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Le bleu n'abîme pas

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"Au milieu des volutes et des rires d'une boîte de nuit parisienne, le regard d'un homme inconnu, puis ses doigts se collent à ton corps. Tu voudrais partir, te détacher, mais tu restes immobile et muette. "Tu viens d'où? " sont les premiers mots qu'il prononce. Les métisses, ça l'excite, il ajoute. Dans l'espace clos et aveugle du fumoir, les mots fuient, ta fierté aussi. Celle qui auréolait ton histoire familiale éclatée entre le Niger, l'Argentine, l'Algérie et la France. L'agresseur du fumoir et d'autres avant lui, d'autres après lui, salissent, ternissent ton amour pour le récit de tes origines familiales. Souillé par leurs bouches, tu n'en veux plus. Tu voudrais presque l'occulter en même temps que l'agression, le recouvrir du voile bleu de l'oubli. Le bleu est doux, le bleu plaît, le bleu n'abîme pas. Recouvrir de bleu ce corps érotisé, ce corps erotisé et l'histoire qui va avec. A. S.

240 pages, Paperback

Published August 19, 2024

39 people want to read

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Displaying 1 - 8 of 8 reviews
Profile Image for charlie medusa.
593 reviews1,458 followers
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October 5, 2024
des passages d'une force immense, qui témoignent d'une vraie puissance du rythme et du mot, mais une construction globale qui, je l'avoue, ne me fait pas grand-chose : j'ai besoin d'une intrigue et d'une structure moins lâches que ça pour entrer dans l'émotion de façon plus soutenue que lors d'une ou deux scènes marquantes. très bon premier texte, mais peut-être trop proche de l'autofiction et pas assez du roman pour que je m'en souvienne durablement ou vienne à le relire un jour. il y a dans ces récits-là quelque chose non pas qui me gêne, genre je suis la première à adorer qu'on balance toute son intimité dans un livre (et la première à le faire), mais qui m'empêche. quand il n'y a pas le moindre filtre de fiction, pas de mise en récit à proprement parler, j'ai juste le sentiment de ne pas avoir vraiment de permission, en tout cas de possibilité, en tant que lectrice pour y trouver une place autre que celle de l'observatrice extérieure. ça me semble très à sens unique : je ne peux pas m'y impliquer, et ce n'est pas en soi un défaut du livre, c'est juste un besoin à moi qui n'est pas exaucé, d'où l'absence de note. je me prends très au sérieux en ce samedi matin dites donc
Profile Image for Sonia Pupier Goetz.
848 reviews35 followers
August 13, 2024
Un roman audacieux sur les discriminations raciales.

Luna a vingt ans, c’est une jeune métisse vivant dans un logement social parisien avec sa mère et sa sœur. « Le bleu n’abîme pas » commence directement avec le cœur du problème : Luna se fait agresser dans une boîte de nuit. Cette agression est à la fois sexiste et raciale.

« Le corps se rapproche, il se colle, tu le sens qui se presse contre toi. Son souffle trop près, le filet de sa voix qui s’infiltre dans tes oreilles. Il dit quelque chose sur le métissage, sur les courbes de ton corps, sur son excitation qui grandit. »

A partir de ce moment, Luna va faire une rétrospection de sa vie, retrouver des souvenirs enfouis, et tenter de répondre, non pas à la question que tout le monde lui pose, à savoir « D’où viens-tu ? », mais plutôt à « Où vas-tu ? ».

Trois parties, trois dates clés dans la vie de Luna. 31 mai, 17 juin, 20 août.

« Il faut bien raconter les histoires. Les creuser jusqu’à la moelle. »

Ce roman est vraiment particulier, j’ai eu du mal à entrer dedans et cette lecture m’a déstabilisée.

L’écriture est spécifique, puisque l’auteure a choisi de dépersonnaliser ses personnages : elle utilise « La mère », « la sœur ».

C’est surtout la narration à la deuxième personne de singulier qui m’a demandé le plus d’effort d’adaptation. Ce n’est pas le genre de technique que j’apprécie le plus, mais il faut bien avouer que ce choix a été efficace et que son but a été atteint : j’avais l’impression d’être dans la peau de Luna, ma lecture était donc totalement immersive. Une fois la relation directe entre le narrateur et le lecteur établie, ce dernier peut réfléchir sur ses émotions et ses comportements vis-à-vis du sujet du roman, à savoir les discriminations raciales.

Les couleurs tiennent une place prépondérante dans le récit. La couleur de peau est souvent au cœur des préjugés et des inégalités raciales. L’agresseur est nommé « Mon tout blanc ». Anouk peint la vie à l’aide de toute la palette de l’arc-en-ciel, elle renverse les perspectives habituelles.

« Les briques rouges l’ont remplacée, ont délogé ses milliers d’habitants. Aujourd’hui, on parle de la ceinture grise, du tout gris, du béton gris. Béton souci. On parle de la ceinture verte qu’il faudrait créer. Ceinture verte sur la petite ceinture, sur l’ancienne ceinture de fer. »

Le récit navigue entre le passé et le présent. Les souvenirs de Luna affluent tel un kaléidoscope, obligeant le lecteur a se laisser porter. La plume d’Anouk est imagée, poétique, déstabilisante également.

Les chapitres ne sont pas franchement délimités, les dialogues ne sont pas introduits par un tiret. Ce choix de style épuré brouille la frontière entre la voix de Luna et celle des autres personnages.

Anouk utilise énormément de métaphores et de répétitions. Cela lui permet de mettre l’accent sur son idée et crée une espèce de musicalité rythmant la lecture. Certaines chansons accompagnent d’ailleurs le texte (la liste figure en fin de roman), je vous conseille de les écouter en même temps, elles accompagnent parfaitement la lecture.

