Ainsi l'Animal et nous

by Kaoutar Harchi

Les animaux sont tout. Ils sont eux-mêmes, certes, mais surtout ce que nous faisons d’eux. Nous, les humains. Car chaque fois que nous parlons des animaux, nous ne parlons en vérité que de leur animalité : l’état animal que nous décrétons inférieur. Ainsi nous animalisons les animaux, nous les rendons tuables et sans peine nous les tuons. Cet état animal, affirment des humains, n’est pas le propre des animaux, il est également celui de certains humains. Ces autres : les femmes, les prolétaires, les minorités raciales qui, ni homme, ni bourgeois, ni blanc, ont été exclus de la communauté morale par le viol, par l’usine, par le fouet, par l’en fu mage des grottes, par la persécution et par l’enfermement. Car animalisés. Livre tout autant théorique qu’auto-bio graphique, Ainsi l’animal et nous appelle à reconnaître la totalité de la question animale, en laquelle toutes les questions de notre monde se rejoignent. Il devient dès lors possible de tenir ensemble tout ce qui va ensemble, de défaire tout ce qui a été fait. Puis de tout refaire.

Genres: Nonfiction

320 pages, Paperback

Published September 4, 2024

Reviews

[charlie medusa]

je comprends que c'est bien la forme, le style, oui. mais je pense qu'à un moment donné il faut doser. que la clarté doit passer avant la beauté. et qu'à trop se regarder on perd en efficacité. que le livre en se donnant ces airs-là, de grande sophistication, de surarticulation syntaxique, d'intensité des effets de chaque instant, perd finalement énormément de lecteurs en route, moi la première. nos luttes ont le droit aussi bien sûr de se nourrir de textes hypra recherchés, oui, je ne veux pas être comme "tout doit être super simple" car je suis la première à râler quand je trouve ça trop basique. mais là je pense qu'on atteint un degré d'intensité qui me semble vachement excluant pour vachement de monde. sur le fond je n'ai rien à dire bien sûr, c'est brillant et tellement bien cortiqué et très nécessaire. la lutte pour les droits des animaux est un grand angle mort de ma culture politique et je le sais et je suis contente d'avoir lu ce livre pour cette raison exactement. mais... aaah... je regrette que le livre soit comme cela. la forme n'est pas qu'accessoire. je crois qu'ici, malheureusement, elle a beaucoup abîmé mon appréciation du geste qu'est le livre. et je le regrette un peu. on va m'accuser de nivellement par le bas aaaah non je ne dis pas ça... écoutez... écoutez-moi et allez lire une page du livre... vous verrez... ce que je veux dire... j'adore l'élégance et le style mais... peut-être... on peut être... un poil plus fluide... poil, rapport aux animaux... blagues.... humour... c'est un livre qui parle des animaux... bonne soirée

[Pauline]

Une lecture TRÈS exigeante, autant par l’érudition du contenu que par le style littéraire, mais ô combien importante. Je ne regrette pas une seconde d’avoir persévéré.

[Lise Sanson · Rating 5 out of 5]

Je l’ai ENFIN fini!
Meme si j’ai eu du mal à aller au bout des 100 dernières pages (j’étais plus très concentré.e), j’ai vraiment adoré
Ce livre a TOUT ce que je cherchais en terme d’analyse antispéciste
Le style, la façon dont est conduit l’argumentaire, les take de l’autrice… j’étais à fond avec tout
Il est mega important, notamment sur les questions de féminisme et d’antiracisme
Gros banger, tout le monde devrait le lire (ou à la rigueur écouter une interview de l’autrice qui en parle)

[chlsa · Rating 5 out of 5]

« La domination de l’humain sur l’animal n’est en rien une domination close sur elle-même mais, bien au contraire, une domination ouverte, qui ouvre sur une autre : la domination des humains sur d’autres humains. »

[Rose Cabel · Rating 5 out of 5]

Lisez ce livre, il est puissant !

