La parole aux négresses

by Awa Thiam

La Parole aux négresses, paru en 1978, est l'ouvrage fondateur du féminisme noir francophone. L'anthropologue sénégalaise Awa Thiam y met au jour le vécu, les maux et les combats des femmes noires, à travers leurs propres paroles. Pour elle, le féminisme doit tenir compte de la "triple oppression" des femmes noires (de genre, de classe, de race) et des problèmes spécifiques de ces dernières, tels que les mutilations génitales, l'analphabétisme, les grossesses précoces, la polygamie, le mariage forcé et l'influence de la religion. Awa Thiam est la première féministe à formuler, quelques années avant bell hooks, la question du positionnement des femmes noires dans le mouvement féministe.

Genres: Feminism, Nonfiction, Africa, Senegal, Race

208 pages, Paperback

First published January 1, 1978

About the author

Born in Bamako, Mali, [in 1936,] she is a politician. Her first book La Parole aux négresses (1978), translated by Dorothy S. Blair as Black Sisters, Speak Out: Feminism and Oppression in Black Africa (1986), dealt with some of the practices — such as polygamy, clitoridectomy and infibulation — by which millions of women are controlled.

(from Daughters of Africa, edited by Margaret Busby)

Reviews

[Nicolas Lontel · Rating 4 out of 5]

Enfin pu lire cet ouvrage fondateur de la pensée féministe noire!

Je ne m'attendais déjà pas à une forme aussi hybride: en effet, on laisse une très très large part aux témoignages de femmes dans les premiers 2/3 de l'essai avant de passer à une partie un peu plus "essai" et "histoire" qui recourt beaucoup moins au témoignage et plus à la démonstration et la citation.
Dans la première partie, les témoignages touchent à la condition des femmes noires en Afrique et aux problèmes qu'elles rencontrent: oppression de genre, violence dite domestique, mariage forcés, polygamie, excision, etc.
Dans la partie plus essai, on revient sur les thèmes abordés dans les témoignages, mais on aborde aussi beaucoup de nouveaux sujets: celui de l'esclavage, des différences entre les femmes noires d'Afrique et celles d'Europe ou d'Amérique, on parle beaucoup de colonisation et des conséquences que ça a sur les femmes noires. On trace aussi un bref portrait historique des luttes féministes (très maigre, mais c'est mentionné que ce n'est pas son objectif ici) qui date un peu ou qui aujourd'hui pourrait être largement amélioré avec toutes les recherches historiques effectuées depuis.
On voit aussi émerger des bases de ce que sera présentera l'intersectionnalité deux décennies plus tard avec la discussion de la triple oppression des femmes noirs: celle de la "race", du genre et de la classe (dont on ne tire que peu de conclusion, mais qu'on souligne tout de même). On parle de la différence entre les mouvements de revendications des femmes blanches et celles des femmes noires, mais, dans la conclusion, on souligne toutefois l'importance primordiale de la solidarité des luttes entre toutes les femmes, tout en gardant en tête le besoin pour les femmes noires de s'assumer politiquement.

Bref, c'est un essai qui couvre très large, touche à de nombreux thèmes, et propose une réflexion et un programme politique malheureusement peu diffusé dans les essais de l'époque et qui reste encore pertinent aujourd'hui (malgré des mises à jour historiques et de témoignages nécessaires).

[l’ivresse rhapsodie. · Rating 5 out of 5]

Absolument nécessaire à lire! C’est un livre écrit par une noire pour les noires. Et c’est ça que je retiens en tout premier lieu.
Les questions de l’excision, l’infabulation, la polygamie, le blanchissement de la peau, la servitude constante dans laquelle la société place la femme. Il faut lire ce livre avec une ouverture d’esprit démentielle pour ne pas tomber vers la critique occidentale tenant à faire comprendre que les autres cultures sont moindres… c’est ridicule. Il faut davantage observer la matérialisation du patriarcat dans des cultures/ religions différentes.
Absolument nécessaire

[Jane · Rating 4 out of 5]

4.5

Dites-moi si vous voulez une review!

edit: you ask, i provide

Donc en gros j'ai beaucoup aimé, notamment l'approche menée (narrativement du moins) par des témoignages. C'est d'ailleurs le point fort et principal de ce livre, les témoignages en apparence non altérés de différentes femmes noires et de leur vécu.
Les parties théoriques n'ont pas rock my world simplement parce que depuis ce discours a été repris, poursuivi et exploré dans les domaines intersectionnels du féminisme et de la lutte anti-racisme.

