Préparez-vous à changer radicalement votre vision du monde. Qu'est-ce qui est inférieur ? Qu'est-ce qu'un idéal aristocratique pour nos vies et notre société ? Comment fonctionne le dressage de l'humanité ? Pourquoi ne sommes-nous tous que des esclaves ? Quelles sont les conséquences biologiques et mentales de notre éloignement de la Nature ? Qui est l'Homme de Babel, le sous-homme fabriqué en quantité industrielle aujourd'hui ? À quoi ressemblera l'Occident dans le futur si le sous-homme triomphe ? Quelle est la révolution à accomplir à titre personnel comme à titre collectif ? Comment nous convertir pour de bon à une Biocivilisation pour se sauver ? Et bien d'autres sujets à l'importance majeure : il y a ceux qui l'auront lu, et il y aura les autres... Soyez prêts : aucune sensiblerie n'y survivra.
Il m’est difficile de trancher sur la note à attribuer à cet ouvrage : mes impressions oscillent entre 3 et 5, selon les moments et les chapitres. Accordons-nous donc sur un 4, par équité et exigence.
J’ai lu ce livre après avoir dévoré Philosophie de droite, que j’avais noté 5/5 tant il m’avait frappé par sa puissance synthétique. Cette œuvre dressait un panorama limpide et percutant de la pensée politique de droite depuis la Révolution française. C’est donc avec beaucoup d’attente que j’ai entamé Surhommes et Sous-Hommes. Toutefois, ma lecture s’est étalée de manière décousue sur neuf mois, ce qui a sans doute joué sur ma réception du texte et contribue à mon incertitude.
Étant déjà familier — et fervent amateur — de la philosophie nietzschéenne, je n’ai pas été dépaysé. Le titre même de l’ouvrage annonce d’emblée son ancrage conceptuel. Les premiers chapitres sont d’ailleurs très "nietzschéens", dans le bon sens du terme : ils rappelleront des évidences ou des intuitions familières à ceux qui ont longtemps cheminé avec Zarathoustra.
Le cœur du livre réside dans la définition contrastée des sous-hommes et des surhommes, à travers une grille de lecture essentiellement fondée sur les valeurs aristocratiques. Julien Rochedy tente même un parallèle audacieux avec la physique : concepts d'entropie, dynamique de création d’information… C’est parfois stimulant, mais à mon goût, cela intellectualise à l’excès une réflexion qui gagnerait peut-être à rester plus incarnée.
L’ouvrage prend une autre dimension lorsqu’il se tourne vers la critique du monde moderne. Rochedy développe une analyse passionnante de la société libérale, capitaliste et industrielle, en montrant que cette dernière découle de la nature humaine… tout en la trahissant. L’homme a créé un monde qui, paradoxalement, le rapetisse plus que jamais.
Le dernier chapitre m’a profondément surpris par sa tonalité presque lumineuse : il est rempli d’espoir. Pour Rochedy, l’écologie pourrait incarner le nouveau combat aristocratique. Protéger la nature, notre foyer, serait aussi une manière de faire renaître la nature en nous. Il va jusqu’à dire que la société matérialiste et moderne, si critiquable, fut un mal nécessaire, une étape transitoire permettant à toute une civilisation d’accéder au confort nécessaire à une vie plus noble. La décroissance, selon lui, est inévitable. J’avoue avoir du mal à l’accepter, mais sa démonstration mérite d’être écoutée.
Ce livre, au fond, agit comme un miroir impitoyable. Me qualifiant moi-même de libéral-conservateur, j’ai parfois eu l’impression qu’il me remettait à ma juste place — et c’est tant mieux. Car j’appartiens à cette droite française toujours en retard idéologiquement, défendant aveuglément la modernité, le capitalisme, le progrès technique, alors que c’est précisément cette modernité qui a détruit la beauté architecturale, les valeurs, la famille, et même Dieu. Je défends le fossoyeur de mon idéal… tout en rejetant — par réflexe pavlovien — la solution que propose Rochedy : un retour à la terre, à l’ordre, à l’enracinement.
Cette lucidité, ce renversement intérieur, est l’un des effets les plus puissants de ce livre. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autres : Surhommes et Sous-Hommes regorge de remarques brillantes, d’intuitions fulgurantes, parfois trop nombreuses pour qu’on puisse toutes les retenir d’un coup. C’est d’ailleurs l’un de ses défauts : l’abondance nuit à l’impact.
Je suis peut-être sévère dans ma critique, mais c’est parce que j’ai de hautes attentes vis-à-vis de Julien Rochedy. C’est le prix que l’on paie lorsqu’on sait un auteur capable d’excellence.
Cela étant dit, ce livre reste profondément stimulant et inspirant. J’attends avec impatience ses prochains écrits.
Bien que le titre de l'ouvrage soit volontairement provocateur (quoique, l'est-il vraiment ?), l'analyse qui y est menée sur le genre humain est très intéressante.
Les aphorismes développés dans ses chapitres présentent chacun une idée, un aspect du thème évoqué, à la manière d'un essai, ce qui pourrait faire de ce livre une sorte de « multi-essai » où, bien sûr, tous sont reliés par un même fil rouge. La plupart sont très convaincants et suscitent vraiment la réflexion, d'autres sont un peu moins puissants, à mon sens. Toujours est-il qu'il mène une analyse du genre humain, du paléolithique jusqu'à l'ère postmoderne, et met en lumière le caractère profondément tragique de l'évolution humaine : son éloignement progressif de la nature et, ce faisant, de sa nature à lui. Cet éloignement de la nature serait la cause de nombreux maux qui nous affligent, tout particulièrement à notre époque — comment l'homme pourrait-il vivre sainement dans un environnement moderne qui est la stricte négation de l'environnement naturel dans lequel il a évolué pendant des millions d'années ?
L'ouvrage parle donc d'un nouvel idéal d'écologie, qui change de ce que l'on a l'habitude d'entendre ; un idéal plein d'espoir, avec une écologie non pas punitive et décroissante, mais une écologie qui serait l'apogée du développement de l'homme — la Fin de l'Histoire, peut-être ? —, qui combinerait le meilleur du postmodernisme et le meilleur de l'archaïsme pour proposer un nouveau mode de vie, plus proche de la nature, et donc, plus proche de la nature profonde de l'homme.
En bref, je recommande, mais gare à vous, l'auteur se contrefiche du politiquement correct, il se fiche des sensibilités, il dit ce qu'il pense sans prendre de pincettes en étant parfois absolument implacable. Soyez prévenus !
Oui en effet l'écologie est ce qui sauvera notre monde, bravo à la droite de s'en rendre compte avec 50 ans de retard. Beaucoup de constats également sont vrais quand on a le courage de se remettre soi-même en question, ça pique mais c'est comme ça. En revanche comment tu peux te revendiquer chrétien en manifestant un concept fondamentalement anti-chrétien (et anti à peu près n'importe quelle idéologie décente en fait), j'ai nommé le nazisme, mot qu'il n'utilise pas une seule fois dans son livre malgré les nombreuses références ? Quitte à écrire des dingueries, assume jusqu'au bout.