Il est 7 h 30, sur le pont de Bondy, au-dessus du canal. C'est un de ces lundis de janvier où l'on s'attend à ce qu'il neige, même si ce n'est plus arrivé depuis très longtemps. Sous l'autoroute A3 qui enjambe le paysage, un carrefour monstrueux, tentaculaire, sera bientôt le théâtre d'une altercation dont les conséquences vont enfler comme un orage, jusqu'à devenir une émeute capable de tout renverser. Nous la voyons grossir depuis le lycée voisin où nous suivons, au fil des cours et des récréations, la vie et le destin de Mo et de Sara, de leurs amis, mais aussi de Candice, la prof de théâtre, de ses collègues et de Paul, l'écrivain qu'elle a fait venir pour un atelier d'écriture. Tout au long de cette journée fatidique, chacun d'entre eux devra réinventer le sens de sa liberté, dans un ultime sursaut de vie.
Oh, parce que je suis prof, j’ai très bien compris ce livre. Une décadence voulue du système d’éducation partout dans le monde, car un peuple dépourvu d’éducation est un peuple facilement à manipuler.
Le sujet n'est pas nouveau, et il y tension molle qui dure du début à la fin. C'est dommage parce qu'il sait créer une atmosphère. Ce n'est pas un mauvais roman, il connaît bien son sujet. C'est un roman très sincère.
En immergeant son roman, le grand secours, dans la journée d'un lycée, Thomas B. Reverdy raconte, par la fiction, l'enseignement dans un “quartier”, au coeur d'un département proche de sa capitale, mais si loin de ses préoccupations.
Candice est professeur de français au lycée de Bondy. Aujourd'hui, elle a invité un écrivain poète, en résidence pour 6 mois. En le rencontrant pour la première fois, elle doit le présenter aux élèves.
C'est un jour ordinaire, un lundi de janvier, et elle commence sa journée à 7 h 30 sur son vélo, en traversant le carrefour sous l'autoroute A3. le roman se termine à la fin de la journée scolaire, vers 17 h. Tout a changé et pourtant, demain, sera identique !
Un lycée ordinaire Thomas B. Reverdy décrit une journée dans un lycée mais pas n'importe lequel, situé dans la Seine-Saint-Denis. Ce département est toujours raconté ou filmé pour illustrer les différents plans de la politique de la ville. Il fait la une des chaînes d'Infos lors de l'embrasement de ses cités. Quoique, maintenant, il s'efface devant la troisième ville de France, devenue vitrine de l'intervention présidentielle !
Juste une journée où Thomas B. Reverdy relate, de minutes en minutes, l'ordinaire d'un établissement scolaire, pour faire ressentir ce qu'est la banlieue, le ghetto, le vase clos, le “bendo” comme disent les jeunes, à partir de ce qu'on appelle encore la communauté éducative et les jeunes qui la fréquentent. Cet univers d'où on ne peut sortir, uniquement en rêver !
Thomas B Reverdy décrit la vie des professeurs et c'est savoureux : le club Tupperware pour enseignants en surpoids, le professeur de mathématiques, amateur de séries américaines, qui a trouvé son autorité en copiant les flics de Netflix. du vécu de la salle des professeurs à la cafétéria jusqu'au traitement de la photocopieuse, tout est réaliste, même si le grand secours est une vraie fiction.
Au plus près des adolescents, Thomas B. Reverdy dépeint l'enfermement et les tiraillements du groupe et de la cité, les coeurs qui s'enflamment juste en silence, l'univers glauque que chacun traverse, les tensions et les codes. Et, quelques fois, l'étincelle jaillit. La poésie devient l'échappatoire à la violence, mais jusqu'à quand !
Une journée extraordinaire Cette journée, Thomas B. Reverdy la rapporte avec l'enchaînement des cours, l'intrusion, la rencontre avec le poète, l'explosion de la violence, la vie d'un carrefour encombré, l'affrontement avec une jeunesse blessée, le chagrin d'amour d'un adolescent, une cantine surpeuplée… Mais, au cours de ces heures, il y a la rencontre de deux solitaires.
Car, demain, Candice reprendra son vélo ! Plus question d'oublier Candice, Paul, Mo ou Sarah.
J’ai aimé l’originalité de ce livre (un mélange entre roman engagé et thriller psychologique) et en particulier le cadre d’un établissement scolaire de banlieue. J’ai rarement lu un livre avec des points de vue de personnel éducatif (prof, CPE, intervenants) qui cotoient ceux des élèves, ce que j’ai trouvé très complet. Ce n’est pas un grand roman mais ça se lit bien et le sujet est d’actualité.
Incroyable claque! Personnages complexes, vision du métier d’enseignant réaliste (il y a autant de façons de voir l’enseignement qu’il y a d’enseignants.) et de la vie dans les cités abandonnées par l’Etat. On suit les existences d’enseignants d’un collège lycée de Bondy, d’un écrivain venu faire des interventions d’écriture dans les classes, d’élèves venant des « blocs » voisins, sur moins de 24h. Les visions sont justes et variées, on a de l’empathie et de la compréhension pour tous, même les plus éloignés de notre façon de vivre et de nos valeurs. L’écriture est poétique et simple à la fois. Un bel hommage à l’écriture et à la lecture. J’ai adoré!
1 étoile pour les 3 dernières pages qui ont adouci mon énervement. un « livre engagé » qui dépeint une émeute ultraviolente (et complètement irréaliste) dans un lycée de Bondy, je pense qu’il faut se demander pourquoi ça a été écrit… bref ça m’a fort énervée
Encore une fois, T.B Reverdy nous enthousiasme avec son nouveau livre "Le Grand Secours". De son expérience comme enseignant dans un lycée de Seine-Saint-Denis, il tire un roman engagé et intelligent. Un incontournable de cette rentrée littéraire.
L'auteur nous immerge une journée, en temps réel, dans un lycée de Bondy, coincé entre l'autoroute A3, le canal de l'Ourcq, une usine et un campement Roms. Nous allons suivre Mo, un élève sensible ni bon ni mauvais, Candice, une jeune professeur de théâtre et Paul un écrivain venu animer un atelier d'écriture. Tôt le matin, une altercation violente a lieu entre un lycéen et un passant. Mo voit la scène et croit reconnaitre un policier comme l'auteur des coups. La rumeur va se propager au cours de la journée et la tension va monter petit à petit jusqu'à un point de non retour.
Des classes à l'infirmerie, des escaliers au bureau de la CPE, le romancier nous embarque dans l'établissement. Il raconte avec virtuosité le quotidien banal, tout sonne terriblement vrai : les discussions des professeurs à la machine à café, leur course folle vers les photocopieuses le temps de la récréation, le vacarme et le chaos de la cantine... Au plus près de ses personnages, l'auteur pose un regard tendre sur eux. Il décrit leur vie et sonde leurs aspirations et leur désespoir. A chaque page, la poésie et la beauté transparait.
Mais, "Un grand secours" est avant tout un état de lieu de l’école française qui suscite aujourd'hui aussi bien chez les élèves que chez les enseignants, le désenchantement. L'auteur dénonce avec force les quartiers populaires laissées à l'abandon, les profs mal payés et méprisés, les bâtiments délabrés, le manque de moyens et d'ambitions. Il livre aussi un beau et touchant hommage à l'énergie et au talent des élèves. Enfin, il rappelle l'abnégation et le dévouement des équipes pédagogiques qui se battent chaque jour dans l'espoir de rendre ce monde meilleur. Thomas B. Reverdy frappe fort !