent les mots Lune blanche dans le lait de tes nuits? Martèle l'air Que je voie, bleue, la rue de la flûte. Martèle le soir Que je voie comment entre toi et moi s'alanguit ce marbre...”
“AUTRE MORT... ET JE T'AIME Je renouvelle un jour passé pour t'aimer une journée. . et partir. Ce n'était pas un amour. Mes bras sont plus courts qu'une montagne que je n'aperçois pas. J'achève cette étreinte primitive, je gravis ce petit dieu. Ce n'était pas un jour. Les papillons des champs lointains sont une horloge murale. J'achève cette migration primitive, je gravis ce petit dieu Et pas un jour, tu ne fus la dame de la terre. Les guerres affleurent à ta hanche, essaims de colombes, Et tu te répands sur notre mort, horizon de paix Qui barre mon chemin à tes lèvres. Alors je gravis ce petit dieu. Je ne jouais pas avec le sable pour me distraire. La bruine me brise quand tes yeux proclament Que les chemins aux martyrs de la cité sont privés de tes mains.
Alors, je gravis ce petit dieu. Ce n'était pas un amour, Ce n'était pas un jour. Et je n'étais pas, Et tu n'étais pas. Je renouvelle un jour passé Pour t'aimer une journée Et partir.
Je t'ai demandée de te vêtir de moi, automne et fleuve. Je t'ai demandée de traverser le fleuve, comme si je le tra. versais seul, De te répandre dans les champs, comme si nous nous répandions ensemble. Je t'ai demandée de m'abolir et de t'abolir. Je t'ai demandée de te vêtir de moi, Automne, Pour me faner en toi et reverdir à deux. Je t'ai demandée de m'abolir et de t'abolir. Je t'ai demandée de te vêtir de moi, Fleuve, Pour que je perde la mémoire en automne Et qu'ensemble nous marchions. En toutes choses, nous serons Rassemblés par ce qui nous disperse. Ce n'est pas l'amour.
En toutes choses nous serons Renouvelés par ce qui nous éparpille. Ce n'est pas l'amour. C'est moi. De toi, je viens à coi, mais alors comment t'aimer? Comment pourrais-tu être l'émerveillement de mon exis- tence? Et je sais Que les femmes trahissent leurs amants, hormis les miroirs. Et je sais Que la tourbe crahit ses amants, hormis les débris. De toi, je viens à toi, attente. En toi, je me noie, suicide. De toi, je viens à toi, déflagration, Et en toi, je tombe, éclats... Comment dire : Je t'aime? Comment les cing sens essaient-ils d'entrevoir le prodige Quand tes yeux sont deux miracles? Tu dors à l'heure où les vagues m'enlèvent Et aux frontières de ta poitrine, débute la mer. L'univers, ce soir, se partage en deux. Toi et le vaisseau de la terre. D'où ramener la voix des points cardinaux pour crier: Je t'aime.”
ps: J’ai beaucoup aimé la préface, mais on en parle de la biographie à la fin du livre ? Pas très logique…
Les poèmes de Mahmoud darwich sont riches en références à la mythologie grecque ainsi qu'à des figures religieuses, ce qui peut être complexe mais ca contribue à enrichir leur profondeur et leur signification.
Personnellement, il y a des poèmes que j’ai trouve inaccessible, c’est si hermétique. Il faut beaucoup de patience et de réflexion pour pouvoir comprendre
"La nuit, toujours, J'entends des pas s'approcher Et tu deviens tous mes exils, Toutes mes prisons... Essaye de me tuer En une fois. Ne m'assassine pas De ces pas qui s'approchent !"
« Le bonheur m’a réveillé Pour la première fois j’avais connu l’amour J’en vibrais encore des pieds à la tête J’avais quinze ans et je me sentais immortel »