Le général Franco, décédé le 20 novembre 1975 après avoir présidé pendant près de quarante ans au destin de l'Espagne, n'a pas été jugé et ne le sera jamais. Mais le legs du dictateur parvenu au pouvoir en 1939 à l'aide des avions de Hitler et des troupes de Mussolini, après trois ans de guerre civile, le sera-t-il un jour ? Comment peut-on refuser encore de condamner le franquisme dans un pays devenu depuis les années 1980 une démocratie consolidée, pleinement intégrée à l'Union européenne ? Sophie Baby observe les impulsions et les obstacles à l'insertion de l'Espagne dans l'âge global de la mémoire, qui s'est emparé du monde occidental face aux traces irréductibles des violences de masse qui l'ont endeuillé. Elle remonte aux années d'après guerre pour suivre la généalogie mondialisée du trouble des responsabilités criminelles franquistes, qui conduisit à brouiller les positions de victime et de perpétrateur. Elle resitue la péninsule au cœur d'un espace euro-américain de circulation des dispositifs de mémoire et de justice, tour à tour mauvaise conscience du monde libre, modèle de réconciliation démocratique, championne de la justice universelle ou modèle d'impunité. Par l'exploration de sources inédites, l'enquête exhume les projets alternatifs et marginalisés et s'ancre dans l'expérience vécue – un tribunal international, une ville emblématique, un prisonnier, une veuve de déporté incarnent le récit. Au lectorat curieux de comprendre l'acuité contemporaine des enjeux de sortie de conflit et de mémoire, ce livre offrira des perspectives inédites et fécondes.
Extrêmement intéressant, on sort de la lecture avec pas mal de rage de voir l’impunité dont a bénéficié cette dictature pendant longtemps. Mais les différents phénomènes sont très bien expliqués, que l’on soit expert ou néophyte du sujet !
Baby surveille tous les tentatives de dénoncer le régime putschiste de Franco depuis 1939 jusqu'à nos jours, d'abord internationalement et puis en Espagne. Une histoire farcie d'échecs et faillites que montre l'incapacité des démocraties occidentales et de l'état espagnol contemporain de reconnaître le caractère illégitime du Franquisme et ses attentats aux libertés et aux droits humains.