Le seuls points où j'étais en désaccord, étaient les propos selon lesquels le travail au foyer ou être une femme au foyer est un travail foncièrement dégradant et réducteur; et que le port du voile est une marque de honte féminine et du patriarchat.

Mais justement, la nouvelle préface de Mame-Fatou Niang encourage la lecture et de surmonter les parties abrasives de par leurs aspects désuets pour apprécier la valeur de ce texte (she also meant specific terms I think but beyond the n-word I couldn't detect any word that could be considered not PC nowadays but that could be on me not knowing).

Bref en gros, même si ya des moments pas top, ça reste minime (genre vraiment 2 phrases dans tout le livre) par rapport au reste.

Je pense que I generally would recommend this, purely for the testimonies and for the fact that this was written in a French context avant le texte de Crenshaw sur l'intersectionalité, ou même avant bell hooks (les queens évidemment mais ça montre vraiment great minds think alike / la nécessité de ces approches)
avec aussi une approche spécific au Ghana (par rapport à l'insitutionalisation de la polygamie) and a "case-specific" account

CW mutilation génitale

of the tradition of clitoridectomie et l'infibulation dans différentes communautés.
à titre personnel, je n'avais pas DU TOUT réalisé l'ampleur du problème donc ce texte m'a mis une bonne claque de réveil. Après ce livre date des années 70s donc j'ose espérer que ça s'est quelque peu amélioré (omw de go read more about it online). J'ai aussi trouver ça bizarre que après avoir élaboré sur les différentes perceptions de la clitoridectomie dans les communauté qui la perpétue, de conclure que l'infibulation c'est clairement une mutilation parce que ça engendre des complications médicales tandis que la clitoridetomie c'est pas top mais ça compte pas toujours comme de la mutilation (mais qu'il faut quand même l'abolir)?? Genre how is that not mutilation????????????? Idk j'ai l'impression que I missed something, was it trying to focus on le ressenti des personnes ayant subi une excision et que ces personnes ne le considère pas toujours comme une mutilation ?

J'ai vraiment essayé de me cantonner au français mais ça m'a échappé vers la fin oups

[Marina · Rating 4 out of 5]

Je ne me lasserai donc jamais de ce pamphlet ? chaque nouvelle relecture est comme une découverte, un aspect des thèmes traité me semble toujours nouveau ou tout du moins je le vois sous un nouveau prisme et j'aime ça.

[Colette · Rating 4 out of 5]

Ouvrage historique d'importance majeure pour comprendre les luttes (pan)africaines contre l'excision et globalement le sexisme ; intéressant aussi dans l'histoire du féminisme français, puisqu'il est publié en France et préfacé par l'écrivaine féministe Benoîte Groult.
Contenu : des textes du type essai engagé ; des témoignages.

[Alexandra Bouteaux · Rating 4 out of 5]

Palabras a las negras, es uno de los primeros ensayos afrofeminista en lengua francesa. Awa Thiam es socióloga senegalesa y escribe en 1978 este libro sobre la condición de la mujer africana que a la vez pone las bases el feminismo propiamente africano y también cede la palabra a Yacine, Médina, Tabara, Alioun, Khadidiatou, Baba, Coumba, etc. algunos hombres, pero sobre todo mujeres africanas, de distintos países y niveles de estudios, que cuentan sus vivencias, opuestas y complementarias, de las que hacernos una idea. El valor del Awa es romper con el tabú de la exsision y la infibulación, que ella define como es: una mutilación. En esta época fue la primera vez que se empezó a hablar, desde dentro y críticamente, es decir con toda la conciencia y el respeto a la tradición, pero también con el conocimiento medico y psicológico de todas las consecuencias de esta práctica que incluye etnias diversas, tanto musulmanas, como cristianas y animistas. Pero Awa no se para en denunciar cómo estaba (y todavía está) controlado el deseo femenino (en el fondo lo que sobre todo quiere controlar la falocracia), también diferencia el feminismo africano del modelo occidental, con sus especificidades, que no solo se restringe en denunciar estas prácticas ancestrales denigratorias, pero también las luchas de las mujeres negras contra el colonialismo y el neocolonialismo que las deshumanizan. No parece que haya pasado casi 50 años de su publicación, las bases del afromeminismo que propone hoy son perfectamente válidas y de actualidad. Un gran clásico del feminismo universal.

