La flambée des prix du logement qui s’est amorcée à partir des années 2000 a conduit à des difficultés sociales de plus en plus massives sur l’ensemble du territoire français. Ni le logement social ni le principe d’un droit au logement opposable n’ont apporté de solutions satisfaisantes et le nombre des mal-logé·es et des sans-logis n’a cessé de croître. Le sociologue Gaspard Lion identifie un phénomène nouveau, reflet de cette crise sociale majeure : le « camping résidentiel » qui a gagné la France en écho aux trailer parks étasuniens. À partir d’une enquête ethnographique menée en immersion dans cinq campings de la région parisienne durant quatre ans, ce livre saisit, dans leur diversité et leur intimité, les vies quotidiennes de celles et ceux qui ont fait du camping leur domicile. Ainsi, ce livre dévoile la condition sociale d’une portion croissante des classes populaires qui vit inaperçue aux marges des grandes villes, et expose une forme, jusqu’ici inexplorée, de logement et de précarité, révélatrice de changements structurels à l’oeuvre dans la société française.
Gaspard Lion est sociologue et maître de conférences à l’Université Sorbonne Paris Nord. Ses travaux portent sur les classes populaires et les formes de logement dégradées et non ordinaires.
3,5 étoiles. Une étude très importante et vivante, un terrain bien exploité, très fluide à la lecture. L’articulation des phénomènes observés à la trajectoire résidentielle des enquêté-es est très intéressants. Les photos incorporées au texte apportent beaucoup, et cette méthode devrait être plus souvent utilisée en sciences sociale !! Quelques longueurs parfois.
J'ai eu envie de lire cet ouvrage parce que deux personnes de ma famille ont habité en camping, pour différentes raisons et à différentes époques - mais inutile de préciser que ces deux personnes ne roulaient pas sur l'or !
Gaspard Lion est parti de son travail de thèse en sociologie et il a donné de sa personne, allant jusqu'à vivre durant 3 ans dans une caravane dans l'un des campings nommés. Il a ainsi pu suivre et interroger de nombreux habitants, en distinguant trois profils : les personnes "plus aisées" qui ont véritablement choisi le camping, celles qui ont été déclassées et sont arrivées là pour ne pas être à la rue, et celles qui ont vu le camping comme une bouée de sauvetage après avoir connu des conditions plus difficiles encore, malgré des conditions de vie difficiles (pas d'eau courante, pas d'électricité...).
Il a malheureusement pu vivre en direct la fermeture de l'un de ces campings, et ce que sont devenues les personnes suite à cela.
C'est donc une enquête au long cours, sur de nombreuses années, et qui m'a permis de mieux comprendre ce sujet tout en comparant avec ce que j'ai connu dans ma famille. Le camping dans lequel mon grand-père vivait avait d'ailleurs fermé ses portes lui aussi, mettant tout le monde dehors. Un rappel que ce mode de vie n'est pas sécurisant, puisque les personnes peuvent posséder leur habitat mais restent locataires de la parcelle et n'ont pas les mêmes garanties que les locataires du parc immobilier classique.
Lire de la sociologie n'est pas toujours aisé, et certains passages ont été plus difficiles pour moi, mais dans l'ensemble l'ouvrage reste accessible et donne de nombreuses références pour les personnes qui voudraient creuser certaines notions. J'ai apprécié que l'auteur ait fait le choix de l'écriture inclusive, ce qui reste assez rare finalement. Il y a également beaucoup de photos afin d'appuyer le propos, et on s'attache à toutes les personnes suivies - même, si malheureusement, le racisme n'est jamais bien loin quand ces personnes précaires se rapprochent du FN et mettent leurs problèmes sur le dos des personnes issues de l'immigration qui, elles, auraient "droit à tout pendant qu'eux n'ont rien".
Tous les sociologues ne sont pas de grands écrivains (l’inverse est aussi vrai) et il m’a fallu un peu de temps pour vraiment rentrer dans le livre parce que niveau écriture c’est parfois un peu aride. Sujet passionnant et très bien traité, j’ai apprécié que l’on voit différent types de profil et de niveaux de revenus. Pour certains c’est un choix alternatif en raison d’un accès à la propriété individuelle trop compliqué, pour d’autres c’est juste une question de survie. Rappel salutaire que si le camping est une solution qui peut être attractive, cela reste une solution précaire. On peut tout perdre du jour au lendemain.