« Le bleu n’abîme pas » est une expérience littéraire riche et inhabituelle. Un roman qui peut se vivre sous différentes manières en fonction de votre envie de l’aborder. J’ai été agréablement surprise. Un moment de lecture à la fois doux et aérien, pourtant son sujet est grave. Anouk a réussi à le rendre enchanteur. Chapeau !

Je vous conseille ce roman pour l’expérience littéraire qu’il procure.

« Toujours ces mêmes voix, ces mêmes phrases qui te demandent d’où tu viens, d’où viennent tes cheveux, et ensuite te transforment en un morceau de chair exotique et baisable que l’on emmènerait bien faire un tour à l’hôtel. »

Je remercie les Éditions Seuil et la Masse Critique Babélio pour cette lecture.

#Lebleunabîmepas #AnoukSchavelzon #Seuil #Rentréelittéraire
Profile Image for Matatoune.
630 reviews29 followers
August 12, 2024
La voix de Anouk Schavelzon risque de ne laisser personne indifférent avec ce premier roman, Le bleu n’abîme pas. À partir du récit de trois journées particulières, elle mélange, comme un chant, proses et poésies mêlées, ses recherches personnelles sur l’identité.

Luna se présente au lecteur dans une discothèque, son corps plongé dans la transe de la musique. Elle est dérangée par l’agression sexiste d’un homme, qu’elle surnomme mon tout blanc : À partir de sa chevelure en crinière, il lui chuchote ses fantasmes, la réduisant à ses origines » Tu viens d’où », » Tes cheveux, ils viennent d’où « . La jeune femme décide de se jouer du désir fantasmé de l’homme. Seulement, ainsi, elle se rend compte de son manque de respect pour son propre désir.

Doit-on être réduit aux fantasmes d’autrui pour exister ?
Qui est-on ? Reprenant l’insulte qui ramenait son héroïne à une identité, Anouk Schavelzon s’interroge sur ce concept. Elle questionne sa féminité et sa sexualité, à partir de cette assignation, qu’un blanc ou blanche ne se pose jamais de la même manière, tant le destinataire est sommé de répondre aux stéréotypes suggérés.

Au cours du second jour, Anouk Schavelzon dévoile la richesse de ses origines, la diversité des parcours et l’apport d’une identité monde, loin de la réduction dont on veut l’assigner. Du Niger à la France, sa famille vient des quatre coins du monde, sans que l’une origine prenne le pas sur l’autre.

Pour ne pas être salie par la blessure de l’assignation identitaire, Anouk Schavelzon, avec sa narratrice, célèbre ce qui fait la richesse d’un métissage. Sa chevelure et les soins qu’elle lui porte sont la métaphore trouvée par l’héroïne pour célébrer la fierté d’être soi. Par conséquent, ce sont tous les sens qui sont sollicités par ce brassage. Et , c’est un festival de sensations auquel elle nous convie. Comme son grand-père, déclarons que l’origine est « une question posée pour établir une carte d’identité », mais qu’elle « est tellement exagérée ! »

Coup de cœur
Répondant à des questions d’une intensité très actuelle, Anouk Schavelzon, en mélangeant différentes figures de styles, prouve que ce concept identitaire n’est que leurre. Sa diversité renvoie à la diversité des styles qu’elle utilise. Avec, en toile de fond, la couleur bleue qui permet d’oublier et qui n’abîme pas ! Un coup de cœur pour à la fois la richesse de l’écriture et l’intensité du thème choisi.
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/20...
Profile Image for Lux.
221 reviews37 followers
August 15, 2024
Ce n'est pas une lecture facile : de par ses thématiques (agression sexuelle, racisme, arbre généalogique et origines...) ou sa forme, et son style écriture. Parfois il n'y a qu'une phrase sur une page, parfois les mots se répètent, toujours il y a de la force dans le propos.

Même si le roman est dans la catégorie "Fiction et cie" de l'éditeur, on sent que l'autrice y a mis beaucoup d'elle-même, et qu'il y a une part de vécu. Métisse, comme son personnage de Luna, qui en a marre qu'on lui demande "d'où elle vient".

Elle parle de sa famille, de sa mère et sa sœur avec qui elle vit, des ancêtres qu'elle a plus ou moins connus. La première partie parle beaucoup de son agression, et de toutes celles du quotidien. La seconde se concentre plus sur la famille et la recherche des origines.

J'ai beaucoup aimé cette lecture, et son honnêteté.
Profile Image for Sigo.
51 reviews
May 18, 2025
Livre lu pour le jury roman metis.
C est un roman autobiographique d'une jeune femme parisienne, issu de milieu culturel aisé et de multiples origines (Niger/ Algérie/ Argentine/France). Dans une société parisienne qui se prétend ouverte, son métissage ne cesse d'interpeller et de déranger. elle décrit l imbrication des violences raciales et sexuelles. comment reprendre le pouvoir quand on est considéré comme un objet sexuel exotique ? comment réagir et définir son identité face aux interpellations incessantes quant à ses origines ? j'ai aimé ce témoignage et les thèmes développés ( racisme / sexisme/ jeunesse / famille/ rapport au corps). cependant j'ai trouvé que le roman manque de structure, de fil directeur. il est proche d un journal intime mais cela manque de progression,de cohérence.
Profile Image for lulu.castagnette.
35 reviews
February 24, 2025
excellent!!!
j’ai eu l’impression de lire un mélange de plusieurs autrices qui faisaient surface par moments : je pense entre autres à Pauline Peyrade, debbie tucker green, Sarah Kane, Nina Bouraoui
Displaying 1 - 8 of 8 reviews

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