[Julia · Rating 5 out of 5]

"Les femmes n'ont pas à jouer le jeu des hommes. "

"De même qu'Aimé Césaire disait : "Il n'y a pas dans le monde un pauvre type lynché, un pauvre homme torturé en qui je ne sois assassiné et humilié", de même nous dirons qu'il n'y a pas dans le monde un élément féminin excisé, infibulé, mutilé, battu, calomnié en qui nous ne soyons atteintes et humiliées."

Très clairement un livre à lire, ne serait-ce que pour les témoignages frappant du premier tiers, ou sinon pour le traitement marquant du féminisme à l'occidentale : par et pour les femmes blanches.

Difficile de lire le chapitre sur la clitoridectomie et l'infibulation sans se sentir révoltée...

[nami 🌊 · Rating 4 out of 5]

Très bonne lecture. La force du livre est la parole de ces femmes, celles qui sont toujours dominées. On pense connaître des réalités alors on se permet de juger. Ces récit permettent de sortir de l’ethnocentrisme !

Malheureuse de constater qu’en 2024, on est toujours au même point que 1977.

Malheureuse de constater la réalité de ces femmes, qu’elle soit instruite ou non. De les voir à peine considérées comme des humaines qui ont le droit à la pensée, à la paroles et qui sont sensibles également.

[C. · Rating 3 out of 5]

This would definitely be four starts for the first three quarters or so, but the final part which gave a more general analysis was a bit all over the place - disorganised and so on. It did make some very clear statements about intersectionality, though these weren't pursued. I really preferred the analysis that was scattered here and there throughout the first three quarters, which I often found very interesting and pertinent - particularly some of the stuff about sexual control and so on.

[Zelie Arpin · Rating 4 out of 5]

Livre très interessant qui propose une perceptive très interessant, j'ai trouver la premier partie qui donne la voix au femme noirs vraiment beau avec la mise en avant de voix que l'on entend rarement. manière général lire vraiment puissant, meme s'il a était publier dans les année 70 il reste encore très d'actualité.

[glo ⭐️ · Rating 5 out of 5]

« Il y a des niveaux de lutte qui ne sont pas tous identiques pour les Négresses ou pour les Européennes. Les premières ont à lutter contre le colonialisme ou le néo-colonialisme, le capitalisme et le système patriarcal. Les dernières luttent uniquement contre le capitalisme et le patriarcat. »

L’importance de l’intersectionnalité par Awa Thiam

[sosso ;) · Rating 4 out of 5]

je ne m’attendais pas du tout à cette forme, avec beaucoup de témoignages et de récits des traditions et coutumes mais ce fut très intéressant

je n’avais jamais autant réfléchi sur les intérêts de la polygamie selon les milieux, ruraux ou non

j’avoue même ne pas avoir connu la pratique de l’infibulation avant de lire ce livre.

[M-AY · Rating 4 out of 5]

Preuve que concrètement les premiers essais consacrés au féminisme negro-francophone n'ont pas débuté avec les afro-americaines, Awa Thiam s'attache à donner la parole aux femmes négro-africaines sur les expériences d'oppression subies sur le continent africain, moins connue elle y esquisse pourtant plusieurs années avant Bell Hooks les premières reflexions d'une notion aujourd'hui bien connue sous le nom d'"intersectionnalité" et permet la visibilisation de l'invisibilisaton des combats des femmes noires aggravée par la désolidarisation et l'altérité de populations elle-même discriminées (les hommes noirs et leur sexisme, les femmes blanches et leur racisme...).
Même si 45 ans après sa sortie, certains commentaires et citations m'interrogent (car ayant ou faisant l'objet de débats animés ou ayant été invalidés par l'Histoire), ce livre n'en reste pas moins un véritable manifeste destiné aux femmes negro-africaines et leurs descendants afin de mener de front un combat pour l'égalité dans toutes ses composantes ! À ne trop que conseiller.