[…] Goliarda se penche sur sa propre responsabilité, et sa propre nature […] dans un échec qui semblait n’avoir pas lieu d’être. Quand elle y réfléchit, en 1979, à l’arrêt, à la marginalité de sa première carrière se joint son insuccès d’écrivain. C’est toutefois en parlant du théâtre – qu’on lui a proposé alors de reprendre – qu’elle revient à cette façon qu’elle a eue – comme bloquée par une fatalité invincible – de ne pas s’accrocher, se tenir envers et contre tout et tous à ce qu’elle faisait, de ne pas savoir être « quelqu’un qui gagne ».
« Mais pourquoi ne jamais réussir à prendre, écraser, laisser les autres derrière soi, les piétiner ? Qu’y a-t-il dans cette terreur de m’affronter aux autres, combattre, montrer tous les talents que la nature m’a offerts et que je gâche, que je gâche avec remords envers la nature et envers moi-même, mais que néanmoins je ne parviens pas à utiliser, à mettre en acte, dont je ne parviens pas à jouir ? »
Terreur d’entrer en compétition avec les autres, manque désespérant d’agressivité, dit encore Goliarda, qui se décrit « tremblante comme un lièvre » (en cela, semblable à la Blanche de la Force de Dialogues des carmélites plus qu’à sa Modesta) et redoute de découvrir, au fond d’elle-même, « la petite femme de toujours, impuissante sitôt sortie de ses quatre murs ».