[Juice · Rating 5 out of 5]

"Je couche ici ce qui toujours tapissa mon cœur, et le cœur de beaucoup d'autres avant moi, qui est cette conscience de la relation des injustices, non selon qui est frappé, mais bien selon qui frappe" : ce livre aussi fait écho à ce qui tapisse mon cœur depuis longtemps. Souvent j'ai regardé les animaux droit dans les yeux et ils m'ont apaisé.e, j'ai su sans savoir qu'on était pareil. La frontière entre moi et ma chienne n'est pas lorsque sans réfléchir je me blottis dans ses poils à même le sol et que l'on partage le même air, on partage nos salives, elle me lave le visage. Il n'y a pas de frontière. Souvent les animaux que j'ai côtoyé - et je ne devrais plus dire "mes" animaux car depuis quand et qui aurait déclaré possédé un autre être vivant ? - ont fait parti de moi, les plus grandes douleurs de ma vie ont été de les perdre, ces êtres à la vie plus courte que la mienne. Et pourtant le combat que je mène contre les habitudes alimentaires, contre les supermarchés, contre tous les restaurants, contre moi-même depuis maintenant des années est toujours présent : se souvenir que la viande dans mon assiette n'est pas juste de la nourriture. C'était un autre être vivant. Et je le mange, et j'aime ça. Heureusement, j'arrive de mieux en mieux à bannir les êtres vivants de mon alimentation. Et c'est dur de naviguer dans la culture majoritaire ambiante et se frayer un chemin qui semble juste, bon.

Puis, tout le reste. Kaoutar Harchi utilise les mots comme des poignards, avec justesse et précision, change la langue pour changer notre perspective, réécrit l'histoire qui a été déjà dite et redite mais "il faut le dire encore" comme elle-même le dit si bien. "Puis, le dire encore." Elle nous propose de regarder là où nous, ou en tout cas moi, blanche et plus proche de la bourgeoisie que pas, ne savions pas où regarder ou ne voulions pas ou nous fermions les yeux. Et j'ai regardé. Et j'ai lu. Et j'ai été énervé.e, outré.e, abattu.e - comme on abat le travail - et dévasté.e. C'est le pouvoir qu'ont ses mots, ou plutôt, le pouvoir qu'elle a eu de décrire ces faits-ci et pas d'autres, contrebalancés par ses magnifiques tableaux. J'ai gribouillé sur tout mon livre, j'ai écrit les zéros des mille milliards d'animaux tués chaque année, j'ai réécrit encore "Le Pen = nazi", j'ai écrit "je redeviens enfant avec un animal", j'ai dialogué avec elle. J'ai envie et je vais, j'espère, garder tout cela proche de mon cœur, tapissé là-bas, et le réutiliser toujours.

Ah, ce genre de livres.

[eirignis · Rating 5 out of 5]

La souffrance animale est au cœur des préoccupations d’un nombre croissant de personnes, pourtant, je n’avais pas conscientisé ni saisi l’ampleur de sa portée politique. J’ai eu honte, en lisant ce livre, de placer moi-même ce combat dans une « hiérarchie » secondaire à la souffrance humaine. Je me suis sentie très très stupide, et ça résume assez bien pourquoi c’est si important de le lire. De la colonisation, l’exploitation des corps tant animaux qu’humains, des génocides jusqu’au patriarcat, l’humain dominant s’est animalisé parfois pour légitimer sa violence ou bien a animalisé les femmes, les non-blancs, les colonisés, les prolétaires etc pour justifier la persécution, eux qui ne sont que des animaux donc par définition inférieurs. Mais que seraient ces justifications si jamais l’homme n’avait pas animalisé l’animal, l’avait laissé comme son égal dont la conscience, le vécu et la vie ne serait pas exploité par le capitalisme ?

« Le terme animal est une catégorie dans laquelle nous rangeons certains corps lorsque nous voulons justifier la violence à leur égard »

« Telle est l'ampleur du carnage. Tout ce sang versé, si nous savions, ce sang qui ne sèche pas car le sang coule toujours au creux des roches et des paumes à l'heure où j’écris ces mots, partout il y a ce sang et je ne sais plus, c'est à perdre la raison toute cette ombre génocidaire sur Gaza, ces êtres emportés par la violence, ce n'était pas un coup du sort, ce n'était pas un malheur mais la volonté de quelques-uns, la complicité d'autres, malgré les supplications de presque tous.
C'est impardonnable, inoubliable, irréparable, inexpiable car ce n'était pas obligé. L'égalité était possible.
Et cela, voyez-vous, oblige à considérer le fardeau qu'est le monde occidental, lui qui, toujours, laissa entendre que le fardeau était le reste du monde; ce monde qui, encore, se plut à faire croire à tant d'êtres, et dont certains n'étaient pas encore nés, au plus loin de l'exploitation capitaliste, de l'oppression de race, de la domination de genre, qu'ils étaient la part excédentaire du monde, surnuméraire, l'excès, ce qui nuisait au monde, les nuisibles de l'Afrique, de l’Asie, de l’Orient »

