Sister-ship est construit en deux temps parallèles.
D’une part le discours, en 2082, de Lee Wang, directeur de l’Agence spatiale internationale, pour le Congrès annuel d’astronautique à Darwin. Il annonce le lancement de ce vaste programme de sauvegarde du vivant, l’archivage du patrimoine génétique d’un million d’espèces ainsi préservées de la disparition, sur le modèle de la grande Arche biblique.
Et d’autre part, quinze ans plus tard, le journal de bord de l’équipage de l’Olympic, un des trois vaisseaux jumeaux (sister-ships) en approche de Titan, le corps céleste qui ressemble le plus à ce qu’était notre Terre primitive dans tout le Système solaire. On accompagne les cinq astronautes, sous la protection de Milena, l’intelligence artificielle de la mission, avec dans les soutes du vaisseau ce que la planète a de plus précieux, graines, spores et gamètes – mâle et femelle de chaque espèce –, transportés dans cinquante-trois cuves. La dernière cuve, celle qui contient du génome humain, a fait débat. Pourtant la mission de l’équipage est claire à son sujet. Mais comment se faire entendre à contre-courant du récit dominant ?
Que révèle cette épopée ambivalente de notre rapport au vivant, à la Terre, à notre destin d’humanité ? C’est la question que vient poser le livre d’Élisabeth Filhol à ce grand discours, projeté avec une formidable précision romanesque.
Ce livre m'a semblé, à la lecture, avoir très peu de rapport avec un roman. L'axe "romanesque" est presque inexistant, en réalité. Il 'agit d'une sorte de contre-rendu de mission spatiale. Le texte alterne entre journal de bord des membres de l'équipage de la mission et discours institutionnel sur la dite mission. En tant que lecteur, je me suis sentie bloquée dans la lecture, comme par une sorte de mur qu'aurait posé l'autrice. Je ne nie pas le talent de recherche et d'informations scientifiques qui a dû être fait par l'autrice. Il y a eu vers la page 224 un début d'intrigue par rapport à l'usage de L'IA, mais le soufflet est assez vite retombé parce que l'autrice n'a pas axé son travail sur l'intrigue. Pour moi, l'équilibre nécessaire entre la narration, l'intrigue et les descriptions et les rapports scientifiques, pour que le lecteur apprécie sa lecture, est totalement disproportionné. Je pense qu'à part en étant astronaute ou absolument passionné d'astronomie, le livre vous tombe des mains. Si vous cherchez à lire un roman, une histoire, vous serez déçu. Attendez-vous à un contre-rendu de mission très technique et très scientifique, pour lequel il vous faudra avoir un certain niveau de vocabulaire et de connaissances sur la question.
Un beau livre qui résonne avec les problématiques du moment : sauvera-t-on l’humanité en allant sur Mars (lol) ? Ou sur Titan dans ce livre. J’ai eu un peu de mal à démarrer, la première partie -n peu lente à mon goût- sur l’historique ayant amené à l’expédition des 3 vaisseaux Titanic, Olympic, Gigantic vers Titan. Les descriptions de Titan sont magnifiques : je me suis retrouvé projeté en lecture comme on lève la tête au planétarium. Les réflexions sur la sauvegarde du vivant, dans la mission Titan mais aussi historiquement avec l'œuvre de Vasilov en Union Soviétique, sont passionnantes. Ce n’est pas un livre de science fiction haletant et plein d’action mais une oeuvre qui fait la part belle à la réflexion et à la poésie.
“Neuf cent jours, répète Viktor,et au milieu du désastre, un bastion. L'œuvre de Vasilov à défendre et ils l’ont défendue. La ou il n’a plus aucun espoir de survie, mais encore un sens donné à leur vie. Les mots notés dans les carnets des survivants, jour après jour, promesse tenue jusqu'à leur mort, on ne mangera pas les collections. Il est celui qui a inspiré notre mission.”