[So3li · Rating 5 out of 5]

Ce livre est excellent.
Il n'est pas simple à lire, que cela soit sur le fond (sujets difficiles) ou sur la forme (langage soutenu, très imagé, poétique).
Il est d'utilité publique pour comprendre les formes que prennent les dominations.
Très très intéressant et nécessaire.
Merci

[Laurie Novela · Rating 5 out of 5]

Un des meilleurs essais que j'ai pu lire !

[Anouk Loisel · Rating 4 out of 5]

J'ai eu un peu de mal à m'habituer au style mais le fond était super

[carlupa · Rating 5 out of 5]

excellent. une bible

[Caroline · Rating 5 out of 5]

Ce livre c'est les vidéos de L214, l'horreur de la condition animale transfigurée par les mots de Kaoutar Harchi. J'ai lu, j'ai frissonné devant ce que je n'accepte plus de regarder, ce qui me fait souffrir chaque jour. Et pourtant c'était beau. Beau parce que si bien écrit pour dire qu' "une souffrance est une souffrance, peu importe qui souffre".
Je recommande vivement cet essai brillant qui met en évidence que l'exploitation de l'animal est intrinsèquement liée à celles des minorités (femmes, populations colonisées, prolétaires etc.), la première facilitant la seconde.

[Claire · Rating 2 out of 5]

Je suis d'accord avec ceux qui disent que la forme édulcore le propos, qui est très intéressant par ailleurs.
J'ai eu du mal à finir l'essai, l'écriture est très ampoulée et j'ai soupiré à chaque fois que je lisais "je veux dire", "vous savez", ou une énième énumération. L'approche personnelle est un choix, mais je crois que je m'attendais à un essai plus Terre à Terre. On prêche ici à une convaincue (moi, et c'est pour ça que j'ai tenu bon), mais je ne conseillerais pas cet ouvrage à quelqu'un qui souhaite s'introduire à la question animale.

[Clara · Rating 4 out of 5]

Je pensais lire un livre sur l’antispécisme, je me retrouve à lire un essai antiraciste, anti colonialiste et féministe en même temps! Des passages parfois historiques, philosophiques, sociologiques et d’autres plus personnels. C’est un très bel essai, qui m’a cependant perdue quelques fois notamment avec sa plume exigeante (y’a tellement de virgules que j’en étais essoufflée parfois)

[Malvina Buffet · Rating 4 out of 5]

Les tournures de phrases complexes rendent la lecture de cet ouvrage, ô combien intéressant quelque peu difficile

[Maïté]

DNF. Je n'arrive pas à rentrer dans l'écriture, je ne m'attendais pas à ça mais à un essai.

[Rouviere Marie-Line · Rating 4 out of 5]

essai sur la violence envers les animaux pour analyser aussi celle des hommes envers leurs frères, soeurs...assimilés aux animaux souvent (rhétorique identique).

[am]

oui au fond : meh à la forme

[Manon Debrisay · Rating 4 out of 5]

c’est super intéressant et j’ai appris beaucoup de choses mais j’ai eu du mal à me mettre dedans à cause de l’écriture c’est si frustrant 😭

[Malone Silence · Rating 4 out of 5]

OK, le style dilue parfois la clarté du propos, mais c'est écrit avec les tripes, dans une démarche "émotionnelle" totalement assumée, et c'est à mon sens super important. (Les émotions ne sont pas un problème, ne sont pas incompatibles avec la justesse du raisonnement, sont une force révolutionnaire, tout ça tout ça.) Au passage, les chapitres sur le nazisme sont aussi excellents que terrifiants, d'autant que les parallèles avec l'actualité sont évidents.